Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La quête de l'arbre de vie

Xavier habite dans le petit village provençal de Malemort du Comtat. Pour ses 14 ans, il reçoit une nouvelle console, la GamePlayer2, ainsi qu'un jeu de rôle inédit. "The Quest of Niala". Après avoir brillamment réussi le premier stage, le jeune garçon se retrouve projeté dans le jeu, sur la planète Ecylop. L'empereur Yug lui demande de sauver l'arbre Niala, qui est l'arbre de vie de l'univers ecylopien et qui est en train de mourir parce que le traître Ynad, jeté dans les entrailles de la planète suite à sa trahison, a réussi à inoculer du poison dans les racines de l'arbre. Xavier, devra mener une course contre la montre, en compagnie d'Yram, une jeune fille de son âge, rencontrée au cours de sa quête, mais aussi de Torwald, le chevalier squelette dépressif, Yttiam, le mercenaire, et Akom, le facétieux fils du roi des Scilfs, pour tenter de sauver l'arbre avant que la planète ne soit anéantie.

La quête de l'arbre de vie

Chapitre 1

Alors Xavier, c’est bientôt ton anniversaire à ce qu’il paraît? Que penses-tu que tes parents vont t’offrir comme cadeau? Si c’est un nouveau CD pour ta console de jeu j’espère que tu m’inviteras à venir l’essayer vendredi prochain! S’exclama Bilal à la sortie du cours de Latin du collège Courtet de L'Isle.

Ce sera plus que probablement un nouveau CD de jeu video. Rétorqua l’intéressé. Je ne vois pas bien ce que mes parents pourraient m’offrir d’autre. Bien sûr que je t’inviterai! Mais je ne te cache pas que j’aurais préféré recevoir la GamePlayer 2, seulement je n’espère pas trop! Cette console de jeu est hors de prix. Dommage. Mais je me contenterai d’un nouveau CD de jeu.

Xavier était en effet ce qu’il était convenu d’appeler un accro des jeux vidéo. Pourtant il y a trois ans à peine lorsque ses parents lui avaient offert sa première console de jeux, le jeune garçon n’était au départ pas très emballé. Xavier était un enfant solitaire et rêveur. Il adorait dessiner et écrire des poèmes. Il se promenait aussi souvent, à pieds ou à cheval dans la garrigue environnant le mas de ses parents un peu à l'écart du pittoresque village provençal de Malemort du Comtat, dans le joli département du Vaucluse à une dizaine de kilomètres de Carpentras. Ou encore, s'il faisait mauvais, restait devant la télévision à regarder en boucle ses films préférés dont Terminator 2 et La machine à explorer le temps. Il n’avait à cette époque là pas le moindre ami, pas même le traditionnel ami

d’enfance que chaque enfant se doit d’avoir. Ce n’est que plus tard lorsqu’il entra au collège à onze ans que le jeune garçon lia amitié avec d’autres jeunes de son âge. Encore fallut-il que ce soient eux qui fissent le premier pas!

Au fil du temps, en découvrant des jeux d’aventures aux scénarios tous plus cauchemardesques les uns que les autres, des scènes de plus en plus gore, présentant force zombies, tyrans, cerbères et autres adorables créatures du même genre dans un univers de terreur et d’angoisse dégoulinant d’hémoglobine où les forces du mal régnaient en maître, le jeune garçon vit naître sa passion. Passion qui depuis lors le tenait rivé à sa console de jeux durant près de cinq heures par jour… Si bien qu’aujourd’hui, a près de quatorze ans Xavier était devenu un pro.

Les policiers zombies, les soldats manipulés génétiquement, les dinosaures clonés, les experts de la lutte antiterroriste, les savants fous menaçant de détruire l’humanité entière grâce à une méga

bombe ou un virus hyper destructeur n’avaient plus le moindre secret pour lui!

Au grand désespoir de ses parents en effet, l’adolescent était capable de terminer en moins de trois jours un jeu acheté relativement cher et qu’ils auraient espérer voir durer au minimum un mois! Mais depuis la sortie de la GamePlayer 2 en décembre dernier, les images de sa vieille console lui paraissaient bien ternes et fades. Le jeune garçon aurait été prêt à accepter n’importe quel compromis visant à lui permettre de recevoir cette super console, même celui d’être premier de la classe en maths, matière qu’il exécrait pourtant entre toutes! Malheureusement le prix de cette nouvelle console était beaucoup trop élevé. Cinq cent euro pour une simple console de jeu, même en admettant qu’elle possédait un lecteur de DVD intégré cela restait hors de prix. Trop cher pour un cadeau d’anniversaire. D’autant plus qu’il faudrait y rajouter au moins un CD de jeu ainsi qu’une

seconde manette pour jouer avec ses frères et soeurs, sans oublier l’indispensable carte mémoire pour sauvegarder ses parties.

Inutile de rêver. D’autant plus que si son père ne semblait pas tellement contre, sa mère en revanche était résolument opposée à la GamePlayer 2. Prétextant le fait qu’à l’heure actuelle Xavier ne vivait plus que par et pour sa console de jeux. Que serait-ce si on lui en offrait un engin encore plus puissant, avec des jeux encore plus captivants et des graphismes encore plus réalistes?

Sa mère souhaitait que Xavier se cultive. C’était même un incessant sujet de discorde entre eux.

-La GamePlayer abrutit les jeunes, principalement lorsqu’on en abuse. Je veux que mon fils soit capable de tenir d’autres styles de discussions que celles que tu tiens avec tes amis, à propos de tes jeux vidéo débiles. Du genre la meilleure manière de vaincre le boss final d’un jeu ou d’éviter les pièges cachés d’un tableau, ou encore comment réussir une mission en découvrant tous les secrets! Avait-elle coutume de répéter.

-Mais je suis parfaitement capable de discuter d’autre chose. J'ai de bonnes notes en classe, je lis les Clés de l’actualité pour me cultiver, je regarde la télé, et pas seulement les feuilletons débiles ou les Mangas ultra violents comme tu le prétends. Se défendait le jeune garçon.

Chacun restant sur ses positions, Xavier était à peu près sûr de ne jamais voir son rêve se concrétiser : la GamePlayer 2 resterait bel et bien du domaine du rêve.

Bah, tant pis. Un CD c’est déjà mieux que rien. Tenta de le consoler Bilal. C’est mieux que rien en effet. Répondit Xavier, l’air aussi peu convaincu que possible. Allez viens! Active un peu on va être en retard pour le cours de Français…

Chapitre deux

Ce que Xavier ignorait, c’était que ses parents quoique fort réticents pour lui offrir une GamePlayer 2 avaient néanmoins décidé de faire une surprise à leur fils en lui offrant le cadeau de ses rêves. Ils jugeaient en effet que Xavier avait mérité une récompense eu égard aux brillants résultats scolaires qu’il avait obtenu tout au long de cette année. La GamePlayer 2 attendait donc le grand jour emballée et cachée sous une pile de draps au fond de l’armoire à linge. L’engin avait été acheté la veille chez Auchan-Le Pontet, qui proposait une offre spéciale très alléchante. La console, deux manettes, une carte mémoire, un CD ainsi qu’un sac de transport, le tout vendu pour le prix habituel de la console seule. Une aubaine! Pourtant les parents de Xavier avaient du discuter avec le vendeur car le CD de jeu proposé leur semblait quelque peu enfantin pour un adolescent qui allait avoir

quatorze ans. Heureusement pour le jeune garçon, le vendeur, plein de bonne volonté avait déniché dans un coin de l’entrepôt de stockage de la grande surface une caisse remplie de CD de jeux pour diverses consoles destinés à être retournés à l’usine car ils étaient invendables en Europe. Bien souvent en effet, il s’agissait d’exemplaires uniques ou originaux en Japonais. De toutes manières chaque exemplaire était unique et les distributeurs européens ne seraient pas en mesure de satisfaire

d’autres demandes au cas où les CD auraient du succès…

Le vendeur sélectionna donc une panoplie de CD qu’il présenta aux parents de Xavier afin qu’ils choisissent celui qui serait le plus susceptible de plaire à leur fils. Leur choix s’arrêta sur un CD intitulé The Quest of Niala, un mélange de jeu de rôle et d’aventures et dont les photos à l’arrière du boîtier tendaient à prouver qu’il était également bourré d’action… Ce jeu, ils en étaient sûrs ne pourrait manquer de plaire à Xavier…

Chapitre trois.

Ce matin du 8 mai Xavier était heureux. Il était heureux d'être né le jour de la commémoration de la Libération. Xavier était doublement heureux, car, en plus d'être né un jour férié et d'avoir congé à chaque anniversaire, il n'aurait pas cours de math cette semaine. Les maths étaient la bête noire de Xavier, le cours haï entre tous:

-A quoi cela pourra t’il me servir plus tard lorsque je serai policier d’être capable de résoudre des équations ou de diviser un polynôme par un autre polynôme? Je ne mènerai jamais une enquête à bien en mettant les données du mystère à résoudre en équation. En admettant que le malfaiteur ait commis un hold-up à dix heures, que la police, appelée sur les lieux à dix heures dix arrive à dix heures vingt, pour apprendre que le truand s’est enfui à dix heures sept en direction de Carpentras, à quelle heure la patrouille l’interceptera t’elle, de combien d’années de prison écopera le braqueur et quel est l’âge du commissaire? Ridicule! Pour être un bon policier il faut avoir l’esprit vif, des capacités de raisonnement et surtout être un excellent sportif. Nul besoin des maths.

Les parents du jeune garçon ainsi que ses professeurs avaient beau lui expliquer que les maths, même si beaucoup de gens trouvaient cette matière rébarbative étaient néanmoins utiles à l’acquisition d’un certain raisonnement ainsi que d’une certaine logique, Xavier n’en démordait pas : les maths étaient une discipline totalement inutile, excepté si l’on souhaitait devenir prof de maths. Ce qui était pour le jeune garçon le comble de l’illogisme. En effet, les cours de maths n’étaient utiles qu’aux élèves souhaitant devenir profs de maths plus tard mais chacun était obligé de les suivre, cela uniquement pour que quelques uns puissent enquiquiner d’autres adolescents une fois devenus eux-mêmes des adultes.

Xavier était un jeune garçon qui savait ce qu’il voulait. Dès l’âge de trois ans il avait découvert sa vocation : il deviendrait policier et rien ni personne n’était jamais parvenu à le diriger dans une autre voie ni à le faire changer d’avis. Pas même son père qui lui avait pourtant expliqué qu’en exploitant sa passion pour l’informatique, il avait nettement plus de chances de parvenir à gagner un salaire bien supérieur à ce qu’il gagnerait dans la police. Peu importait à Xavier pour qui la seule chose qui comptait était de réaliser son rêve. Il suivrait des cours d’informatique en parallèle mais deviendrait quand même policier!

Chapitre quatre.

Vers 10 heures, Xavier attendait l’arrivée de ses amis avec une impatience grandissante à l'intersection entre la route et le chemin de terre menant au mas des cigales, la propriété de ses parents. Pour y arriver au joli mas avec ses volets bleu, il fallait suivre un chemin de terre qui serpentait entre des vignes d'un côté et la garrigue odorante de l'autre. Il faisait un temps magnifique. Le soleil était déjà haut dans le ciel. L’adolescent avait invité Flavio, dont la famille venait d'arriver au village et qui fréquentait également depuis un an, le collège Courtet de L'Isle, à Mazan le village voisin de Malemort du Comtat. Xavier et sa soeur Laetitia avaient immédiatement sympathisé avec lui. Bilal son copain de classe ainsi que Lucas son meilleur ami venaient également pour déjeuner ainsi que partager avec lui son gâteau d’anniversaire.

Lucas était le meilleur ami de Xavier. Les deux garçons s’étaient rencontrés et avaient lié connaissance au début de leur sixième année au collège. Dès le premier jour d’école et durant toute l’année, les deux adolescents ne s’étaient pas quittés d’une semelle. Les deux garçons étaient à la fois semblables et dissemblables. Au physique c’étaient deux garçons, l’un de treize ans et demi, Lucas, l’autre de quatorze, Xavier. Celui ci dépassait son ami d’une bonne tête mais tous deux étaient châtains aux yeux bruns et portaient des lunettes. C’était surtout au point de vue du caractère que les deux garçons divergeaient. Si Lucas était un garçon aimable, enjoué, sociable et surtout incroyablement bavard et somme toute fort sympathique, Xavier en revanche était plus calme, du moins extérieurement car intérieurement c’était un garçon fort nerveux, plus secret, moins bavard qui cultivait volontiers l’ironie et le cynisme. Il adorait caricaturer les gens, principalement ses professeurs qu’il se plaisait à surprendre en flagrant délit d’illogisme ou de contradiction en pointant sur leurs défauts. Ce qui n’était pas fait pour plaire à tout le monde et ne lui attirait généralement pas la sympathie des adultes qui comme chacun le sait, détestent se faire prendre en défaut surtout par des enfants à qui, ne sachant que répondre, ils enjoignent généralement de se taire, en affirmant que l’on ne faisait pas ce genre de réflexion aux adultes!

Bilal était un jeune garçon marocain avec qui Xavier avait sympathisé au collège. Il avait à peu de chose près le même âge que Xavier. C’était un jeune garçon très silencieux, à la limite même, un peu timide. Jamais il ne se serait permis d’accepter ne fut-ce qu’un verre d’eau lorsqu’il venait le mercredi après-midi jouer avec Xavier à la console de jeux.

Quant à Flavio, il n’avait que douze ans mais avait immédiatement sympathisé avec Xavier dans le cadre de leur passion commune pour les jeux vidéo.

Les trois garçons se retrouvèrent avec joie et avec d’autant plus d’impatience de la part de Xavier que son cadeau d’anniversaire trônait sur la table du living, emballé et ficelé dans un magnifique papier cadeau. Il avait été impossible au jeune garçon de parvenir à convaincre ses parents de lui offrir son cadeau à l’avance ou du moins de lui permettre d’ouvrir le paquet avant l’arrivée de ses amis, ni même de lui dévoiler en quoi consistait son cadeau. L’adolescent se perdait en conjectures

quant au contenu dudit paquet. Aussi fut ce plus par politesse que Xavier déballa en premier lieu les cadeaux que ses amis lui avaient apportés et les remercia chaleureusement avant de se ruer sur les ficelles du paquet qui l’attendait sur la table. Ses doigts tremblaient d’excitation et d’énervement.

-Prends donc une paire de ciseaux! Proposa sa sœur Lætitia que la curiosité avait fait sortir de la piscine où elle passait généralement les trois quarts de son temps. Mais Rodolphe le jeune frère de Xavier ainsi que Lucas s’employèrent à arracher le papier cadeau…

-Oh! Une GamePlayer 2! S’exclama Florent aussi ravi que surexcité en reconnaissant le carton d’emballage et le logo de la célèbre console vidéo.

Florent était le plus jeune des deux frères de Xavier. Il avait six ans et demi et venait juste avant Séverine la plus jeune fille qui était aussi le dernier enfant de la famille et qui elle, avait cinq ans

et demi. Florent tout comme Xavier, à qui il ressemblait comme deux gouttes d’eau, était également un passionné des jeux vidéo et des consoles de jeu.

-Génial! Exulta Rodolphe, le plus turbulent et aussi le plus maladroit des cinq enfants. Rodolphe avait sept ans et demi. C’était un habitué des plaies et des bosses. Régulièrement son institutrice ou sa monitrice en colonie de vacances devaient téléphoner à ses parents en urgence car avec son inconscience habituelle du danger, le petit garçon s’était fait une entaille, toujours à la tête et son état nécessitait des points de suture. Rodolphe totalisait déjà six cicatrices: trois au front, deux au cuir chevelu ainsi qu’une sur la lèvre inférieure, souvenir d’un cours de natation durant lequel le petit garçon avait plongé du cube numéroté… à côté de la piscine!

-J’étais sûre que ce serait une GamePlayer 2! Les parents faisaient beaucoup trop de mystère autour de ton cadeau! Personne n’a pu les accompagner pour aller l’acheter et ils ont refusé de nous dévoiler de quoi il s’agissait, même si nous promettions de ne rien dire à Xavier! S’écria Lætitia folle de joie.

Lætitia, la première sœur de Xavier était une vieille connaissance. Il y a peu, la petite fille défrayait la chronique dans sa classe ainsi que dans l'école primaire, au cours de ses aventures dans les Alpes françaises où elle rencontra le Yéti, ainsi qu’une étrange sorcière, prénommée Ursula durant son voyage en classes de neige.

-C’est un super cadeau Xavier! Tu as vraiment beaucoup de chance! Tu pourrais remercier tes parents et les embrasser au lieu de rester planté là comme un piquet au milieu du living! Reprocha Lucas. Mais Xavier restait sans voix. Il avait beau l’avoir espéré de toutes ses forces, la surprise et la joie étaient trop fortes pour que le jeune garçon fût capable de réagir. Enfin, Xavier tendit la main

vers sa console comme s’il craignait que tout cela ne soit qu’un rêve et qu’il allait se réveiller…

-Lucas, pince-moi! Je veux être sûr et certain que je ne vais pas me réveiller. La GamePlayer 2! Ce n’est pas vrai! C’est trop, je n’arrive pas à y croire! Aïe! espèce de brute! Tu pouvais pincer moins fort!

-Tu vois bien que tu ne rêves pas! Glissa malicieusement Lucas. Xavier sortit enfin de sa léthargie.

-Sensationnel! Merci maman! Merci Papa! Ça pour une surprise c’est une surprise! Je ne m’attendais vraiment pas à recevoir un tel cadeau! Mais comment est ce possible? Comment avez-vous eu l’idée de l’acheter? Je croyais que maman était résolument anti GamePlayer 2?

-La console était en promotion! C’était une occasion unique à ne pas manquer! Lui expliqua sa mère avec un clin d’oeil.

-Oui bien sur, elle était en promotion et toi tu as pour habitude de sauter sur toutes les promotions qui se présentent mais tout de même! Rétorqua le jeune garçon. Je ne m’attendais vraiment pas à cela!

-Et puis il y a un lecteur DVD intégré comme cela on fait d’une pierre deux coups! Renchérit son père qui pour sa part rêvait depuis longtemps de posséder un tel appareil.

-Fabuleux! S’extasia Xavier. Ce sera vraiment le plus bel anniversaire de ma vie! Je n’ai jamais été aussi heureux!

-Et si tu la branchais! Proposa Flavio pratique.

-Ce ne serait pas une mauvaise idée! Approuva Lucas. J’ai hâte d’essayer cette petite merveille! Regarde Xavier, tu as même un CD de jeu complet avec, ce n’est pas une démo comme je l’avais tout d’abord cru!

-La console, les deux manettes, une carte mémoire, le sac de transport et le CD! Formidable! Que pouvais-je rêver de plus! Montre moi ce CD que je voie à quoi il ressemble! The Quest of Niala! Ça m’a tout l’air d’être un jeu d’aventures. Je vais brancher l’appareil et on va l’essayer tout de suite. Promit Xavier.

-Est ce que je pourrai l’essayer moi aussi? Implora Florent.

-Et moi alors? S’interposa Lætitia. Vous me laissez une fois de plus à l’écart parce que je suis une fille, mais moi aussi j’adore les jeux d’aventures!

-Personne n’a jamais dit que tu n’aurais pas le droit de l’essayer. Laisses moi au moins la brancher et ne commences pas à faire des caprices… Ordonna son frère.

Pendant que son père s’affairait à allumer le barbecue sur lequel il ferait cuire toutes sortes de viandes et que sa mère préparait la salade de tomates et les pommes de terre en chemise, Xavier

débrancha son ancienne console, afin de la remplacer par la nouvelle. Le branchement ne prit que peu de temps et se fit sous les yeux attentifs des sept enfants présents. Même Séverine regardait sagement, assise dans le fauteuil avec son pouce en bouche… L’écran de présentation apparut. Xavier inséra son CD, appuya sur reset et tous purent admirer la magnifique scène d’introduction du jeu.

Au fond de l’écran tout noir apparut une planète rougeâtre qui grossit de plus en plus jusqu’à envahir l’écran tout entier. Ensuite le zoom se dirigea droit sur le centre de la planète qui semblait la seule partie habitée. Une immense ville se dessina, cernée de part et d’autre, d’un côté par la mer, de l’autre par un désert. Au beau milieu du désert un arbre se mit à pousser, de plus en plus rapidement et de plus en plus haut. Un immense et magnifique arbre orner d’énormes feuilles dentelées, aussi vertes et aussi fraîches que si elles avaient poussé sur un climat humide et non dans le désert. Ensuite on put voir apparaître un personnage chauve possédant un troisième oeil au milieu de son front, vêtu d’une armure noire et rouge. Le personnage ricanait et grimaçait. Soudain un éclair s’abattit du ciel sur l’arbre et celui ci se racrapota et se dessécha de plus en plus, jusqu’à finir

par mourir. Alors le personnage leva son bras au ciel en signe de victoire et on put voir un énorme champignon nucléaire s’élever à la place de la ville désormais détruite…

Les héros du jeu apparurent enfin sur l’écran mais l’heure n’était plus au jeu, le repas était servi…

-Oh zut! S’exclama Xavier déçu. Juste au moment où nous allions entamer une partie!

-Justement, il vaut mieux déjeuner avant plutôt que de s’interrompre en cours de partie! Allons venez vous installer à table avant que la viande et les patates ne refroidissent! Conseilla Lucas toujours à l’écoute de son estomac perpétuellement affamé.

Les sept enfants déjeunèrent de bon appétit. Il faisait un temps magnifique en ce début de mois de mai. Il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel provençal. On se serait déjà cru en plein été. Les enfants adoraient déjeuner sur la terrasse fleurie, autour de la grande table en bois située à l'ombre d'un platane. Les grillades accompagnées de salade et de tomates ainsi que des concombres étaient leur plat préféré à tous, en particulier de Lucas qui comme à son habitude engloutit la valeur d'un poulet entier à lui tout seul sans que cela ne l’empêche de déguster son dessert avec le même appétit!

Chapitre cinq.

Le déjeuner terminé, les parents de Xavier avaient prévu une belle balade à cheval dans la garrigue avec Rodolphe, Florent et Séverine. En rentrant vers dix sept heures, ils rapporteraient le

gâteau d’anniversaire qu’ils avaient commandé chez le pâtissier. Cela laisserait aux cinq grands trois bonnes heures de tranquillité pour enfin essayer le nouveau jeu de Xavier.

Bien calés dans leur fauteuil Xavier, Laetitia, Bilal, Flavio et Lucas écoutaient l’introduction de The Quest of Niala illustrée par un splendide dessin animé :

« Cent ans ont passé depuis la prise de pouvoir par Yug, devenu le maître de la planète Ecylop. Une planète peuplée principalement en son milieu par des habitants pacifiques ayant bâti une grande ville entourée à l’Est par des marais, à l’Ouest par le désert de sable bleu, au Nord par une chaîne de

montagnes, ainsi qu’au Sud par une immense mer dorée. L’oxygène de la planète Ecylop était uniquement fourni par l’arbre Niala, source de vie de l’univers ecylopien, situé au beau milieu du désert mais dont les racines s’étendaient à travers le sous sol de toute la planète jusqu’aux lointaines cavernes de glace.

Yug, sacré empereur avait rendu bonheur et prospérité à son peuple en chassant l’envahisseur de la planète Sazlem qui occupait Ecylop depuis déjà plusieurs centaines d’années. Depuis, les habitants d’Ecylop, paisibles et pacifiques dans l’âme connaissaient le bonheur et la joie de vivre. Quant à Yug, il s’était entouré pour gouverner Ecylop, des sept chefs de guerre qui avaient contribué à la libération de la planète et avaient eu l’insigne honneur de prendre la tête des troupes d’Ecylop lors des guerres interstellaires qui avaient fait rage quelques temps plus tard. Aujourd’hui leur rôle était de veiller à la sécurité d’Ecylop en neutralisant les forces de Sazlem qui, régulièrement tentaient une incursion se soldant à chaque fois par un échec.

Ynad avait été l’un de ces chefs de guerre… Un jour il tenta un coup d’état avec une troupe d’insurgés dévoués à sa cause.

Ta mission joueur, si tu l’acceptes, est de vaincre Ynad et son armée ainsi que déjouer ses pièges en contrôlant le « Libérateur » et en assistant Ymmij et Yrrieht les deux chefs des « F.L.I.C.S. », les « Forces de Libération Inter Cosmiques et Stellaires… »

Xavier accepta la mission et encoda son nom. Le jeu pouvait commencer… Spécialiste des jeux vidéo, Xavier termina la première mission en moins de vingt minutes. Vaincre le nécromancien Eykoub avait été pour l’adolescent un véritable jeu d’enfant. Satisfait de sa prestation le jeune garçon, magnanime, permit à sa sœur ainsi qu’à ses trois amis d’essayer à leur tour son nouveau jeu. Bien entendu aucun d’entre eux ne parvint à vaincre les armées du terrible Eykoub. Néanmoins, les cinq enfants s’amusèrent follement durant toute l’après midi.

Chapitre six.

Le lendemain dimanche, Xavier tellement passionné par son jeu qu’il voulait à tout prix continuer se leva à sept heures. Ce jeu est vraiment le jeu idéal. Songea-t'il. Tous les ingrédients y sont réunis : aventure, stratégie, jeu de rôle, énigmes, bagarres en temps réel. Il est surprenant qu’il n’en existe qu’un seul exemplaire car il aurait vraiment un immense succès s’il était commercialisé.

Xavier reprit le cours de son jeu là où il l’avait laissé la veille, c’est à dire à l’endroit où il avait vaincu Eykoub le nécromancien et enterré le traître Ynad sous les décombres de la vieille mine

abandonnée qu’il avait fait s’effondrer pour bloquer le passage intersidéral creusé par les Sazlems et par où Ynad espérait s’enfuir avant de revenir à la charge, aidé par l’armée des Sazlems afin d’envahir à nouveau la planète Ecylop, éliminer Yug, se faire couronner empereur en lieu et place de ce dernier par le Prince des Sazlems comme prix de sa trahison, plongeant ainsi à nouveau Ecylop dans un univers de guerres, de violences et de mort…

Xavier avait fait échouer les plans d’Ynad en tuant le nécromancien et le capitaine des forces Sazlems ainsi qu’en faisant exploser la mine, bouchant à tout jamais le passage permettant aux Sazlems de venir envahir la planète Ecylop. Ynad gisait maintenant sous des tonnes de rochers et de gravats et le Libérateur partit en ville afin de rendre compte de la réussite de sa mission à l’Empereur Yug.

En chemin le Libérateur rencontra quelques habitants d’Ecylop qui le félicitèrent pour son brillant succès dans sa lutte contre les forces du mal et le remercièrent du fond du coeur d’avoir empêché une nouvelle invasion Sazlem.

-Merci O Libérateur, tu as sauvé notre planète en refermant le tunnel intersidéral! S’exclama le Maire de la ville.

-Oh oui! Renchérit le patron de la taverne. Tu es vraiment le libérateur tel que Mina la sorcière nous l’avait prédit!

-Bravo Libérateur, sans ton savoir faire Ecylop se retrouvait à nouveau envahie! Yug sera fier de toi! Il te récompensera royalement et même impérialement! Sans toi même Ymmij et Yrrieht auraient du déclarer forfait…

Ainsi parlaient tour à tour Rani l’épicière, vendeuse également des diverses potions de vie que Xavier pourrait acheter dès qu’il aurait reçu sa récompense de la part de l’empereur Yug. Nils le

forgeron chez qui Xavier pourrait se fournir en armes ainsi que Wydak, l’ancien combattant, trop âgé désormais pour prendre part aux combats et dont la désillusion le poussait hélas, à se réfugier un peu trop souvent dans l’alcool.

Mina la sorcière s’approcha à son tour de Xavier. Je suis fière de toi Libérateur, tu es bien celui que les esprits m’avaient promis d’envoyer pour sauver la planète Ecylop. Ymmij et Yrrieht nous avaient déjà sauvés à plusieurs reprises mais aussi dévoués soient ils, ce ne sont jamais que des brutes sans cervelle, incapables de déjouer les pièges d’Ynad et des Sazlems! Toi tu es intelligent et rusé, j’ai pu le constater en t’observant lorsque tu combattais Ynad et sa poignée de conspirateurs! Mais attention Xavier, ta mission est loin d’être terminée et le traître n’est pas encore vaincu quoi que tu en penses!

-Maintenant Xavier, dépêche-toi! Continua le Maire. Ymmij et Yrrieht t’attendent pour t’emmener au palais de l’Empereur Yug…

Le personnage contrôlé par Xavier suivit Yrrieht le Scilf. Ce dernier était une énorme créature velue, mi-homme, mi-gorille.

Dans l’introduction on présentait Yrrieht comme l’un des derniers descendants de la tribu des Scilf, une race en voie d’extinction, vivant au plus profond de la forêt de Wahya, dans une sorte de campement au pied de la montagne. La plupart des Scilf avait été exterminés par les Sazlems. Les Scilf étaient très dangereux bien que leur intelligence soit fort limitée car ils étaient doués d’une force extraordinaire. De plus une fidélité indéfectible les liait au maître qu’ils se choisissaient et envers lequel ils se dévouaient sans compter. Aux côtés de Yrrieht, marchait Ymmij, le chef suprême des Forces de Libération Inter Cosmiques et Stellaires, (les F.L.I.C.S). Nettement plus évolué que son chien de garde, Ymmij était lui issu de la tribu des zombies qui hantaient les Marais Bouillonnants situés de l’autre côté du désert. Créatures particulièrement féroces et agressives, les zombies dévoraient impitoyablement les malheureux promeneurs qui avaient la malencontreuse idée de s’aventurer aux confins du marais. Cependant Ymmij différait de ses congénères de par le fait qu’au contact de Yug il était parvenu à faire disparaître en lui au fil du temps toute trace de sauvagerie, et s’il dévorait toujours volontiers ses congénères, du moins se limitait il désormais à ses ennemis…

C’était au moment des grands exodes suivant l’invasion d’Ecylop par les Sazlems que la plupart des tribus intérieures avaient été décimées. Les Zombies, Scilf et autres Mokwyes survivants avaient du trouver refuge dans les montagnes ainsi que dans le désert où ils avaient reconstruit des villages. Certains comme Ymmij et Yrrieht au contraire avaient trouvé le chemin de la ville, où ils avaient pu se réfugier et recommencer une nouvelle vie. D’autres étaient retournés dans leurs tribus ou villages une fois la menace passée, tentant de reconstruire ce qui avait été détruit. Yrrieht avait rencontré Ymmij sur la route menant à Mustek, la capitale d’Ecylop. Il lui avait sauvé la vie en mettant en fuite une horde de Mokwyes voraces qui s’apprêtaient à le dévorer n’ayant rien à se mettre sous la dent depuis plusieurs semaines et prêts à manger n’importe quoi fût ce la viande faisandée d’un zombie. Ymmij et Yrrieht avaient continué le chemin ensemble car les routes étaient peu sûres à cette époque. Leur amitié était née à ce moment là et ne s’était jamais démentie, comme il est fréquent avec les amitiés nées du danger et des épreuves vécus en commun. Les deux compères avaient fait la connaissance de Yug au moment où celui ci n’était qu’un obscur petit sans grade des Forces de Libération Inter Cosmiques et Stellaires, farouchement opposées à l’envahisseur Salzem et investissant toute son énergie et toute son intelligence au service de la liberté d’Ecylop. Yug avait formé un groupe de résistance au sein des F.L.I.C.S et tout naturellement Ymmij et Yrrieht s’étaient joints à lui. Au fil du temps, les membres du groupe s’étaient fait plus nombreux et Yug était parvenu à prendre le pouvoir, à chasser les Sazlems de la planète Ecylop, ensuite il avait été couronné Empereur à la satisfaction générale du peuple qui l’adorait unanimement.

Par la suite Yug avait voulu nommer Ymmij également à la tête d’une armée tout comme Ynad et six autres chefs de guerre. Mais Ymmij avait refusé. Être le chef suprême des F.L.I.C.S lui suffisait amplement. En effet, il estimait être plus au service de son Empereur, en exécutant quotidiennement des missions relatives à la sécurité de la planète, voire des missions d’infiltrations chez l’ennemi plutôt qu’en exécutant des missions uniquement guerrières. Cela correspondait mieux à son tempérament et lui laissait également plus de liberté. De plus il travaillait avec Yrrieht comme unique équipier, bien qu’il ait la possibilité de demander des renforts à n’importe quel moment.

Les trois personnages arrivèrent en vue du Palais Impérial…

Chapitre sept.

Yug était fou de rage d’avoir été trahi par Ynad son premier chef de guerre qui était également son meilleur ami, du moins il le pensait encore il y a peu. Comment Ynad avait-il pu trahir ainsi une amitié vieille de plus de deux cent ans? Yug ne décolérait pas. Après toutes les situations, toutes les difficultés que les deux amis avaient rencontrées et vécues ensemble. Après toutes les épreuves qu’ils avaient subies. Après tant d’acharnement à faire triompher la justice et la paix! Une telle

attitude était incompréhensible. Et pourtant tellement réelle, il fallait se rendre à l’évidence, mais cela faisait mal. La trahison d’un ami fait quelquefois plus souffrir que celle d’une femme car l’amitié, la vraie est profonde, solide et tellement bien enracinée que l’arracher de son coeur peut blesser et même tuer… Hier encore Yug riait, plaisantait et buvait avec Ynad. Aujourd’hui il ne restait plus rien de cette complicité vieille de plusieurs siècles… Plus rien que des dizaines de tonnes de blocs de rochers sous lesquels gisait le corps disloqué d’Ynad… Es-t-il mort? Se demandait Yug, puis haussant les épaules. Après tout quelle importance? Mais Yug ne pouvait détacher son esprit de celui qui hier encore était son meilleur ami. Depuis quand trahissait-il? Était-ce récent ou bien travaillait-il pour Salzem depuis que lui, Yug avait prit le pouvoir ou même avant? Non, ce n’était pas possible! Si tel avait été le cas Ynad aurait immédiatement dénoncé le complot fomenté par Yug contre l’envahisseur Sazlem et voilà déjà cent ans qu’Ynad aurait obtenu le trône qu’il convoitait aujourd’hui. La trahison d’Ynad devait donc être plus récente… Peut-être de l’époque où les guerres interstellaires ravageaient la planète?

Yug secoua la tête comme pour évacuer toutes les idées noires qui le poursuivaient jour et nuit. L’Empereur arrêta sa promenade devant le groupe formé par Ymmij, Yrrieht, ainsi que

le Libérateur…

-Je te remercie pour l’aide précieuse que tu nous a apporté ainsi que pour avoir sauvé la planète Ecylop d’une seconde invasion Salzem qui aurait été inéluctable si tu n’avais pas détruit le passage Zavieh. Voici ta récompense… Annonça Yug qui levant le bras au ciel fit apparaître un sac de cuir rempli d’or. L’Empereur remit la bourse bien remplie au Libérateur ensuite s’adressa à Ymmij :

-Ymmij, tu vas te faire accompagner par Yrrieht et votre Brigade Céleste. Vous allez retirer Ynad des décombres et ensuite jeter sa dépouille au plus profond des cavernes de glace qui s’étirent à l’Est du désert, et ce qu’il soit mort ou non…

-A tes ordres Yug. Il en sera fait comme tu le désires. Promit Ymmij, ému malgré lui car il n’ignorait pas ce qu’une telle décision pouvait coûter à l’Empereur…

Chapitre huit.

Assis dans son fauteuil, Xavier profitait de la scène finale de la première mission dans laquelle on pouvait voir Ymmij et Yrrieht jeter Ynad encore en vie au fond des cavernes de glace, pour

grignoter quelques chips au sel et boire un coup de Coca. Le jeune garçon était passionné par son jeu et avait hâte d’en connaître la suite.

Après le chargement, Yug apparut sur l’écran, le félicitant d’avoir si brillamment accompli sa première mission et lui demandant s’il acceptait la seconde, qu’il allait de ce pas lui confier.

Xavier appuya sur la croix…

Chapitre neuf.

Un éclair éblouissant envahit le living et aveugla complètement Xavier. Le jeune garçon se frotta les yeux, se demandant ce qui s’était passé. Mais lorsqu’il les rouvrit tout d’abord, il n’aperçut rien d’autre qu’un brouillard qui se dissolvait lentement. Peu à peu ses yeux s’accoutumèrent et il put constater qu’il ne se trouvait plus dans son living mais en face de l’empereur Yug lui-même.

Xavier n’en croyait pas ses yeux, était-il en train de devenir fou ou bien avait il trop joué à la GamePlayer 2, au point de finir par devenir victime d’hallucinations?

-Bonjour Zavieh! Sois le bienvenu en mon Palais!

Ça y est, voilà que Yug lui parlait à présent! Mais pourquoi diable l’appelait il Zavieh? On nageait vraiment en plein délire. L’adolescent se pinça afin de s’assurer qu’il ne rêvait pas…

-Tu sembles surpris de te retrouver en face de moi Zavieh! Relève-toi voyons. Assieds-toi plutôt sur un de ces coussins par ici, ils sont plus confortables que le sol! Proposa l’Empereur en désignant un coussin à son invité. Et viens te restaurer, j’en profiterai pour t’expliquer ce que j’attends de toi! Allons viens, approche, n’aies pas peur… Insista Yug en tendant la main à Xavier pour qu’il se relève.

-Ce n’est pas possible! S’exclama Xavier en se mettant debout. Ce n’est pas possible!

-Qu’est-ce qui n’est pas possible mon garçon? Interrogea Yug en dirigeant son invité vers un amas de coussins parsemant presque la totalité de l’énorme salle du trône que Xavier avait pu admirer dans l’introduction du jeu. Ces coussins étaient disposés de part et d’autre d’une petite table basse sur laquelle trônaient des plats d’argent, contenant des volailles rôties à souhait, des pâtés en croûte, des saucissons, du riz en sauce, des pâtisseries ainsi que des fruits.

-Moi ici, en face de vous! C’est cela qui n’est pas possible! S’écria Xavier. C’est un rêve! Je suis en train de rêver! Je me suis endormi devant ma télé…

-Tu ne rêves absolument pas mon cher Zavieh, ou devrais-je plutôt t’appeler Libérateur? Je t’ai appelé parce que j’avais besoin de toi, et tu es venu voilà tout! Allons prends place et mange tout ce que tu souhaites, il faut que tu reprennes des forces avant la difficile mission qui t’attends!

-La mission! Mais quelle mission? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de dingues? Qu’est-ce

que c’est que ce délire? Explosa l’adolescent.

-Allons Zavieh, calme toi voyons! Tu te rappelles tout de même que je t’ai félicité pour avoir aussi brillamment accompli ta mission? Tu te rappelles également que je t’ai demandé si tu acceptais la prochaine mission que je te confierais? Tu m’as même répondu par l’affirmative! Expliqua patiemment Yug.

-Mais enfin, mais c’est une histoire débile! J’étais en train de jouer à un jeu vidéo! Je n’étais pas dans la réalité! C’est le personnage du jeu qui m’a demandé si j’acceptais la prochaine mission! Et je l’ai acceptée parce que je voulais continuer à jouer et non pas pour me plonger dans un jeu vidéo! Explosa Xavier. Et puis zut! Qu’est-ce que je suis en train de discuter avec vous dans ce rêve de dingue, alors que vous n’êtes même pas réel! Je veux me réveiller! Je veux rentrer chez moi!

Le visage de Yug se rembrunit. Je suis désolé Zavieh, mais même si je le souhaitais tu ne pourrais pas rentrer chez toi! Et d’ailleurs, je ne le souhaite pas, tu es notre Libérateur! Tu es le seul qui puisse sauver la planète Ecylop! La sorcière Mina a lu dans les entrailles de poisson qu’un jeune garçon prénommé Zavieh serait le sauveur de notre planète…

-Dans les entrailles de poisson! Non mais je rêve ou quoi? Mais je me fiche de votre sorcière et de votre poisson pourri moi, je veux rentrer chez moi un point c’est tout! De plus, je ne m’appelle pas Zavieh, mais Xavier… Votre poisson délire fameusement!

-Calme-toi Zavieh! La colère est mauvaise conseillère! Laisse-moi au moins une chance de t’expliquer ce que j’attends de toi! Insista Yug, Allons calme toi, assieds-toi, et mange un morceau, après tu verras les choses sous un autre jour…

-Sous un autre jour! Vous en avez de bonnes vous! Mais Xavier finit par se laisser convaincre et accepta de prendre place sur les coussins. Le jeune garçon saisit une cuisse de poulet dans laquelle il mordit, s’étonnant de lui trouver la saveur épicée qu’il affectionnait et non le goût de carton pâte auquel il s’attendait étant donné qu’il se trouvait au coeur d’un jeu vidéo.

L’appétit venant en mangeant, l’adolescent se rendit compte qu’en réalité il mourait de faim n’ayant rien prit depuis son petit déjeuner. Il goûta avec plaisir aux différents mets, ainsi qu’aux

desserts qui lui étaient proposés. Le tout était succulent et arrosé par des jus de fruits inconnus mais colorés, délicieux et tellement rafraîchissants!

-Bon, maintenant que tu as les idées plus claires nous allons pouvoir discuter de ce qui t’amène ici! Annonça Yug. Du moins si tu acceptes de m’écouter…

-Allez-y! Fit Xavier résigné, s’attendant au pire.

-Voici mon problème: tu te trouves en effet dans un jeu vidéo qui n’a jamais été commercialisé ni même été gravé en plusieurs exemplaires. Celui que tu possèdes est unique au monde parce que le concepteur du jeu est décédé avant que son logiciel ait pu être commercialisé. Le problème est qu’il ait emporté dans sa tombe le secret permettant de terminer le jeu! Aucun testeur, que ce soit au Japon, aux États-Unis ou en Europe n’est jamais parvenu au bout de ce jeu. Celui-ci a finalement été jugé injouable et mis au rebut. Mais, si pour les gens comme toi, nous ne sommes que les personnages d’un jeu vidéo, pour nous en revanche, nous sommes bien réels et la planète Ecylop est

perdue si tu refuses de nous aider…

-Qu’est-ce que c’est encore que ce délire?

-Écoute-moi jusqu’au bout veux-tu! Toi seul peux sauver Ecylop parce que tu es un joueur hors pair. Tu as su vaincre Ynad et tu as déjoué tous ses pièges. Aucun testeur n’était encore parvenu à faire cela. Personne! Il faut impérativement que tu acceptes de nous aider et d’assister Ymmij et Yrrieht dans l’épreuve qui nous attend. Parce que ce n’est pas fini. La neutralisation d’Ynad n’a pas suffi à sauver la planète…

-Mais pourquoi a t’il fallu que vous m’attiriez dans le jeu pour que je vous aide? Pourquoi est-ce

que je ne peux pas continuer à jouer comme avant puisque cela fonctionnait si bien et que vous

me trouviez si bon? Interrogea Xavier.

-Ce serait totalement impossible! Rétorqua Yug. Totalement impossible pour qui ne détient pas le secret et les codes imaginés par le concepteur du jeu. En jouant normalement tu n’aurais pas accès à tous les endroits, à tous les personnages, ni à toutes les armes puisque tu ne possèdes pas les codes. Donc au lieu de nous sauver tu nous condamnerais irrémédiablement. Tandis qu’ici, dans le jeu même, si tu fais preuve du même esprit déductif qu’en jouant au dehors, tu y parviendras. Du moins, tu es le seul à avoir toutes les chances d’y parvenir. Seulement voilà, j’ai effectivement pris la liberté de te faire venir ici sans te demander ton avis et pour être sincère tu ne pourras plus jamais

revenir en arrière ni retourner chez toi tant que tu n’auras pas réussi à sauver définitivement Ecylop, c’est à dire à vaincre Ynad et également à neutraliser à jamais l’envahisseur Sazlem!

-Mais c’est impossible! C’est ignoble ce que vous me racontez là! Mais vous êtes vraiment le roi des salauds! En m’amenant ici vous m’avez pour ainsi dire condamné, car il y a très peu de chances pour que je réussisse! Pour ne pas dire aucune. Si personne n’y est arrivé avant moi je ne vois pas pourquoi moi je réussirais? D’accord, je suis un peu plus doué que les autres en jeu vidéo, mais cela ne veut pas dire que je serai capable d’égaler le concepteur! Et même en admettant que j’y parvienne, cela peut durer des années ! Récemment ma mère a joué un jeu de

rôle et elle a mis un peu plus d’un an pour le terminer! Mes parents s’apercevront forcément de ma disparition. Et ce n’est pas tout! La télévision est restée allumée et la console est branchée, mais lorsque mes parents se lèveront que se passera t’il s’ils éteignaient le jeu pendant mon absence?

-Ne te préoccupes donc pas de ce genre de détails. Le temps n’a pas la même valeur sur Ecylop que dans ton monde à toi. Ici le temps est compressé. Nous sommes dans un monde parallèle. Si tout se passe bien, tes parents n’auront même pas le temps de constater ta disparition. Elle aura duré moins d’une de vos minutes terrestres… A moins bien sûr que tu ne refuses de nous aider ou que tu échoues dans ta mission… Auquel cas, tu resterais bloqué sur Ecylop pour l’éternité…

Xavier sentit la sueur perler à son front tandis qu’une boule se formait dans sa gorge. Rester bloqué sur Ecylop pour l’éternité! Terminer sa vie dans les entrailles d’un jeu vidéo! Quelle horrible perspective! Le jeune garçon parvint quand même à articuler à l’adresse de Yug. C’est une menace? Vous voulez que je vous aide, mais vous ne trouvez rien de mieux à faire que de passer votre temps à me menacer!

-Mais je ne te menace pas le moins du monde mon cher Zavieh. Rétorqua Yug. Il faut que tu comprennes que tu es le seul à pouvoir nous aider, alors ne nous abandonne pas…

-De toutes manières, vous ne me laissez guère le choix!

-Voilà qui est parlé Zavieh! Je vais te faire apporter ton équipement et tes armes…

Chapitre dix

Une nouvelle fois l’Empereur Yug leva les bras au ciel, un nouvel éclair jaillit, et… en moins de temps qu’il ne fallut pour l’écrire, Xavier se retrouva vêtu d’une armure de cuir extra-souple, d’une paire de bottes ultra légères faites dans la même matière, et coiffé d’un casque métallique. Le jeune garçon eut à peine le temps de réaliser ce qui lui arrivait, que, comme par magie une petite épée lui tombe dans la main…

-C’est ton équipement de base. Lui expliqua l’Empereur Yug. Tout au long de ta quête tu pourras acheter, trouver ou gagner de quoi l’améliorer ou remplacer les pièces trop usées ou celles devenues inappropriées, car tu devras battre des ennemis de plus en plus performants avant d’arriver au combat final…

-Xavier examina son équipement et s’étonna de le trouver aussi léger. C’est étrange, on dirait que je n’ai rien sur moi. Fît remarquer le jeune garçon étonné.

-C’est normal, lui expliqua patiemment Yug, je t’ai déjà dit que nous étions dans un monde parallèle et si le temps n’a pas la même valeur ici que sur Terre, le poids non plus n’a pas la même

valeur…

-Ah bon, si c’est vous qui le dites. Rétorqua le jeune garçon.

Chapitre 11

Un bruit assourdissant provenant du dehors attira tout le monde à la fenêtre, les marchands et les soldats s’étaient tous rassemblés devant le pont-levis où vraisemblablement il se passait quelque chose. Dans le même temps un garde accourut pour expliquer à Yug ce qui se passait: Waldek venait d’arriver, mais il s’était effondré sur le pont, grièvement blessé et à peine conscient. Il réclamait l’Empereur mais il était tellement mal en point que l’on craignait de le tuer en le bougeant. Néanmoins, il avait parait il des choses urgentes et importantes à dire à l’Empereur. Yug devint tout pâle en expliquant à Xavier que Waldek était en réalité un de ses plus vieux amis chargé de garder le poste avancé de Minka, juste avant le désert, un point stratégique dans la défense de la planète.

Yug prit son manteau et fit signe à Ymmij et Yrrieht de le suivre, ainsi qu’à Xavier qui se demandait visiblement ce qu’il devait faire. Sur le pont le vieux Waldek se vidait de son sang, pratiquement coupé en deux. Yug prit sa main dans la sienne, les larmes aux yeux.

-Je vais mourir Yug. Je ne pensais pas te revoir dans de telles conditions, d’autant plus que tu me devais encore un pot à la taverne. Tu te rappelles lorsqu’on était jeunes tous les deux? Son rire se termina en une tragique quinte de toux et un peu de sang perla à la commissure de ses lèvres. Il devint encore plus pâle et rejeta sa tête en arrière. Les derniers mots jaillirent, à peine audibles. Je suis le seul survivant. Ils ont débarqués Yug! Ils sont là! Les envahisseurs sont à Styka…

Les yeux du vieil homme s’exorbitèrent, son visage se convulsa et une dernière grimace de douleur se figea sur son visage, il était mort.

Yug semblait avoir vieilli de dix ans en l’espace de quelques instants. Waldek, l’un de ses plus vieux amis. Maudit sois-tu Ynad! Jamais je ne te pardonnerai et tu me paieras de façon éclatante toutes les horreurs que tu as commises!

Yrrieht, Ymmij et Xavier suivirent l’empereur jusqu’au château après que ce dernier eût donné des ordres pour que le corps de son vieil ami soit déposé à la crypte dans laquelle reposaient tous les héros passés d’Ecylop.

Chapitre 12

Yug expliqua à Xavier que Styka était le village près duquel se trouvait la mine dans laquelle Ynad avait été enterré sous les éboulis. Mine au fond de laquelle se trouvait également le passage interstellaire qui avait été rebouché et par lequel d’après les informations que venait de lui donner Ynad, venait pourtant de pénétrer l’envahisseur Sazlem que l’on pensait vaincu…

Ymmij compléta les explications de l’Empereur en faisant remarquer à Xavier que derrière le village se situait l’arsenal de la planète et que ce dernier avait été cambriolé la veille par des conjurés, probablement les partisans d’Ynad, qui étaient maintenant puissamment armés alors qu’eux n’avaient à offrir à Xavier qu’une petite épée et cette piètre armure. Néanmoins, rajouta Yrrieht, au cours de ta quête, tu trouveras de nombreuses autres armes et armures, auprès des chamans, enchanteurs et autres forgerons.

Mina la sorcière intervint. Le danger encouru par la planète est immense. En effet les envahisseurs Sazlems ne vont certainement pas manquer de rejoindre les partisans d’Ynad, ayant probablement leur campement dans la région…

Yug confia à Xavier sa première mission.

-Il faut absolument que tu ailles à la recherche d’Yttiam. C’est l’un de mes sept chefs de guerre. Il est parti en mission avec une troupe de mercenaires dans la ville de Thorg, dans les montagnes violettes au-delà du désert bleu et des marais bouillonnants. Il faut que tu me le ramènes, car il est impensable d’essayer seulement d’attaquer les Sazlems sans son aide… Yttiam est l’un des plus fins stratèges qui soient.

Chapitre 13

Xavier commença sa quête fort étonnante dans la forêt de Wahya, au-delà des portes de la ville de Mustek. A peine eût-t-il pénétré dans la forêt que le jeune garçon se rendit compte qu’il devait impérativement tuer pour ne pas être tué, et aussi reprendre fréquemment de la potion de vie, généreusement distribuée par la sorcière Mina... Ses ennemis étaient les Kurks, de féroces créatures à trois bras et aux longues oreilles, aidés par de non moins féroces chiens mutants à la gueule dégoulinante de bave.

Wydak, le vieux soldat lui avait donné une carte de la région mais Xavier n’avait jamais été très doué en ce qui concernait les jeux de piste… Et d’abord, comment savoir s’il allait vers le Nord ou vers le Sud?

-Tu suis toujours le chemin. Lui avait expliqué Wydak.

D’accord, mais depuis combien de temps Wydak n’avait il pas mis les pieds dans la forêt? Parce que le chemin en question n’était plus guère qu’un sentier de chèvres, envahi par les ronces et la végétation et qui souvent se perdait sous celle-ci, pour réapparaître miraculeusement quelques centaines de mètres plus loin, longeant des précipices tellement abrupts que même lui qui n’avait jamais été sujet au vertige et même sachant qu’il se trouvait dans un jeu vidéo, en était impressionné. Le chemin semblait interminable à Xavier, il faisait chaud, le soleil lui brûlait le visage. Il ne manquerait plus que cela que j’attrape un coup de soleil et que je retourne tout rouge dans le monde réel…

Plus souvent qu’à son tour le jeune garçon se faisait attaquer par les affreux Kurks et leurs féroces limiers qui ne cessaient de le traquer. Il n’en pouvait plus et était à deux doigts de demander

grâce, mais que se passerait-il s’il refusait de continuer à se battre ou s’il était vaincu? Se pouvait-il

que l’on meure réellement dans un jeu vidéo?

Passé le moment de découragement, le jeune garçon se disait que l’expérience n’était peut-être

pas vraiment utile à tenter…

Heureusement, après avoir combattu de nombreux ennemis il avait fini par entendre la petite musique caractéristique annonçant qu’il avait augmenté de niveau et qu’il disposait maintenant de

plus de capacités: vie, endurance, force, dextérité…

Le soleil était tout à fait couché et une nuit noire, sans la moindre étoile régnait sur Ecylop lorsque enfin Xavier aperçut au loin des lueurs dans la nuit annonçant une, voir plusieurs

habitations. Amis ou ennemis?

Après un dernier combat avec une légion de Kurks déchaînés, Xavier se retrouva enfin devant une immense palissade en bois, percée d’une porte devant laquelle se trouvaient deux archers.

Le village de Facom, enfin…

Chapitre 14

-Qui va là? Demanda l’un des deux archers de garde.

-Je m’appelle Xavier, je suis envoyé par l’Empereur Yug pour lui ramener le chef de guerre Yttiam qui doit normalement se trouver dans la ville de Thorg. J’ai besoin de reprendre des forces et de faire le point avant de repartir demain matin. Y-a-t'il une auberge dans votre village?

-Tu es Zavieh ? Le libérateur? Entre vite nous allons te mener chez le maire, nous t’attendions… Lança le second garde euphorique.

-Vous m’attendiez? Mais comment pouviez-vous être au courant de ma venue, vous êtes si éloignés de la capitale…

-Le chaman Yorik a prévu ton arrivée en déchiffrant le vol des oiseaux dans le ciel…

-Bien sûr, oui! Suis-je bête, comment n’y avais je pas songé plus tôt? Ironisa le jeune garçon.

Insensible à la raillerie que vraisemblablement il ne comprit pas, le second archer conduisit Xavier à travers un dédale de ruelles tortueuses pour aboutir enfin sur une charmante place éclairée sur laquelle se dressait une sorte de manoir flanqué de deux tourelles dont le garde lui apprit que c’était là la maison du maire, monsieur Warp. Le maire l’accueillit chaleureusement et lui offrit de se restaurer tandis qu’il faisait prévenir le chaman Yorik de son arrivée.

Pendant que Xavier se restaurait, le maire lui expliqua que le village de Facom avait été complètement dévasté, pillé et brûlé par les Scilf, les zombies et autres créatures s’étant alliées pour

trouver de la nourriture dans ce petit port du bord de mer. Chacun sait en effet qu’à Facom régulièrement approvisionné par les navires marchands en provenance de la capitale, la nourriture

est toujours abondante même en temps de guerre ou d’invasion.

-Je n’avais pas remarqué que le village était dévasté…

-Tu le verras demain lorsqu’il fera jour. C’est triste à voir, la plupart de nos maisons ont été rasées ou brûlées, peu tiennent encore debout et absolument toutes ont été pillées, à commencer

bien sûr par la réserve.

Le chaman Yorik arriva et expliqua à Xavier que le village ne disposait pas d’une armée car il était composé uniquement de paysans, de pêcheurs, de chasseurs et de commerçants, et n’était donc en mesure de se défendre contre les ennemis. Les archers de garde aux portes du village n’étaient que de simples villageois et non des soldats aguerris, dont la plupart était même incapable se servir de l’arme qui leur avait été donnée. Il nous faudrait avoir recours à la magie et invoquer les Dieux pour tenir nos ennemis à distance et recréer le bouclier protecteur, une sorte de champ de force autour du village et de ses alentours directs comme la forêt, la plage et la lande et faire de ce village une place neutre comme c’était le cas avant le chaos. Continua le chaman. Mais pour cela il me faudrait le parchemin de Barek, il se trouve dans le sous sol du manoir de Lythia, sans lui je ne

peux rien faire…

-Et allez donc! Songea Xavier, et qui c’est qui s’y colle pour aller chercher ce maudit parchemin dans ce manoir perdu? C’est Xavier comme par hasard…

-Zavieh, tu es le seul à qui nous pouvons confier cette mission, le seul à en avoir les capacités! Accepterais-tu d’aller chercher ce parchemin et de nous le rapporter afin que Yorik puisse invoquer les Dieux et rétablir le bouclier de protection autour du village? Implora le maire.

-Qu’est ce que je disais? Bien sûr avec plaisir! S’entendit répondre le jeune garçon, pas ravi du tout par cette perspective!

-Je n’en attendais pas moins de toi Libérateur! Tu te montres à la hauteur de ta réputation. Je suis certain que tu réussiras et que tu sauveras le village… Mais c’est évident puisque c’est écrit dans le scénario du jeu! Se garda bien de répondre Xavier. Le jeune garçon n’avait pas forte envie d’aller se fourrer dans un nouveau guêpier consistant à arpenter les couloirs secrets d’un vieux manoir abandonné probablement truffé de pièges et de monstres et contenant certainement le premier Boss du jeu. Il avait surtout envie de poursuivre sa mission et de retrouver le mercenaire afin de le ramener le plus vite possible à la capitale, contenter l’empereur et rentrer vite chez lui… Mais à ce moment précis son regard croisa une paire de grands yeux verts… Des yeux verts appartenant à la plus jolie créature que Xavier n'eut jamais rencontré. Des yeux verts qui dardaient sur lui un regard

chargé de mépris et le mettaient au défi d’accepter la mission qui lui était assignée…

-Pourquoi demandez-vous cela à un étranger que nous ne connaissons même pas? Reprocha la ravissante créature au maire et au chaman. Qui vous assure qu’il soit capable de mener cette mission à bien? Et surtout, qui vous permet d’affirmer que je ne pourrais pas moi la réussir…

-Cela suffit Yram, nous en avons déjà parlé, c’est hors de question! Rétorqua monsieur Warp catégorique.

-Parce que je suis une fille et que vous êtes une bande d’horribles machos! Vous êtes vous-mêmes

incapables de vous sauver parce qu’il n’y a pas dans tout le village un seul homme qui soit assez courageux pour affronter ce qui se cache dans la manoir de Lythia, alors vous préférez vous persuader que je serais incapable de sauver notre village! Mais vous oubliez une chose tous autant que vous êtes! C’est que je suis une guerrière accomplie! Je suis la fille de Wybrak ne l’oubliez pas…

-C’est justement parce que tu es la fille de Wybrak que je ne te permettrai jamais de prendre de tels risques. Avant de mourir ton père t’a confié à moi, son meilleur ami, presque son frère. Il m’a

fait confiance en sachant que je ferais une femme accomplie de sa fille, l’être qu’il aimait plus que tout au monde et jamais je ne trahirai la confiance de mon meilleur ami. Répondit Warp d’un ton sans réplique.

-Alors vous préférez tous confier le salut de notre village au premier inconnu de passage… Tu fais un piètre maire Warp!

-Ce n’est pas un inconnu c’est le Libérateur d’Ecylop, et ce sont les Dieux qui nous l’envoient. Répliqua Yorik.

-Ce sont les Dieux qui nous l’envoient! Là encore c’est toi qui l’affirme Yorik! J’ai comme dans l’idée que ton Libérateur préférerait franchement se trouver n’importe où sauf ici!

-En voilà enfin une qui a vu clair. Songea Xavier, sans toutefois aller jusqu’à confirmer les dires de la jeune rebelle qui l’avaient tout de même piqué au vif. Elle allait voir ce qu’elle allait voir cette greluche au caractère de cochon… Il allait lui montrer de quoi il était capable. Dieu qu’elle était jolie. Mais n’osant pas lui adresser la parole, il se contenta d’accepter la proposition que lui faisait le maire, à savoir un bon lit douillet dans une chambre du second étage, afin de prendre un peu de repos, car il avait beau se trouver dans un jeu vidéo, il n’en n’était pas moins recru de fatigue.

Le lendemain matin après une bonne nuit de sommeil, Xavier se rendit au magasin tenu par Ysia afin d’acheter une nouvelle épée un peu plus robuste que la précédente, du moins l’espérait-il, un

casque, une armure plus résistante ainsi que diverses potions de vie, de magie et autres avec tout l’or gagné au cours de ses combats contre les Kurks. Puis il se dirigea vers la porte du village et entama sa deuxième quête…

Chapitre 15

Xavier se dirigea vers la plage où il fût presque immédiatement assiégé par une armée de Rayks, abominables créatures issues d’une fusion entre les Xourrilfs, espèces de crabes tentaculaires géants et les Flurods, sortes d’énormes vers gluants et visqueux ayant élu domicile dans les dunes jouxtant Facom. A peine eut-il repoussé les Rayks que les Flurods s’en prirent à lui car il avait oublié les recommandation du maire de ne s’aventurer dans les dunes à aucun prix. Xavier cru bel et bien sa dernière heure venue mais purent repousser leur assaut. Heureusement il put échapper aux terribles Xourrilfs en courant de toute la vitesse de ses jambes car les crabes géants n’étaient pas rapides tant leur pesante carapace les retenait, sans compter le fait que comme tous les crabes, ils marchaient de travers… Ensuite il pénétra dans la lande où des Zyocks, moutons vampires à cinq pattes, cruels et affamés l’agressèrent de toutes parts. Enfin le manoir de Lythia se profila sinistrement dans la lande embrumée et Xavier put bénéficier d’un moment de répit dans la cour pendant lequel il s’octroya une fiole de potion de vie. Après avoir soufflé le jeune garçon pénétra dans le manoir de Lythia dont il se mit à arpenter les couloirs, les caves et les greniers tout en affrontant les terribles Foks, énormes serpents ailés à deux pattes, et même quelques Mokwyes voraces avant d’enfin dénicher le fameux grimoire contenant le parchemin de Barek dont avait besoin le chaman pour créer le dôme électromagnétique autour du village. Mais il ne suffisait pas de trouver le grimoire pour parvenir à s’en emparer, Xavier s’en rendit compte assez rapidement. Il avait à peine avancé sa main que le grimoire s’envolait à tire d’aile à travers la pièce en ricanant…

-Ah non! Pas çà! Le chaman ne m’avait pas prévenu que je devais me munir d’un filet à papillon pour te cueillir maudit bouquin!

Xavier tenta à nouveau l’approche mais une fois de plus le livre s’échappa au moment précis où le jeune garçon tentait un placage digne des meilleurs rugbymans et qui se termina dans la

poussière de la grande salle de torture. On ne va pas y passer la journée, j’ai autre chose à faire moi. Grogna le jeune garçon. Rien à faire, pas moyen de récupérer ce maudit bouquin empoussiéré. Quelle galère! Il fallait pourtant bien faire quelque chose mais quoi? Xavier n’eût pas le temps de

se poser deux fois la question: le grimoire s’était posé sur un socle de marbre, hors de portée de notre héros et comme s’il n’avait attendu que ce signal, un monstre noir et velu apparut tout à coup comme sorti de nulle part et se mit à bombarder le jeune garçon de boules de feu. Que faire pour se sortir de là? Des boules de feu cela se neutralisait probablement avec de la magie glace. Mais était-il

déjà assez expérimenté en magie glace pour parvenir à détruire ce monstre? Xavier n’en n’était pas tellement sûr à y regarder de plus près… Il fit une première invocation qui se réduisit à un flop ridicule… Une malheureuse petite boule de neige vint se déposer sur le nez du monstre, ce qui eut le don de l’énerver encore plus. Il fallait trouver autre chose et vite, sans quoi… Mais quelle

solution adopter? Peut-être essayer de combiner de la magie glace à une part de magie eau? Essayons, je n’ai tout de même rien à perdre. Songea le jeune garçon en joignant le geste à la pensée et en faisant une seconde invocation qui cette fois atteint sa cible. Soufflé le monstre, qui ne s’attendait vraiment pas à cela! C’était la bonne solution, mais pas question de baisser la garde si peu que ce soit parce que le monstre avait mal encaissé cette attaque. Ce dernier avait en effet vite repris le dessus et le bombardement de boules de feu recommençait… Il fallait réagir plus rapidement mais c’était plus facile à dire qu’à faire… Encore un essai manqué, puis un autre, et enfin Xavier parvint à toucher le monstre une fois, puis deux et trois! Ça y était enfin, il chancelait, ses boules de feu devenaient moins puissantes et moins rapides… Un dernier coup et c’en serait fini

définitivement. Oui!!! Enfin, Xavier avait battu le monstre qui se dissolvait lentement tandis que le jeune garçon put enfin saisir le grimoire à pleines mains et le ranger dans son sac à dos, que par

précaution il ferma soigneusement…

De retour au village, il fût salué et remercié par les sympathiques habitants et se rendit au temple chez Yorik à qui il offrit le grimoire. Le chaman le remercia sincèrement et se mit en devoir d’invoquer les Dieux. Les formules fonctionnèrent, le village fût instantanément entouré par un dôme invisible sur lequel se heurtèrent les ennemis. Le village était sauvé, les habitants pouvaient enfin reconstruire ce qui avait été détruit et pratiquer à nouveau leurs activités habituelles sans la moindre crainte. Facom était redevenu un endroit neutre et sûr, un lieu d’asile comme par le passé.

Les habitants remercièrent Xavier du fond du cœur, ce qui n’eût pas l’air de plaire à la jolie Yram, convaincue qu’elle aurait pu se débrouiller sinon mieux, du moins aussi bien que le Libérateur.

Yram avait environ l’âge de Xavier. Visiblement le jeune garçon lui plaisait autant qu’elle ne lui plaisait à lui, même si elle se refusait à l’avouer. La jeune fille s’approcha de lui pour la première fois depuis l’arrivée de Xavier à Facom. Elle lui demanda discrètement si elle pouvait l’accompagner et l’aider dans sa quête car elle aussi voulait jouer un rôle dans la libération d’Ecylop au lieu de moisir dans ce village de pêcheurs et de commerçants incapables de prendre les armes pour la liberté et la lutte contre l’envahisseur.

Xavier n’en avait pas tellement envie, mais il savait bien que dans les jeux vidéo il était très mal vu de refuser les alliances. Il accepta donc que jeune fille se joigne à lui. Cette dernière lui expliqua qu’elle ne pouvait partir ouvertement avec lui car le maire la surveillait étroitement. Il devait s’en aller seul comme c’était prévu, mais elle lui donna rendez vous le lendemain à minuit devant le chêne sacré de Rââb.

Le lendemain matin après une bonne nuit de repos, Xavier se remit en route, muni des provisions et de potions diverses que lui avaient offerts les villageois en guise de remerciement, ainsi que des nouvelles armes qu’il était parvenu à s’acheter avec les Ecyl d’or gagnés durant le combat contre Lythia, le monstre du manoir. Il se rendit à la croisée des chemins, et s’installa sur le banc posé contre le chêne sacré de Rââb en attendant l’arrivée d’Yram prévue à minuit.

La jeune fille arriva, ponctuelle, et sans se dire un seul mot les deux adolescents se mirent en route vers de nouvelles aventures.

Chapitre 16

Xavier et Yram se mirent en route pour Thorg la ville des montagnes violettes. Après avoir fait provision de nouvelles armes et potions chez le vieux Farkell, aux portes du désert de sable bleu, les deux adolescents se mirent en devoir de traverser les marais bouillonnants infestés de zombies, puis le désert.

Yram se révéla effectivement être une guerrière accomplie, bien plus que Xavier qui lui ne faisait que se défendre corps et âme, simplement parce qu’il craignait par-dessus tout de rester indéfiniment bloqué dans ce jeu, dans ce monde hostile qu’il s’était mis à haïr de toutes ses forces… Grâce à sa nouvelle compagne, mais cela Xavier se garda bien de l’avouer, les deux jeunes gens vinrent à bout de l’armée de zombies disséminée dans les marais, ainsi que des phérotèles, sortes de scorpions à pince unique, lançant pour attaquer, une sorte de toile d’araignée dont il était pratiquement impossible de se débarrasser.

En sortant du désert ils rencontrèrent un fermier conduisant une charrue avec des bœufs. Le vieil homme leur expliqua que le mage Rawaëll du haut de sa forteresse au sommet de la montagne avait précipité d’énormes blocs de rochers pour empêcher l’armée du prévôt de la ville de prendre son château d’assaut et qu’il était désormais impossible de monter à la forteresse. Des blocs de pierre avaient également détruit le pont qui enjambait le ravin des brumes et la ville de Thorg se trouvait

désormais coupée du monde.

Xavier et Yram se regardèrent bien ennuyés. Comment allons-nous faire pour rejoindre Yttiam dans ces conditions? Se demanda Yram. Xavier haussa les épaules, ce n’était pas son problème après tout! On n’avait qu’à rentrer à Mustek et expliquer à l’Empereur Yug que la ville de Thorg était devenue inaccessible afin qu’il revienne avec une armée, des béliers et des explosifs…

Yram le regarda sidérée! Je savais bien que tu n’avais pas l’étoffe d’un véritable héros mais de là à trahir la confiance que l’Empereur a placée en toi, jamais je ne aurais imaginé une telle félonie! Tu me déçois profondément Zavieh…

-Oh tout de suite les grandes phrases! Et puis, je ne m’appelle pas Zavieh mais Xavier et j’en ai assez de vos stupidités et de ce jeu à la noix! Je ne joue plus! Ras le bol des zombies, des crabes géants, des scorpions araignées et je ne sais quoi! Ça commence à bien faire! Que l’on envoie une bombe atomique sur le ramassis de monstres qui peuplent cette planète et que l’on n’en parle plus! Explosa le jeune garçon à bout de nerfs.

-Mais va-t’en! Qui te demande de continuer? Je serais ravie de prendre ta place tu sais! Je ne demande même que cela, afin de prouver à l’Empereur que la fille de Wybrak est aussi valeureuse et bonne guerrière que son père! C’est mon rêve le plus cher que de devenir la première femme chef de guerre de l’histoire de la planète Ecylop!

-Je ne demanderais que cela de m’en aller et de rentrer chez moi! Mais malheureusement je ne peux pas alors fiche moi la paix!

-Et pourquoi ne peux-tu pas? Qui donc t’empêche de rentrer chez toi, te terrer au fond de ton trou pendant que d’autres se battent pour défendre leur patrie et leur liberté? Lança Yram moqueuse.

-Ma conscience! Rétorqua Xavier qui n’avait aucune envie d’expliquer la réalité des choses à Yram, pas plus que la raison pour laquelle il ne se sentait nullement concerné par les problèmes de la planète Ecylop! Simplement parce qu’il s’agissait d’un jeu et que les personnages étaient des personnages de jeu vidéo et non des personnages réels! Mais il ne pouvait raconter cela à Yram, qui d’ailleurs ne le croirait probablement pas!

-Ta conscience! Parce que tu as une conscience toi? Persifla la jeune fille.

-J’ai une conscience moi comme tu dis, l’Empereur m’a confié une mission, j’irai jusqu’au bout point final!

-Dis plutôt que tu n’as nulle envie qu’une fille rafle tous les honneurs à ta place…

Xavier haussa les épaules et se dispensa de répondre, si Yram était jolie et le faisait vibrer, elle était aussi la reine des casse-pieds…

Le vieil homme leur expliqua également qu’il existait bien un ancien chemin pour rejoindre Thorg, mais un chemin qui n’est plus guère emprunté car il passait par le cimetière et par les cryptes aboutissant dans les catacombes. Et il se passait actuellement des choses étranges dans le cimetière… Xavier ne put s’empêcher de sourire en pensant que dans tous les bons jeux de rôles qui se respectent, le héros doit se rendre à la ville voisine ou dans le monde voisin en passant par des galeries, des catacombes ou des cryptes souterraines, véritables labyrinthes dans lequel il se perd immanquablement!

Néanmoins il fallait bien respecter les règles du jeu et nos deux amis se mirent en chemin…

Chapitre 17.

Arrivés au cimetière après un long périple à travers champs et forêts, parsemés d’embûches diverses, Xavier et Yram furent immédiatement confrontés à des légions de zombies, squelettes, revenants, esprits frappeurs, vampires, chauve souris, etc. Les deux jeunes gens firent la connaissance d’un chevalier squelette juché sur un destrier squelette également dont seule la crinière et la queue d’un blanc pur semblait vivante. Celui-ci leur dit s’appeler Torwald et leur expliqua que jadis il était un seigneur des environs féal du Roi Ausgebert III. Il s’était également conduit comme un héros durant la Première guerre qui dévasta le continent, il y avait de cela plusieurs centaines d’années, bien avant l’invasion Sazlem. Au temps où la planète Ecylop était encore formée de deux continents différents. Continents qui ne s’étaient rassemblés que lors du choc planétaire s’étant produit quelques centaines d’années plus tard après le chaos planétaire du à l’invasion Sazlem.

-J’ai tué des hordes de barbares mais, alors que je pensais avoir accompli ma mission, le mage Rawaëll m’a jeté un sort. Voyant à quel point je me battais férocement pour protéger la personne royale il a lancé un violent éclair, m’aveuglant totalement. J’ai alors eu le regard détourné ailleurs et le mage en a profité pour projeter le Roi Ausgebert dans un autre espace-temps. Malheureusement pour Rawaëll mais heureusement pour Ecylop, l’effort fourni par le mage avait été si intense que ses pouvoirs en avaient été anéantis… Mais Temporus le Maître du Temps, furieux contre moi de ce qu’il appelait ma défection m’a puni en me condamnant à hanter le cimetière jusqu’à ce que je parvienne à délivrer le Roi. Maintenant depuis le chaos engendré par la réouverture du passage intersidéral et le déclin progressif de l’arbre Niala pour on ne sait quelle raison, le mage Rawaëll a récupéré son pouvoir ainsi que toute sa puissance. Ce qui rend encore pire le calvaire que je vis dans ce cimetière car je n’y suis plus seul, mais confronté aux fantômes des guerriers que j’ai tués jadis et qui aujourd’hui me persécutent jour et nuit sans le moindre répit. Jamais je ne pourrai libérer le Roi de son monde parallèle sans ton aide Libérateur, aussi je te propose un marché: tu m’aides à retrouver la clé du Temps dérobée par le mage Rawaëll et à libérer le Roi Ausgebert tandis que moi, je t’aide dans ta quête car je souhaite aussi plus que tout délivrer la planète de l’envahisseur Sazlem et sauver l’arbre Niala…

-C’est quoi cette histoire d’arbre Niala dont nous parle chaque personne rencontrée? Interrogea Xavier.

-L’arbre Niala est en train de mourir! Il est en train de mourir et l’atmosphère d’Ecylop est condamnée à plus ou moins brève échéance parce qu’à certains endroits la planète est déjà privée d’oxygène, tandis qu’à d’autres, la végétation ou les animaux subissent des mutations et se transforment en monstres... Il faut absolument faire quelque chose pour le sauver… Expliqua Yram avec une nuance de dédain envers une question aussi stupide dont chacun sur Ecylop était sensé connaître la réponse.

Ce furent donc à trois qu’ils poursuivirent leur quête dans le cimetière. Pour aider le chevalier il fallait trouver la clé du Temps emportée par le mage Rawaëll depuis toutes ses années, depuis la Première guerre... Dieu seul savait ce qu’il en était advenu! Xavier, Yram et le chevalier Torwald devaient pénétrer dans la crypte pour entrer dans les catacombes mais cette dernière était férocement gardée par deux énormes loups rouges ainsi qu’un cerbère à trois têtes. Il fallait d’abord s’en débarrasser. Ce ne fut pas chose aisée, mais aidés efficacement par le chevalier ils y parvinrent finalement relativement facilement. Le chevalier en quelques savants moulinets de son épée en or coupa les trois têtes du cerbère, tandis qu’Yram décochait quelques flèches au premier loup et que Xavier tuait le second à coup d’invocation de magie foudre.

Chapitre 18

Après avoir tué le cerbère et les deux loups, les trois amis pénétrèrent dans la crypte, firent le plein d’or et s’engagèrent dans les catacombes. Le chevalier Torwald pensait se rappeler du chemin menant à la ville de Thorg, mais au bout de plusieurs centaines d’années il semblerait qu’il l’ait un peu oublié. Xavier se mit une nouvelle fois en colère, il en avait assez que choses et gens se liguent sans arrêt contre eux, chaque fois que le but leur semblait proche!

-A quoi cela sert-il que tu nous accompagnes si tu n’es même pas capable de nous montrer le chemin? Tu vas nous faire tourner en bourrique encore longtemps dans ce labyrinthe? Hurla Xavier hors de lui.

Contre toute attente le chevalier Torwald se mit à pleurer à chaudes larmes en affirmant qu’il n’était qu’un bon à rien, un incapable… Yram intervint en prenant la défense du chevalier.

-Espèce de monstre sans cœur! Il fait tout son possible pour nous aider et toi tu le traites comme tu ne traiterais pas ton chien! Tu n’as pas honte? Comme s’il faisait exprès de nous faire traîner dans ce labyrinthe! Laisses le un peu se concentrer et essayer de se rappeler et n’oublie pas que cela fait plusieurs centaines d’années qu’il n’est plus passé par ici! Il y a franchement de quoi perdre ses repères…

-Ça y est! S’écria soudain Torwald en interrompant la dispute par un cri joyeux. Ça y est, je reconnais cet embranchement et ce mausolée en forme de tête de mort! La sortie est tout près, nous n’en sommes plus qu’à quelques pas… Sentez l’air frais qui s’engouffre dans la galerie! C’est le vent de la plaine…

Effectivement les trois amis finirent par trouver la sortie de la crypte et arrivèrent en plein milieu d’un repère de Sazlem.

-Incroyable! Mais que Diable faisaient ils par ici? Était-ce uniquement un poste avancé ou bien s’agissait il déjà d’une invasion en règle? Quoi qu’il en soit il fallait impérativement abattre ces ennemis avant de pouvoir se diriger vers la ville de Thorg.

-Oui. En espérant que ce détachement ne cache pas une horde de Sazlem prêts à nous tomber dessus. Objecta Xavier.

-Oh toi! L’oiseau de mauvais augure ne recommence pas et allons-y. Lança Yram, toujours prête au combat.

Les trois amis s’engagèrent bravement dans une bataille à corps perdu avec l’envahisseur Sazlem, bataille qu’ils gagnèrent haut la main, en décimant le petit poste avancé en moins de temps qu’il ne fallut pour l’écrire.

Chapitre 19

Enfin Xavier, Yram et le chevalier Torwald juché sur son destrier squelette arrivèrent à bout de forces dans la ville de Thorg où ils retrouvèrent Yttiam le mercenaire qui se montra fort surpris par la présence de Sazlems dans les environs. Le chef de guerre leur expliqua qu’il ne pouvait pas rentrer plus tôt à Mustek chez l’Empereur car sa mission dans cette ville n’était pas encore terminée. La ville en effet était sous l’effet d’un puissant sortilège, certains habitants étaient tellement profondément endormis qu’il était devenu impossible de les réveiller, quant aux autres leur âme avait été kidnappé par Rawaëll. Yttiam demanda aux trois amis s’ils accepteraient de l’aider dans sa lutte contre le mage Rawaëll afin de récupérer l’âme des villageois et de réveiller ceux qui dormaient. Les trois amis acceptèrent d’autant plus qu’ils devaient impérativement lui reprendre la clé du Temps afin de délivrer le Roi Ausgebert de son monde parallèle et de permettre ainsi au chevalier Torwald de rejoindre enfin ses ancêtres. Affronter le mage ne serait pas de tout repos car il était vraiment très fort. Au point d’avoir ensorcelé toute cette partie de la planète en transformant tous les animaux en monstres en faisant sortir les morts de terre, car il avait également pris soin, après la guerre qui dévasta les continents, d’emprisonner l’âme de tous les défunts. Il avait également réussi à voler l’âme des vivants et avait même été jusqu’à transformer à certains endroits,

la végétation en plantes carnivores. Mais contrairement aux monstres nés du chaos affrontés depuis le début de cette histoire, les monstres ensorcelés par Rawaëll eux, se régénéraient sans cesse.

Sans avoir d’abord neutralisé le mage, les quatre amis ne pourraient strictement rien faire pour sauver les villageois.

Chapitre 20

Les trois amis se mirent en route à la tombée du soir, au moment où la plupart des monstres avaient regagné leur tanière pour la nuit. Ce qui ne voulait pas dire qu’ils n’en rencontrèrent aucun hélas. Mais les monstres n’étaient pas les seuls obstacles que les sortilèges de Rawaëll avaient placés sur le chemin de nos quatre héros. Ainsi que l’avait expliqué Yttiam, même les plantes avaient été ensorcelées. Les arbres s’avançaient sur le chemin pour leur barrer le passage avec leurs branches devenues lianes qui les attrapaient au lasso ou les ficelaient comme des paquets, qu’ils devaient ensuite s’acharner à défaire. Ce qui n’était pas chose aisée car les lianes était caoutchouteux et extrêmement difficiles à couper même avec des armes bien affûtées. Certaines fleurs se mettaient à tourner sur elles mêmes, de plus en plus vite, ensuite s’arrêtaient d’un seul coup, projetant autour d’elles une infinité d’épines infligeant de cruelles blessures à qui ne s’était pas abrité auparavant. Quant aux blocs de rochers qui parsemaient le chemin, il fallait passer à bonne distance de ceux-ci si l’on ne voulait pas se faire dévorer par la gueule gigantesque qu’ils ouvraient lorsque quelqu’un ou quelque chose passait à côté d’eux…

Ainsi nos héros avaient pu voir un Zombie se faire proprement dévorer par l’une de ces pierres voraces. Au prix d’efforts surhumains Xavier, Yram, le chevalier Torwald et le mercenaire Yttiam parvinrent à escalader le chemin abrupt qui menait à la forteresse de Rawaëll, étrangement calme et silencieuse contrairement à ce à quoi nos amis s’attendaient.

Le plus silencieusement possible ils pénétrèrent dans la cour du château, s’attendant à chaque instant à une attaque en règle de la part des gardes de la forteresse mais à leur grand étonnement,

ils ne rencontrèrent personne.

Yttiam poussa doucement le battant de la lourde porte cochère donnant sur la grande salle de garde du château. La porte gémit sinistrement et le bruit fit sursauter tout le monde.

-Chut! Silence! Intima Yram à ses compagnons. Nous allons nous faire repérer et une armée de démons risque de nous tomber dessus… Mais aucune créature n’apparût, ce qui eut le don de surprendre les quatre amis. Que Diable se passait-il? Que cachait le silence de ce château? Un monstre pire encore que tous ceux qu’avaient du affronter nos héros? Ou encore Rawaëll en personne… Torwald et Yttiam se mirent à arpenter les longs couloirs obscurs du château, descendirent dans les oubliettes où ils ne trouvèrent rien, si ce n’étaient quelques rats en maraude,

pour remonter ensuite dans les quatre tours et finalement dans le haut donjon, sans trouver âme qui vive… Il fallût bien se rendre à l’évidence, le château de Rawaëll était désert. Le mage était parti!

Au sommet du donjon Yttiam tira Xavier par la manche de sa tunique, le jeune garçon se retourna et regarda dans la direction que lui indiquait son ami. Stupéfait, il aperçut en équilibre sur une sorte de poutrelle en acier, un énorme bloc de rocher prêt semblait-il à dévaler la pente abrupte au moindre souffle de vent… Pente qui menait tout droit sur la ville de Thorg que le rocher réduirait en néant en écrasant impitoyablement habitations et habitants s’il venait à tomber… Recrus d’horreur, les quatre amis contemplèrent l’énorme masse de pierre. C’était un piège mortel auquel les villageois ne pourraient pas échapper bien longtemps. Il fallait à tout prix empêcher cela avant toute autre chose. Mais comment faire? Xavier et ses amis tournèrent précautionneusement autour du bloc de pierre afin de dénicher un éventuel indice.

-Là! Regardez! Annonça Torwald. Il y a un mécanisme permettant à la poutrelle de pivoter vers la gauche et vers la droite. Il doit donc y avoir moyen de diriger ce rocher d’un autre côté afin qu’il ne s’écrase pas sur le village!

-Oui, cela m’a l’air exact. Renchérit Yram. Regardez mieux là, à gauche de la poutrelle! Il y a une sorte de levier qui surmonte un axe métallique courant le long de la muraille du donjon…

-Mais il est impossible d’accéder à ce levier, il est bien trop loin. Objecta Xavier.

-Bien sur qu’il est trop loin, mais à mon avis pour parvenir à dévier la chute de la pierre il faut suivre cet axe de pierre et voir où il aboutit, afin de l’actionner par en bas… Répondit Yttiam. Redescendons vite alors, parce qu’il me semble que le moindre coup de vent pourrait déséquilibrer cette roche et la précipiter sur le village. Ordonna Yram en s’élançant dans les escaliers du donjon au pas de course, rapidement suivie par ses amis.

Arrivés au pied de la haute tour Xavier, Yram, Torwald et Yttiam se mirent en devoir de repérer l’axe métallique, ce fût Torwald qui l’aperçut le premier et montra à ses amis que l’axe en question s’enfonçait dans une sorte de soupirail, probablement jusque dans les caves ou dans les oubliettes du château.

-Il faut descendre par là! Vite! Aidez moi à retirer cette grille. Et joignant le geste à la parole, Xavier se mit à tirer de toutes ses forces sur le carré grillé gardant l’entrée de ce qui semblait être un long et mince boyau souterrain…

Ses amis l’aidèrent tant et si bien que la grille finit par céder. L’un après l’autre, nos héros pénétrèrent dans le puits en posant précautionneusement le pied sur les barreaux branlants qui menaient semblait il dans les entrailles de la terre… La descente parut interminable à nos trois amis, d’autant plus qu’il faisait un noir total dans ce puits. Enfin, des siècles plus tard, Xavier et ses amis prirent pied dans une sorte de petite cave voûtée fermée par quatre grilles formées de barreaux. Nos héros s’approchèrent des quatre grilles pour s’apercevoir qu’aucun mécanisme d’ouverture ne semblait prévu. Les portes fermaient probablement de l’extérieur. Il allait probablement falloir remonter tous les échelons de pierre du puits car visiblement ils se trouvaient face à un mystère insoluble…

-C’est impossible! Gémit Yram. On ne peut pas remonter, on ne peut pas abandonner comme cela. Cet axe constitue notre seul indice. On n’en trouvera pas d’autre. C’est la catastrophe. On ne peut pas laisser cet énorme rocher détruire la ville de Thorg et ses habitants, ce serait vraiment une mort trop horrible.

-Oui, d’autant plus qu’ils soient tous victimes de ce sortilège et incapables de se sauver par eux-mêmes. Rétorqua Yttiam.

Xavier avisa une torche sur le mur de gauche, heureusement il possédait de quoi l’allumer dans son sac à dos. Une fois illuminé le cachot, car on ne pouvait qualifier autrement l’endroit où ils se trouvaient, livra ce qui semblait être un indice: sur le mur, une série de quatre carrés comportant chacun un dessin, associés deux par deux et représentant pour le premier carré, une étoile surmontant trois lignes courbes à côté d’un autre carré représentant une lune surmontant trois lignes brisées, le troisième carré, en dessous du premier, représentait un rond surmontant trois lignes droites, et le quatrième en dessous du second, représentait un polygone à cinq côtés surmontant trois lignes obliques. Xavier appuya sur l’un d’entre eux et se rendit compte qu’il bougeait et actionnait l’une des grilles du cachot qui se releva… pour se refermer immédiatement après que Xavier eût

lâché la pression.

-Fait attention Xavier. Conseilla Yttiam. Il y a probablement une manière d’actionner le mécanisme, ne commets pas d’erreur, s’il se bloquait définitivement ce serait la fin pour le village.

-Il faudrait que l’un d’entre nous maintienne le bouton enfoncé pendant qu’un autre profite du fait que la grille soit relevée pour explorer la pièce voisine. Émit Torwald.

-C’est une idée, mais il vaudrait mieux rester deux par deux, par mesure de sécurité. Approuva Yram.

Xavier et Yram se portèrent donc volontaires pour passer la porte, pendant que Torwald et Yttiam appuieraient sur le bouton. Passé la première grille, à l’arrière du puits, il n’y avait qu’une salle un peu plus grande que le cachot d’où ils venaient et dont ils eurent rapidement fait le tour. Les deux amis revinrent dans la pièce où se tenaient leurs compagnons pour leur faire part du fait qu’ils n’avaient rien trouvé, avant de recommencer l’expérience dans la seconde pièce, à gauche de la première, où ils ne trouvèrent rien non plus, pas plus que dans la troisième. En revanche dans le fond de la quatrième ils trouvèrent une sorte de passage secret, mais au moment où les deux amis allaient s’y engager après avoir réussi à ouvrir le mécanisme, ils furent arrêtés dans leur élan par les cris de leurs camarades restés dans le cachot. Il fallait revenir en arrière. Xavier et Yram comprirent

immédiatement pour quelle raison leurs amis les avaient rappelés: au moment où ils avaient appuyé sur le bouton libérant le passage secret au fond de la quatrième pièce, la grille s’était refermée malgré le fait qu’Yttiam continue à appuyer sur le carré et le plafond du cachot s’était mis à s’affaisser sur leurs têtes. Il fallait à tout prix arrêter cela. Vite! Yram courut jusqu’au fond de la pièce et appuya à nouveau sur le bouton, refermant ainsi le passage secret.

Ouf! Il était temps! Plus que quelques minutes et Yttiam et le chevalier mouraient écrasés par le plafond du cachot.

-Apparemment il est impossible d’explorer ce passage secret en nous séparant. Il faut à tout prix que nous y allions ensemble. Annonça Xavier.

-Puissante déduction de ton cerveau fertile mon cher! Ironisa Yram. Je t’assure que l’on s’en était tous aperçu!

-Ce n’est pas ce que je voulais dire… Enfin si! Mais si tu arrêtais un peu de te moquer de moi à chaque fois que je dis quelque chose. Je voulais simplement dire que l’on devait se regrouper et explorer tous ensemble le passage secret…

-Mais alors, le plafond va s’affaisser totalement et le grillage du cachot va se refermer définitivement. Objecta le chevalier. Cela voudra dire que si ce passage secret ne mène nulle part,

nous sommes condamnés à périr ici au fond de ce trou sans que qui que ce soit ne vienne un jour à notre secours…

-Et que faisais tu d’autre dans ton cimetière, qu’attendre patiemment l’éternité en sachant que tu ne retrouverais jamais la clé du Temps et que jamais tu n’aurais la moindre chance de retrouver un jour tes ancêtres? Rétorqua Xavier.

-Ce n’est pas la même chose. Bougonna le chevalier Torwald, dans le cimetière au moins j’étais libre et j’avais le ciel au-dessus de ma tête, je n’étais pas confiné dans un trou moisi et plein d’humidité…

-Oh, arrêtez de vous disputer! Grogna Yttiam, quittons cette pièce infecte et explorons le passage secret, de toutes manières il n’y a rien d’autre à faire…

Et c’était vrai! En appuyant une nouvelle fois sur le bouton qui refermait la porte du passage secret, la grille du cachot s’était relevée et le plafond s’était arrêté de descendre mais il n’y avait pas eu moyen de le faire remonter, au contraire… En effet, au plus ils avaient essayé d’appuyer sur les carrés, au plus le plafond s’était abaissé, impossible de le faire remonter, donc impossible de ressortir par le puits… Il fallait donc obligatoirement passer par le passage secret et espérer que celui-ci mène à une quelconque sortie. Les quatre amis s’engagèrent dans le passage, un boyau étroit et sinueux où l’on ne pouvait avancer qu’en colonne et les pieds dans l’eau.

Après une longue course souterraine, nos héros débouchèrent dans une vaste salle au fond de laquelle se trouvait une porte qui s’ouvrit comme par magie devant Xavier et ses équipiers. Une torche brûlait, accrochée au mur en face, Xavier s’en saisit et tout à coup, fut séparé de ses camarades par une énorme grille qui semblait descendue du plafond.

-Et qu’est ce qui se passe? S’écria le jeune garçon en s’élançant sur la grille.

-Je n’en sais rien. Au moment pile où tu as saisi cette torche, la grille s’est fermée, on dirait que tu as actionné un levier sans le savoir… Répondit Yram.

-Il faut lui ouvrir. On ne peut pas rester ainsi au risque de voir comme tout à l’heure les portes se refermer définitivement ou le plafond nous tomber dessus, parce que cette fois il n’y a plus d’issue possible, la grille s’est refermée. Le chevalier Torwald paniquait visiblement à l’idée de rester enfermé au fond de cette oubliette. Néanmoins il avait raison : la seule issue se trouvait du côté de Xavier et le jeune garçon avait beau chercher, il ne trouvait pas la moindre manette ou levier lui permettant de rouvrir cette satanée grille…

-Il va falloir que je parte à l’aventure tout seul à mon avis. Lança-t'il. Je vais essayer d’explorer cette pièce, mais elle a plus l’air d’un tunnel que d’une pièce, elle est assez étroite et on n’en voit pas la fin.

-Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Objecta le chevalier

-Oh toi, ne recommences pas à gémir! Gronda Yram excédée par le naturel pessimiste du chevalier squelette. Il faut tout de même faire quelque chose. On ne peut pas rester ainsi à attendre

que cette porte s’ouvre toute seule…

-Bon, alors j’y vais. Annonça Xavier en se mettant en route, muni de sa torche. Le jeune garçon n’était pas fâché de se retrouver un peu isolé de ses camarades, qui avaient le don de lui taper sur les nerfs à certains moments. Un peu de calme ne lui ferait pas de mal, d’autant plus que la balade dans ces couloirs obscurs dont il allumait progressivement toutes les torches accrochées au mur semblait véritablement être sans danger. Pas le moindre ennemi, pas la moindre manette ni le moindre levier ou interrupteur. Le tout était d’espérer que si l’un ou l’autre se présentait à lui et qu’il lui fallait l’actionner, cela ne porte pas à conséquence pour ses amis restés de l’autre côté de la grille.

-Tiens. C’est bizarre! Cette torche est déjà allumée. On dirait vraiment que je suis déjà passé par ici… Notre ami continua néanmoins sa route tortueuse, pour finir par rencontrer une autre torche allumée, puis encore une autre, et une autre… Ce n’était pas possible. Cette fois ci il ne pouvait en

douter, car il avait mémorisé le dessin en forme de serpent qui ornait le mur sous la torche. Il avait déjà emprunté ce chemin. Mais alors, cela signifiait qu’il était dans un dédale de couloirs, un véritable labyrinthe dans lequel il pouvait bien tourner des jours et des jours avant de trouver la sortie. Pour peu qu’il y ait une sortie… Saisi d’une angoisse soudaine, Xavier pressa le pas, tourna à gauche, puis à droite et encore à droite… Plus moyen de se tromper. Toutes les torches avaient bien été allumées par ses soins… Le jeune garçon se trouvait bien au coeur d’un labyrinthe. Tiens! Cette torche là n’avait pas encore été allumée, doucement Xavier en approcha sa propre torche… L’effet fut immédiat: les couloirs sombres malgré les torches allumées s’illuminèrent comme en plein jour, de petites boursouflures verdâtres apparurent sur le sol et s’illuminèrent également mais Xavier put constater que celles qui se trouvaient sous ses pieds s’étaient éteintes aussitôt après s’être allumées. Étrange! Mais le jeune garçon n’eût pas le temps de réfléchir, un bruit métallique le fit sursauter, il regarda derrière lui et réalisa que s’il ne voulait pas se faire écrabouiller par l’espèce de robot métallique qui arrivait derrière lui, il lui faudrait courir vite car il n’y avait pas de place pour deux dans ce couloir et très certainement son épée serait inefficace contre un tel monstre d’acier. Prenant ses jambes à son cou, le jeune garçon se mit à courir, sautant et éteignant toutes les petites boursouflures vertes sur son passage. Il fallait à tout prix semer cette créature. Zut! Il y en avait une autre droit devant. Heureusement que l’on pouvait prendre à gauche. Tiens! Qu’était-ce donc que cela? Xavier avait posé les pieds sur quelque chose de mou et spongieux, tout à coup son corps se mit à irradier une lueur bleuâtre et il se sentit à la fois exceptionnellement fort et léger… Il tourna à gauche, en courant beaucoup plus vite que d’ordinaire, tellement vite même qu’il ne put éviter la collision avec l’un des robots métallique qui lui fonçait droit dessus… Et là, surprise totale! Au moment du choc le robot s’évapora littéralement dans les airs. Était-il possible que cette matière spongieuse dans laquelle il avait marché tout à l’heure et qui était manifestement à l’origine de la lumière qui irradiait de son corps ait pu lui conférer la force nécessaire pour pulvériser cet énorme robot? Le jeune garçon réessaya et un nouveau robot fut pulvérisé, puis un autre… Mais la lumière

s’affaiblissait et Xavier sentait sa force diminuer, un peu comme s’il avait bu de la potion magique et que les effets s’étaient dissipés. Songeat-il amusé. Il reprit sa route, évita à nouveau quelques robots métalliques, tomba une fois de plus sur cette étrange matière spongieuse qui décuplait sa force et sa vitesse, pulvérisa à nouveau trois ou quatre robots, avant qu’une nouvelle fois sa force ne retombe… Tout en continuant sa route, il se dit que ce labyrinthe ressemblait étrangement à un jeu de Pac Man géant où il serait le Pac Man, les robots métalliques, les fantômes qu’il fallait éviter en temps normal et que l’on pouvait poursuivre et dévorer après avoir mangé une Pac Gomme et ici en

l’occurrence après avoir marché dans la matière spongieuse qui semblait avoir été déposée aux quatre coins du labyrinthe, de même que les petites boursouflures verdâtres figuraient très bien les pastilles que le Pac Man devait dévorer pour terminer le labyrinthe…

Mais dans quel cirque était-il tombé?

Enfin, qui sait, peut être que lorsqu’il aurait éteint toutes les boursouflures et pulvérisé tous les robots, il aurait terminé sa quête et pourrait sortir de ce labyrinthe de fous… En espérant que le concepteur de ce maudit jeu vidéo n’ait pas imaginé qu’il puisse y avoir plusieurs stages à ce Pac-Man débile!!! En attendant il restait encore des pastilles non éteintes et des robots à pulvériser, Xavier s’employa à terminer sa quête tout en songeant que ce concepteur mort inopinément avait plus que certainement succombé à une méningite, conséquence de l’effervescence de ses méninges après l’invention d’un jeu aussi tordu… Enfin la dernière pastille s’éteignit et le mur devant lequel se trouvait Xavier s’ouvrit sur un nouveau passage secret que le jeune garçon emprunta. Il se demandait encore où cela allait le mener et s’il n’était rien arrivé de fâcheux à ses amis lorsque tout à coup il se retrouva devant une nouvelle porte qu’il ouvrit, pour tomber sur ses amis qui se languissaient devant la grille de tout à l’heure…

-Ah enfin! Te revoilà! S’exclama Yram, qui paraissait bien pâle.

-Que s’est-il passé? Tu as trouvé quelque chose? Interrogea le squelette.

-Oui, explique nous ce qui t’es arrivé, comment se fait-il que tu te retrouves ici? Cela veut dire que tu n’as fait que tourner en rond et que nous soyons condamnés à mourir ici puisque tout retour en arrière est impossible? S’enquit Yttiam, visiblement peu rassuré.

-Doucement. Doucement. Pas tous à la fois! Je vais vous raconter l’aventure qui m’est arrivée, vous allez voir ce n’est pas triste.

-A la fin de l’histoire, les quatre amis se regardèrent un peu perdus.

-Bon si j’ai bien compris tu as couru des dangers immenses dans ce labyrinthe et cela n’a servi strictement à rien car nous en sommes toujours au même point? Et même pires qu’avant puisque nous ne pouvons plus ni avancer, ni reculer… Annonça Yram.

-Attendez un peu! S’exclama Torwald... Regardez cet anneau là, dans le mur. Il n’était pas là tout à l’heure lorsque Xavier est parti. Affirma le chevalier squelette en montrant à ses camarades une sorte d’anneau doré serti dans le mur.

Xavier fit jouer l’anneau qui tourna, puis sortit du mur lorsque le jeune garçon tira dessus. Xavier continua à tirer jusqu’à ce qu’un pan de mur s’ouvre sur ce qui ressemblait à un immense interrupteur noir qu’il actionna également… Un grincement assourdissant se fit entendre et se répercuta dans les couloirs sombres, puis un grondement terrifiant comme si la montagne s’effondrait. Le sol se mit à trembler, des pierres se détachèrent du mur… Les quatre amis se regardèrent, pétrifiés de terreur, qu’avaient ils fait?

-Vite! S’écria Yram... Regardez là, un espèce de monte charge, vite montons dessus avant que nous ne soyons ensevelis dans cette cave.

Xavier, Yram, le chevalier Torwald et Yttiam s’élancèrent vers le monte charge qu’ils actionnèrent en faisant jouer un levier. Le monte-charge s’éleva, il était temps! Le montec-harge s’arrêta, on pouvait enfin voir le ciel bleu! Mais où diable était-on?

Xavier se hissa sur un petit muret et tendit la main à Yram en lui expliquant qu’elle n’avait qu’à sauter, qu’ils se trouvaient dans le puits, dans la cour du château…

Une fois sortis les quatre amis regardèrent en direction du donjon pour s’apercevoir que l’énorme pierre avait disparu… C’était probablement sa chute qui avait causé tout ce vacarme, ainsi que l’effondrement d’une partie du château. Restait à savoir si elle était tombée du bon côté.

Xavier et les autres se précipitèrent vers la sortie afin de constater ce qu’il en était. Ouf! La ville était indemne, l’énorme masse de roche était tombée de l’autre côté dans le précipice…

Chapitre 21

Maintenant il fallait retourner en ville, mais avant cela nos quatre amis avaient encore une mission à accomplir. Yttiam en effet avait rappelé aux autres que la ville de Thorg était coupée du monde, car le pont qui enjambait le ravin était détruit, de même qu’un énorme bloc de rocher avait été précipité dans le défilé, ce qui empêchait d’entrer ou de sortir de la ville. Il fallait donc impérativement, sinon réparer le pont, ce qui prendrait trop de temps, du moins faire exploser la grosse pierre qui bloquait l’accès à la ville pour que les habitants puissent à nouveau s’approvisionner en nourriture et recevoir de l’aide.

-Où avais-je la tête ! Répondit Xavier. J’avais oublié que nous étions arrivés en ville par les catacombes. Je possède des explosifs dans mon sac à dos. Ils m’ont été donnés par le forgeron du village de Facom. Ils pourront peut être nous servir à pulvériser la roche…

Les quatre amis redescendirent le chemin escarpé jusqu’aux portes de la ville puis obliquèrent à droite vers le défilé. Effectivement il était impossible d’imaginer seulement passer à côté de l’énorme masse rocheuse qui en barrait l’entrée. Seuls des explosifs assez puissants pourraient déblayer la route qui menait la ville aux contrées habitées. Xavier sortit les explosifs de son sac à dos. Nous allons d’abord en utiliser un, pour juger de l’effet produit. Annonça-t’il, en joignant le geste à la parole et en tirant une petite bombe de son sac. Bombe dont il alluma la mèche avant de la poser à la base du bloc de pierre et de s’enfuir de toute la vitesse de ses jambes vers la caverne où s’étaient réfugiés ses amis.

Xavier et ses compagnons jugèrent de l’effet produit par l’explosion: l’énorme bloc de rocher avait été entamé à sa base et s’était un peu affaissé sur lui-même. Néanmoins, il restait toujours impossible de passer par le défilé pour retourner dans la vallée. Il fallait recommencer. Cette fois Xavier plaça deux bombes et l’explosion fut un peu plus conséquente: pratiquement la moitié de la masse rocheuse s’était effondrée. Mais elle restait encore énorme. Il fallait recommencer l’opération une nouvelle fois en plaçant trois bombes et en courant se mettre à l’abri le plus vite possible afin de ne pas être projeté par le souffle de l’explosion ou touché par des débris de rochers…

La quatrième fois fut la bonne: le passage était entièrement libéré.

La ville de Thorg était sauvée, le passage dans le défilé était désormais libre et l’énorme masse rocheuse qui menaçait d’anéantir la ville et ses habitants gisait maintenant au fond du ravin. Néanmoins les habitants étaient toujours ensorcelés et pour parer à cela nos quatre amis ne pouvaient strictement rien faire pour le moment.

Xavier, Yram, le chevalier Torwald et Yttiam retournèrent en ville afin de prendre un repos bien mérité avant de poursuivre leurs aventures.

Chapitre 22

Après une bonne nuit de sommeil Xavier, Yram, Torwald et Yttiam repartirent en direction du village de Facom. A peine furent-ils arrivés qu’ils apprirent de la bouche d’un fuyard venu chercher refuge au village que le mage Rawaëll se serait réfugié dans la cité sous marine d’Aelyss.

-Je viens de la lointaine tribu des Klaw audelà des montagnes, tribu qui a été décimée il y a peu et dont je dois être un des seuls survivants. Jadis les anciens de ma tribu affirmaient que la cité d’Aelyss était une cité hors du temps et que le château du Roi Ausgebert III, qui se trouvait auparavant sur une île au large du rivage y serait englouti…

Intéressés, les quatre amis essayent d’obtenir des renseignements. Comment faut il faire pour aller dans cette cité? S’enquit immédiatement Xavier.

-Si tu veux pénétrer dans le monde englouti d’Aelyss, il te faut posséder la clé du Temps naturellement. Répondit le voyageur sentencieux.

-Mais c’est impossible puisque Rawaëll est en possession de la clé du Temps. Rétorqua Yram déçue. Nous en sommes au même point.

-Nous n’arriverons jamais à récupérer la clé du Temps. Rawaëll est insaisissable! Jamais je ne parviendrai à rejoindre mes ancêtres, je le savais… Se lamenta le chevalier Torwald.

-Oh toi, ne recommences pas à gémir! Explosa Xavier hors de lui. Je n’ai jamais de ma vie rencontré un pessimiste et un geignard comme toi! Et c’est toi qui prétendais être un héros de la Première guerre?

-Arrêtes de le harceler Xavier! S’emporta Yram furieuse. Comment veux tu qu’il gagne de l’assurance en lui si tu le dénigre sans arrêt ?

-C’est un chevalier sans peur et sans reproches! Un valeureux guerrier chevauchant un pur destrier blanc! Mes critiques devraient glisser sur la carapace de son indifférence!!! Ironisa le jeune garçon.

-Tu ne sais donc faire que te moquer et critiquer! Tu n’as décidément pas d’autre but dans la vie? Reprocha Yram, amère.

-Mon but dans la vie est de sortir de ce jeu de dingues et de pouvoir enfin rentrer chez moi! J’en ai plus qu’assez! Chaque fois que l’on croit avoir terminé, il vient s’ajouter autre chose…

-Tu n’as donc aucun idéal? Se fâcha Yram. Mais alors que fait tu ici? Pourquoi usurpe tu le surnom de Libérateur qui te va aussi mal que possible, puisqu’en réalité tu n’en n’a visiblement

rien à faire de la liberté et de la survie d’Ecylop?

-Je suis ici parce que je ne peut pas faire autrement! Et maintenant fiche moi la paix avec tes discours sur l’idéalisme dont devraient faire preuve à ton avis les valeureux chevaliers!

-Arrêtez de vous disputer! Intima Yttiam. Le chaman Yorik a quelque chose à nous dire.

Le chaman affirmait en effet qu’il y aurait un autre moyen pour aboutir dans le monde englouti d’Aelyss: en parvenant à enchâsser l’émeraude qui ornait actuellement la couronne du roi des Scilf, les hommes singes, dans le mausolée érigé en mémoire des victimes de la Première guerre sur la colline de Fossak. La légende prétend que cela permettrait au château du Roi Ausgebert III, enfoui au fond des eaux, de s’arracher à la nuit des temps. Mais si celui qui fait remonter le château ne vainc pas le mage il sera lui-même enfoui à tout jamais hors du temps et précipité dans les abîmes insondables du monde perdu d’Aelyss...

Chapitre 23

Les quatre héros se mirent en route pour le camp des Scilf, les hommes singes, construit dans les arbres géants aux fins fonds de la forêt de Wahya. Dans cette dernière ils furent une fois encore confrontés aux terribles Kurks, ainsi qu’à leurs cruels chiens mutants mais cette fois, ils étaient quatre. Le combat était moins inégal que lorsque Xavier avait traversé la forêt seul au début de son périple. Les chiens mutants qui l’avaient alors tant effrayé, lui semblaient autant de gentils toutous à côté de tous les monstres qu’il avait rencontrés depuis le début de cette aventure!

Le camp des Scilf était difficile à trouver car il se confondait avec la forêt. Xavier grimpa au sommet d’un arbre énorme pour tenter de se repérer. Il finit par apercevoir, un peu plus loin droit devant lui, plusieurs arbres dont certains comportaient ce qui ressemblait à des cabanes ainsi que des échelles de cordes courant le long des troncs. Cela ne pouvait être que le camp des Scilf… Mais vraisemblablement il fallait couper à travers la végétation et non continuer à suivre sagement le chemin.

Aussitôt le jeune garçon redescendit de son arbre et indiqua la direction à ses compagnons. La colonne se mit en route et l’on arriva bientôt devant un arbre énorme, dont la base du tronc était sculptée en forme de tête de singe. Le campement des Scilf n’était certainement plus très loin. Mais curieusement il s’avéra impossible à nos quatre amis d’avancer plus loin. Chaque fois qu’ils faisaient un pas dans la végétation, ils se heurtaient à un tronc d’arbre. Ces troncs d’arbres étaient disposés tellement près l’un de l’autre, qu’il était impossible de passer entre eux.

-C’est probablement une palissade. Émit Yram. Essayons de faire le tour, nous trouverons peut être une entrée ou du moins le moyen d’entrer…

Nos quatre amis se mirent en route, longèrent la palissade, obliquèrent à droite, puis encore à droite et encore une fois, pour se retrouver exactement au même endroit que tout à l’heure: devant l’arbre sculpté en forme de tête de singe…

-C’est impossible! Il n’y a pas la moindre entrée. Comment peut-on pénétrer là dedans? Se demanda Yram.

-A mon avis il y a une astuce, il y a certainement un passage secret quelque part. Émit Xavier. Essayons d’appuyer sur les yeux ou le nez de la statue… Et joignant le geste à la parole, le jeune garçon se mit à appuyer au hasard sur le nez, les yeux, à tirer sur les oreilles, mais il n’y avait rien à faire, aucun passage secret ne se révéla à eux.

Xavier se décida alors à escalader l’arbre jusqu’au sommet afin de voir s’il ne pouvait pas découvrir un éventuel indice. A la cime de l’arbre, Xavier fouilla dans le feuillage et finit par trouver une sorte de levier, qu’il essaya d’actionner. Le levier métallique était rouillé mais on sentait qu’il devait y avoir moyen de le faire jouer. Xavier appuya de toutes ses forces, finalement le levier céda et une sorte de trappe s’ouvrit au sommet de l’arbre qui était creux. Le jeune garçon appela ses amis et les invita à monter au sommet. Le long du tronc creux de l’arbre descendait une sorte d’échelle de corde faite de lianes tressées. Il fallait descendre par là.

-Pensez-vous que cette échelle soit solide? S’enquit le chevalier.

-Nous verrons bien. Rétorqua Yram. De toutes manières il faut descendre, c’est probablement le seul moyen de pénétrer dans le campement des Scilfs.

-Bon. Cessons de discuter et allons-y! Nous n’avons pas que cela à faire! Et aussitôt, Xavier se mit à descendre le long de l’échelle de corde. Ça va. Vous pouvez y aller! Elle est relativement solide. Cria le jeune garçon à l’adresse de ses compagnons qui s’engagèrent à leur tour sur l’échelle.

Arrivés en bas après une longue descente, les quatre amis se retrouvèrent dans une sorte de couloir, creusé à même la terre etoù apparaissaient à certains endroits des racines d’arbres et de

plantes.

-Nous sommes sous la terre on dirait. Fit remarquer Xavier.

-Bravo! Tu es toujours aussi perspicace! Se moqua Yram.

Xavier faillit lui répondre vertement, mais il se retint et haussa les épaules. Il valait mieux se concentrer sur sa mission que se préoccuper des états d’âme de cette bêcheuse d’Yram, qui ne cessait de le narguer ou d’essayer de le prendre en défaut. Le jeune garçon prit la tête de la petite troupe qui s’engagea dans les couloirs souterrains, qui à certains endroits dénichaient sur de petites pièces, sortes de niches creusées à même le sol et débordantes de nourriture et de provisions diverses. Nos quatre amis en profitèrent pour se restaurer et remplir leurs sacs de victuailles. A d’autres endroits les couloirs donnaient sur les mêmes petites niches, mais fermées par de solides barreaux en bois, on aurait dit des prisons… La preuve leur en fut donnée lorsqu’ils découvrirent dans l’une d’entre elles une sorte de créature mi-singe, mi-homme, assis sur de la paille et solidement attaché au mur.

Xavier et ses amis s’arrêtèrent devant la cellule.

La créature essaya de se lever, mais entravée par ses lianes, ne put aller bien loin. C’était vraisemblablement un jeune Scilf. Son visage ressemblait beaucoup à celui d’un être humain, mais

ses oreilles et sa queue trahissaient son origine simiesque. Cependant, il était beaucoup moins velu que ses congénères…

-Qui êtes-vous? Que faites-vous ici? Demanda-t'il d’un ton plein d’espoir.

-Qui es-tu toi-même? Et pour quelle raison tes frères t’ont-ils enfermé ici? Interrogea Yttiam.

-Je suis Akom, et je suis le fils de Gertila, le véritable Roi des Scilf. J’ai été fait prisonnier par l’usurpateur Drakell qui a pris le pouvoir après avoir tué mon père au moment du regroupement de

toutes les tribus Scilf dans le campement. C’était mon père qui dirigeait toutes les tribus Scilf. Il régnait ici et après le chambardement causé par l’envahisseur Sazlem, il a appelé tous les chefs de tribus Scilf et leur a proposé de s’installer ici, dans le campement, par mesure de sécurité, afin de protéger les familles qui restaient, car les Scilf avaient été pratiquement décimés. Tous les chefs de tribus ont accepté, et Drakell aussi. Pour notre malheur. Il a d’abord feint de s’installer avec sa famille et ce qui restait de sa tribu. Mon père l’a accueilli en toute confiance. Il l’a traité en ami et même en familier. Drakell avait libre accès partout. Il en a profité pour fomenter une révolte au sein des Scilf, en faisant passer mon père pour un traître car il avait épousé une Ecylopienne : ma mère! Les Scilf ont fini par se retourner contre nous, nous avons essayé de les raisonner, mais il n’y avait rien à faire, ils voulaient tous notre peau! Alors, s’attendant au pire, mon père m’a caché dans un passage secret situé derrière la cheminée, je n’étais alors qu’un tout petit garçon, je ne devais pas avoir plus de cinq ou six ans. Pendant que j’étais caché là, Drakell et ses acolytes sont montés dans notre cabane, ont tué mon père qui essayait désespérément de protéger ma mère, puis ont chassé ma mère hors du campement. Drakell n’a pas osé porter la main sur une Ecylopienne… Je n’ai jamais su ce qu’elle était devenue. J’avais terriblement peur. Je devais descendre dans le tronc d’arbre et me retrouver dans la forêt, mais j’avais le vertige et je n’ai pas osé descendre. Les autres Scilf m’ont finalement trouvé et enfermé ici. Depuis j’attends qu’un jour ils ne décident de me tuer, et je me demande sans arrêt pour quelle raison ils m’ont laissé vivre…

-Tes congénères sont vraiment des sauvages! Explosa Yram.

-Recules-toi. Nous allons essayer de te libérer. Annonça Yttiam, qui se mit en devoir d’attaquer les barreaux de bois de la prison à l’aide de son énorme hache à double tranchant. Les barreaux furent pulvérisés en moins de temps qu’il ne fallut pour l’écrire. Ensuite, Yram s’approcha du jeune Scilf et dénoua les lianes qui l’attachaient au mur. Akom était libre!

-Merci! Fit le jeune Scilf reconnaissant. Mais vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous veniez faire par ici…

Yttiam lui fit un rapide résumé de la situation et du pourquoi de leur présence en ces lieux. Les yeux d’Akom se mirent à briller. Alors c’était donc cela le secret de l’émeraude sacrée! Elle était dans la famille de mon père depuis des générations, depuis la Première guerre en fait. Mais il m’avait expliqué que son secret s’était perdu dans la nuit des temps. Drakell s’en est emparé au moment où il a tué mon père, mais en fait elle devait me revenir puisque je suis son successeur. Je me ferai une joie de combattre toute cette horde de traîtres qui n’ont pas hésité à s’allier à Drakell ni à tuer mon père et de vous aider à tuer l’usurpateur, pour que vous puissiez récupérer la pierre et faire remonter le château Ausgebert III du monde perdu d’Aelyss. De même que je ne demande qu’à m’allier à vous pour vous aider dans votre quête. Si l’arbre Niala est en train de mourir comme

vous me le dites, c’est extrêmement grave! La planète Ecylop court à sa perte! Il faut la sauver!

-Tu n’as pas envie de reconquérir ton trône? Après tout c’est toi le véritable Roi des Scilf. Interrogea Xavier.

-Reconquérir mon trône? Et pour quelle raison? Pour régner sur un peuple de traîtres n’ayant pas hésité à s’allier à l’usurpateur pour tuer mon père? Non merci! Qu’ils se choisissent un nouveau Roi et qu’ils continuent à s’entretuer sans moi. En ce qui me concerne, je veux vous aider à sauver la

planète Ecylop, et ensuite essayer de retrouver ma mère. Si elle est toujours de ce monde, elle se sera probablement réfugiée à Mustek. Allons! Assez parlé! Suivez-moi. Je vais vous montrer

le chemin… Dirigés par Akom, Xavier et ses quatre amis sortirent des tunnels souterrains par le tronc d’un immense arbre creux. Il fallait maintenant traverser le camp au travers un labyrinthe de lianes et de branches jusqu’à la tanière du Roi des Scilf afin de récupérer l’émeraude sertie sur sa couronne. Nos cinq héros parvinrent au sommet du plus haut des arbres de la forêt, celui dont la cime se perdait dans les nuages, tant elle était élevée, au prix d’un long périple et de nombreuses algarades avec des hordes de Scilf déchaînées. La tanière de Drakell, enfin !

Le Roi des Scilf les attendait visiblement. Il fut immédiatement prêt au combat, et ce combat ne présageait rien de bon. De son sceptre sortaient des éclairs violets et rouges qui faisaient perdre un nombre considérable de points de vie à chaque fois que l’un des cinq amis se faisait toucher.

-Ce Boss ci n’a vraiment pas l’air facile à battre! Songea Xavier. Le jeune garçon avait dégainé son épée, mais elle ne semblait faire aucun effet au terrible Drakell. Pas plus que la hache à double tranchant d’Yttiam, l’épée d’or du chevalier Torwald ou l’arc à flèches enflammées d’Yram… Quant à Akom, il n’avait aucune arme et ne parvenait à aider ses nouveaux amis qu’en se servant de sa science de la magie. Il envoyait des nuages remplis à craquer d’eau de pluie au-dessus de la tête de Drakell, ce qui eut pour résultat que les éclairs violets et rouges se retournaient à chaque fois vers celui qui les lançait. Xavier se décida à utiliser également la magie et envoya des torrents d’eau se déverser sur l’usurpateur. Yram, elle, lui lança de gigantesques blocs de pierres, quant au chevalier et à Yttiam, ils préférèrent continuer à se servir de leur bonne vieille arme, n’ayant ni l’un ni l’autre aucun attrait pour la magie.

Xavier et ses compagnons étaient au bord de l’épuisement. L’utilisation de la magie fatiguait beaucoup plus que des combats à l’épée ou à n’importe quelle arme. Mais leur ténacité finit par être récompensée : Drakell vacilla, essaya de se redresser, mais n’y parvint pas et finit par tomber à terre.

L’usurpateur était vaincu. Enfin!

Akom se précipita et ôta la couronne d’or de la tête de son ennemi abattu, en dessertit la pierre verte gravée d’une tête de singe qui l’ornait, tendit cette dernière à Xavier, puis fourra la couronne dans son sac. C’est la couronne de mon père qui a orné la tête de tous mes ancêtres. Si je dois emporter un seul souvenir en quittant définitivement cet endroit, c’est bien celui-ci! Expliqua-t’il à ses amis. Ensuite il se précipita vers la cheminée, appuya sur un bouton et le résultat ne se fit pas attendre : une porte dérobée s’ouvrit sur une nouvelle échelle de corde, descendant une fois encore le long de l’intérieur du tronc d’un arbre creux, et sur laquelle se précipitèrent l’un après l’autre nos

cinq amis.

Chapitre 24

Une fois sortis du grand arbre dans lequel débouchait le passage secret, nos cinq amis se mirent en route une fois de plus pour le village de Facom. Le Maire, monsieur Warp reprocha douloureusement à Yram le fait qu’elle ait quitté le village en cachette pour accompagner Zavieh.

-Nous t’avons cherché partout. Nous avons craint le pire! Tu ne nous as même pas laissé le moindre petit mot d’explication…

-Si je l’avais fait, tu m’aurais fait rechercher et je ne le voulais en aucun cas. Je sais que je dois suivre le destin que mon père a tracé pour moi et que je dois devenir chef de guerre… Malheureusement tu persistes à ne rien vouloir entendre!

Après s’être reposés et restaurés, Xavier, Yram, le chevalier Torwald, Akom et Yttiam partirent en direction du mausolée érigé sur la colline de Fossak, accompagnés par le chaman Yorik, le maire Warp, et quelques autres habitants du village, désireux d’assister à la sortie des eaux du château du Roi Ausgebert III. Les doigts tremblants Xavier enchâssât l’émeraude dans l’endroit prévu à cet effet. Au début rien ne sembla se produire, à peine un frémissement sur les eaux dorées de l’océan.

Frémissement qui s’intensifia de plus en plus, jusqu’à produire des vagues déferlantes dignes d’un raz de marée, et ensuite, doucement, très doucement, le gigantesque château du Roi Ausgebert émergea majestueusement des eaux de l’océan doré.

Les spectateurs de cette scène étaient tous sidérés. Jamais encore ils n’avaient assisté à pareil miracle. Un château enfoui au plus profond des abîmes insondables de l’océan depuis des centaines d’années qui émergeait sous leurs yeux. Il fallait le voir pour le croire…

Un pont reliait le château à la terre ferme, Xavier, Yram, Torwald, Yttiam et Akom l’empruntèrent et se retrouvèrent devant une énorme porte close. Il fallait maintenant entrer dans le château. Xavier poussa la porte, et contrairement à ce qu’il craignait celle-ci s’ouvrit sans le moindre problème. Nos cinq amis se retrouvèrent à l’intérieur, dans une sorte de grande salle obscure, qui suintait l’humidité. Plusieurs portes s’ouvraient à eux. Laquelle fallait-il emprunter?

-A mon avis, nous devrions toutes les essayer. Affirma Xavier.

Il s’avéra que le jeune garçon avait raison, le château était non seulement un véritable labyrinthe, mais de plus il était infesté de Slucks, sortes d’énormes méduses visqueuses dont on pouvait rencontrer plusieurs sortes : les Slucks normales, simples méduses géantes, les Slucks tentaculaires, qui emprisonnaient ceux qui avaient le malheur de passer à proximité dans leurs énormes tentacules jaunes, les Slucks cracheuses, qui projetaient des jets de venin à tout venant, et les Slucks explosives, les plus dangereuses, car elles ressemblaient aux Slucks normales mais à la différence qu’elles explosaient dès qu’elles prenaient le moindre coup d’épée et malheur à qui se trouvait auprès d’elles...

Ils finirent néanmoins par retrouver le Roi Ausgebert III, qui, intemporel, restait assis sur son trône depuis des centaines d’années. Le Roi fut très heureux de retrouver le chevalier et contrairement à ce que craignait ce dernier ne lui en voulait absolument pas.

-Ah! Chevalier Torwald, mon ami! Mon cher ami! Mon très cher ami! Je savais que tu reviendrais un jour me sauver. Je t’attendais. Je suis certain qu’avec l’aide de tes amis vous allez réussir à battre le mage Rawaëll, et à enfin débarrasser la planète Ecylop de sa présence.

A peine le Roi Ausgebert III eut il prononcé ces paroles, que le mage Rawaëll apparût, accompagné par un sombre personnage au visage en lame de couteau et tout habillé de noir : Eykoub, le sinistre nécromancien.

-Misérables vers de terre! Vous avez osé défier ma puissance! Vous avez osé outrepasser mes pouvoirs en remontant ce château des profondeurs d’Aelyss dans lesquelles je l’avais plongé sans vous servir de la clé du Temps! Vous allez constater que l’on n’importune pas le grand Rawaëll en vain. Vous allez connaître le poids de ma colère!

A peine le mage eut il proféré ces menaces qu’il leva les bras au ciel et deux boules de feu jaillirent de nulle part. Nos amis n’eurent que le temps de s’écarter pour ne pas être blessés.

Rawaëll, aidé par son ami qui s’était avéré être un très puissant nécromancien, invoquait les âmes de ses anciens soldats, des fantômes, revenants, zombies et autres esprits frappeurs. Nos amis eurent à faire face à tous les ennemis auxquels ils avaient déjà du faire face tout au long de leur périple à la différence près que cette fois, ils étaient tous réunis, et ils n’étaient pas trop de cinq pour parvenir à y faire face. Le pire moment de la bataille fut probablement le moment où Rawaëll invoqua les âmes qu’il avait volées aux habitants de la ville de Thorg et les jeta à l’assaut de ceux qui étaient sensés être leurs alliés. Xavier et ses amis ne pouvaient en aucun cas les tuer ou même simplement les blesser sous peine d’être irrémédiablement changés en statue pour avoir commis le crime impardonnable de blesser une bonne âme… Comment parer des attaques aussi violentes sans riposter?

C’était pratiquement impossible car si nos amis ne pouvaient pas toucher les entités contenant les âmes réincarnées des habitants de Thorg, ces derniers en revanche ne se privaient pas pour obéir aux incantations proférées par le nécromancien et attaquer nos cinq amis.

Las de parer les attaques des âmes face à Rawaëll qui ricanait, Xavier décida de s’attaquer directement au mage ainsi qu’à son ami le nécromancien Eykoub. Il commença par l’attaquer avec son épée, rapidement suivi par ses amis, afin de déstabiliser les deux compères, ensuite, pendant que le chevalier Torwald et le mercenaire Yttiam les occupaient en les attaquant, l’un à l’épée d’or et l’autre à la hache à double tranchant, Xavier lança un sortilège de tremblement de terre qui fit vaciller le sol et les murs du château, tandis qu’Yram lançait un sortilège de feu qui entoura Rawaëll et le nécromancien d’une sorte de siphon de flammes et qu’Akom lançait un sortilège électrique qui projeta le mage en l’air et le nécromancien contre le mur. Il fallut procéder de la sorte à plusieurs reprises, le tout en subissant les assauts conjugués des bonnes âmes, avant de parvenir à vaincre le mage Rawaëll et le nécromancien Eykoub.

Nos héros l’avaient finalement emporté.

Libéré de son intemporalité le Roi Ausgebert III parvint enfin à s’arracher à son trône pendant que les âmes des habitants de la ville de Thorg, libérées du sortilège qui les tenait captifs par la mort du mage Rawaëll quittaient les entités dans lesquelles le mage les avait enfermées et s’en retournaient vers leurs corps…

Le chevalier Torwald fouilla les poches de l’habit du mage Rawaëll et en ressortit une magnifique clé en or incrustée de pierreries : la clé du Temps, enfin… Mais il fallait vite quitter le château car il s’enfonçait dans les eaux, et définitivement cette fois, emportant le sorcier et le nécromancien avec lui…

Chapitre 25

Les âmes des habitants de Thorg issues des entités qui les tenaient captives, s’envolèrent dans la nuit vers leurs corps en traversant toute une partie du continent à la stupeur générale des habitants d’Ecylop face à ce phénomène étrange et incompréhensible de milliers de lueurs filant dans un ciel sans étoiles…

Dans la ville de Thorg, les âmes reprennent possession de leurs corps et toute la ville s’anime à nouveau, les habitants se réveillent…

Chapitre 26

Le Roi Ausgebert était sauvé, le mage Rawaëll vaincu.

Le maître du temps, Temporus, apparut dans une tache de lumière, au pied du mausolée où étaient arrivés Xavier et ses amis après leur course effrénée pour parvenir à sortir du château avant

que celui-ci ne s’enfonce à nouveau dans les abîmes d’Aelyss.

Temporus félicita le chevalier Torwald.

-Tu as enfin réparé ta faute et tu as sauvé ton Roi. Je te permets désormais de te joindre à moi pour rejoindre tes ancêtres, chevalier Torwald.

Ému, le chevalier mit un genou en terre. Merci Ô Temporus! Mais j’aurais une faveur à te demander.

-Je t’en prie chevalier, tu as droit à une récompense après avoir accompli un acte d’une aussi exceptionnelle bravoure. Demande moi ce que tu souhaite, je te l’accorderai. Promit Temporus.

-Je souhaiterais continuer à aider Zavieh, Yram, Yttiam et Akom dans leur quête, et sauver la planète Ecylop de la destruction par les envahisseurs et la mort de l’arbre Niala. Implora Torwald, toujours à genoux, en tendant la clé du Temps à Temporus.

-C’est accordé chevalier Torwald. C’est accordé sans la moindre hésitation!

Chapitre 27

Les cinq amis retournèrent à Mustek où ils relatèrent leurs aventures à Yug, Ymmij et Yrrieht. Ces deux derniers expliquèrent à Xavier et à ses amis qu’ils revenaient d’avoir été récupérer Ynad sous les décombres de la mine, que ce dernier était toujours vivant, et qu’ils l’avaient précipité au fond des cavernes de glace. Cavernes tellement profondes qu’elles plongeaient dans les entrailles même de la planète. Plus jamais on n’entendrait parler de ce traître… Les deux F.L.I.C.S. ne se

réjouirent cependant pas de la nouvelle, sachant ce qu’elle causait comme chagrin à Yug.

Mais une autre mauvaise nouvelle attendait nos cinq amis: d’après les informations parvenues à la capitale par des messagers arrivés des villes, villages et tribus plus ou moins éloignées, l’atmosphère d’Ecylop était progressivement en train de se dégrader et les chamans, sorciers, sorcières et autres mages en attribuaient le fait à une dégénérescence de l’arbre Niala, source de vie de l’univers Ecylopien. L’ermite qui vivait au pied de l’arbre Niala était également arrivé la veille au château de l’Empereur Yug et avait expliqué que l’arbre Niala était en train de mourir.

Yug présenta l’ermite à Xavier et à ses amis. Ce dernier leur expliqua que selon lui l’arbre Niala était en train de mourir par les racines. Racines qui plongeaient au plus profond de la planète et s’infiltraient notamment jusqu’au fond des cavernes de glace.

Xavier et ses amis avaient déjà entendu ce genre d’information tout au long de leur périple.

Selon l’ermite ce n’était autre qu’Ynad qui aurait injecté dans les racines de l’arbre Niala la dose de poison dont dispose chaque chef de guerre ou officier supérieur afin de se suicider s’il venait à être pris. Si ces informations s’avéraient exactes cela engendrerait une catastrophe sans précédent pour la planète Ecylop qui irait inéluctablement vers sa destruction totale. Il fallait à tout prix sauver l’arbre Niala et pour cela il n’existait qu’une seule solution: lui injecter le contre poison fabriqué par la sorcière Mina.

Pour sauver l’arbre Niala il fallait donc descendre au fond des cavernes de glace, mais d’abord il fallait réunir tous les ingrédients nécessaires à la fabrication du contre poison.

Et le temps était limité…

Les ingrédients étaient au nombre de cinq :

-une fiole de lait de licorne argentée

-trois gouttes de venin de serpent guérisseur

-cinq larmes d’elfe des marais

-un ongle de griffon noir

-un quartier de potiron violet.

Chapitre 28

Pour obtenir une fiole de lait de licorne argentée il fallait s’enfoncer loin, très loin dans la mystérieuse forêt d’Yshilde.

Xavier, Yram,Yttiam, le chevalier Torwald et Akom se mirent en route munis de provisions en suffisance, de nouvelles armes plus puissantes achetées avec l’or récolté en combattant le Roi des Scilf et le mage Rawaëll ainsi que de nouvelles armures. Ainsi, Akom, totalement désarmé à la base avait il pu acquérir une magnifique épée enchantée, ainsi qu’une armure flambant neuve.

Pour se rendre dans la mystérieuse forêt d’Yshilde il fallait d’abord traverser une nouvelle fois la forêt de Wahya et passer par les marais bouillonnants infestés de zombies, puis enfin bifurquer vers le désert de sable bleus jusqu’au cirque de rochers à l’Est. Là, il fallait escalader une falaise abrupte, puis redescendre de l’autre côté (ce qui n’allât pas sans mal car le chevalier Torwald avait un affreux vertige!) et enfin on arrivait dans la mystérieuse forêt bleue d’Yshilde.

Pour être mystérieuse il était un fait certain que la forêt d’Yshilde l’était! Les troncs de ses arbres étaient bleu foncé, de même que le feuillage des arbres était d’un magnifique bleu profond exactement comme le sable du désert tout proche. Le chemin était également bleu, de même que les tapis d’herbes sur les bas côtés reflétaient un magnifique bleu turquoise. Quant au ruisseau qui serpentait sous les arbres il avait une étrange couleur verte fluorescente.

Les cinq compagnons se regardèrent sidérés. Cette forêt était étrange et mystérieuse mais à tout prendre, magnifique et reposante. On se serait crus au paradis. Du plus profond de la forêt on pouvait entendre les bruits d’animaux et le piaillement d’oiseaux exotiques. C’était reposant. Il était sûrement impossible qu’il y eut des monstres dans un tel endroit!

Xavier et ses amis se mirent en marche, il fallait maintenant trouver une licorne argentée, mais il fallait aussi qu’elle acceptât de leur donner une fiole de lait.

-Connaissant le caractère farouche des licornes, cela risque de ne pas être chose aisée! Avait affirmé Yram.

Nos héros s’enfoncèrent dans les profondeurs de la forêt bleue comme s’il s’était agi d’une promenade. Le temps était magnifique, le soleil luisait de tous ses feux et les oiseaux chantaient. Xavier ressentit une pointe de jalousie en constatant qu’Yram devisait gaiement en compagnie d’Akom, le jeune Scilf qu’ils avaient sauvé la veille. Ils n’avaient pas attendu longtemps avant de sympathiser ces deux là! Entre Akom et Yram, le courant était tout de suite passé. Ce n’était pas comme avec lui. Avec lui Yram se croyait obligée d’adoptée une attitude froide, distante voir même moqueuse ou agressive selon les moments.

Pas un seul instant Xavier ne se dit que son attitude à lui put être en cause, de même que son caractère introverti, renfrogné et volontiers sarcastique qui lui attiraient plus d’inimités que d’amitiés. Non. Yram était bizarre, voilà tout! Et puis, peut-être ressentait-elle confusément que Xavier ne faisait pas partie de son monde à elle, qu’il n’était pas un Ecylopien ni même un personnage de jeu vidéo. Le jeune garçon se demanda comment les personnages d’un jeu vidéo pouvaient avoir une vie propre, des sentiments, etc. alors qu’ils n’existaient en pas en réalité, pas

plus que leur monde! Ensuite ses pensées se fixèrent sur un point qu’il avait quelque peu perdu de vue depuis toutes les aventures qu’ils avaient vécues: quand et comment allait il sortir d’ici? Et surtout, parviendrait il à sortir d’ici? Ses parents ou ses frères et soeurs s’étaient-ils aperçus de son absence de la maison?

Perdu dans ses pensées, Xavier ne s’était pas rendu compte qu’ils étaient parvenus au centre d’une immense clairière tapissée d’herbe allant du bleu pâle au bleu turquoise dans laquelle foisonnaient des fleurs et des plantes multicolores. La petite rivière qui avait serpenté à leurs côtés durant tout le trajet, se jetait ici dans une sorte de petit lac vert fluorescent sur les bords mais d’un profond vert émeraude en son milieu. Des poissons également multicolores sautaient de temps à autre hors des flots.

-Oh c’est encore plus magnifique ici! Fit remarquer Yram.

-Oui c’est un endroit fabuleux. Approuva le chevalier Torwald. On m’en avait souvent parlé, mais je n’y étais jamais venu. D’ailleurs aucun Ecylopien n’a du mettre le pied ici. La fabuleuse forêt bleue d’Yshilde, la Reine des licornes…

-Tu veux dire qu’il n’y a que les licornes qui vivent ici? S’enquit Xavier.

-Non mon garçon, il n’y a pas que les licornes qui vivent ici… Lui répondit une voix pourtant douce, mais qui le fit sursauter car il ne s’attendait pas à l’entendre, pensant que ses compagnons et

lui étaient seuls dans cette clairière.

Il regarda à gauche et à droite afin de distinguer d’où provenait cette voix dont il ne voyait pas le propriétaire et finalement s’aperçut qu’elle appartenait à un petit être, au visage pointu et aux grandes oreilles s’apparentant beaucoup à celui d’une souris.

-C’est toi qui m’a parlé? Lui demanda Xavier incrédule.

-Bien sûr que c’est moi qui t’ai parlé! Je me présente, je m’appelle Ykar et je suis le chef des Fiecks de la forêt d’Yshilde.

-Le chef des quoi?

-Je suis le chef de la tribu des Fiecks. Répondit l’étrange personnage d’une voix toujours égale et posée. Nous les Fiecks, sommes les gardiens du sanctuaire des licornes, c’est dans ce sanctuaire que vivent et se reproduisent les dernières licornes de la création. Lorsque tout allait bien, les licornes pouvaient s’ébattre en toute liberté dans cette forêt, sans le moindre risque, mais depuis le chaos qui a suivi la réouverture de l’espace intersidéral, la renaissance de Rawaëll et la dégénérescence de l’arbre Niala ce n’est plus possible…

-Le mage Rawaëll est mort, de même que le nécromancien Eykoub! Interrompit Yram. Nous l’avons vaincu et précipité au fond des abîmes insondables d’Aelyss!

-C’est une bonne chose mes enfants. Sourit Ykar. Mais cela ne suffit hélas pas… Le chaos engendré par les derniers événements a eu des répercussions jusqu’ici. Jusque dans ce paradis pratiquement inaccessible, si ce n’est aux âmes vraiment pures… Oh mes enfants! Si vous saviez ce qui est arrivé… Et, incapable de se contenir l’étrange petite créature se mit à pleurer.

-Allons Ykar ne pleurez pas voyons! Fit Yram apitoyée. Racontez nous plutôt ce qui est arrivé, nous pouvons peut-être vous aider?

L’étrange petit bonhomme eut un dernier reniflement, sortit de sa poche un mouchoir qui aurait pu aisément lui servir de drap de lit, se moucha bruyamment et se mit à expliquer. Nous vivions en paix depuis des siècles dans cette paisible forêt où tout le monde s’aime, s’entend et se rend service. Nous étions chargés de la protection des licornes, qui étaient nombreuses et qui s’ébattaient à loisir dans la forêt d’Yshilde. Mais le chaos a provoqué une faille dans le cirque de rochers qui protège la forêt du monde extérieur et par cette faille ont commencé à s’introduire des Mapeks. Les Mapeks sont une tribu sauvage et cruelle, ils vivent dans les galeries qui composent les entrailles rocheuses de la planète, on dit même que ces galeries mèneraient droit vers … l’Enfer!

A peine eût-il prononcé ce mot qu’Ykar se retourna à plusieurs reprises comme pour voir si aucun Mapeks n’était dans les environs. Puis il continua son histoire. Les Mapeks ont commencé à s’introduire par cette faille et chaque nuit ils dérobaient un bébé licorne. On dit qu’ils se servent de ses créatures les plus pures qui soient pour organiser des sacrifices en l’honneur de leur chef le terrible Silk… Nous avons mis les licornes et leurs bébés en sécurité dans le temple des licornes où

les Mapeks ne peuvent pas pénétrer sous peine de mort atroce car des créatures aussi démoniaques sont incapables de supporter la pureté du temple des licornes, elles sont immédiatement réduites en cendres. Néanmoins trois bébés licornes ont été capturés et seront probablement tués s’ils ne l’ont pas déjà été. Et parmi ces trois bébés figure Bully, le fils de la Reine Yshilde. Seulement nous ne pouvons rien faire. Nous ne sommes ni équipés, ni armés, ni entraînés pour aller affronter les Mapeks dans leur tanière et tenter de leur reprendre les trois bébés licornes. Nous ne sommes déjà pas capables de repousser leurs incursions nocturnes dans la forêt, nous ne pouvons que nous cacher toutes les nuits dans le temple avec les licornes… La Reine Yshilde est désespérée mais pas autant que moi qui ait failli à ma mission qui était de protéger à tout prix les licornes. Et l’étrange petite

créature se mit à sangloter de plus belle.

-Ne pleurez plus Ykar. Nous allons vous aider. Conduisez nous auprès de la Reine Yshilde.

Ykar leva un regard plein de reconnaissance vers Yram, regarda ses compagnons, décida qu’il pouvait leur accorder sa confiance et leur fit signe de le suivre. Le petit bonhomme les mena d’abord vers une sorte de tout petit village dont les maisons n’étaient pas plus grandes que des maisons de poupées, mais ces maisons avaient visiblement été dévastées et brûlées…

-Voici notre village ou ce qu’il en reste! Annonça tristement Ykar. Cette maison-ci était la mienne avant le passage des Mapeks…

Les cinq amis continuèrent leur marche silencieuse dans la forêt. Enfin ils arrivèrent aux abords d’un alignement circulaire de colonnes, le Temple des licornes probablement.

C’était bien cela: Ykar fit pénétrer les amis l’un après l’autre par un grand portail de pierre et ils purent admirer le plus éblouissant spectacle qu’ils aient jamais admiré. Des dizaines de licornes s’ébattant en toute liberté sur une pelouse bleue…

-Oh comme elles sont jolies! Fit Yram admirative.

D’autres petits personnages semblables à Ykar étaient également disséminés un peu partout, il y avait des hommes, des femmes et des enfants qui s’approchèrent d’Ykar et de ses compagnons. Les licornes en revanche s’écartèrent et se regroupèrent autour d’une magnifique licorne argentée, comme si elles cherchaient à se protéger…

-Elles ont peur, elles ne savent pas qui vous êtes. Même si elles savent que vous ne pouvez être des ennemis sans quoi vous n’auriez pas réussi à pénétrer ici, elles se méfient. Expliqua Ykar. Je vais aller vous annoncer à la Reine Yshilde. Et, joignant le geste à parole, le petit bonhomme au museau de souris s’avança vers la magnifique licorne argentée, plia le genou devant elle et se mit visiblement en devoir de lui présenter ses nouveaux amis. Ensuite il revint vers Xavier et ses compagnons et les pria de bien vouloir s’approcher, il allait les présenter.

-Bonjour Ô Libérateur! Fit Yshilde la Reine des licornes. Sois le bienvenu en ce temple de la pureté et que tes amis soient également les bienvenus! Ykar me dit que vous lui avez proposé votre aide pour nous aider à retrouver nos bébés volés, mais qu’est-ce qui vous amenait ici en réalité? Qu’est-ce qui amenait ici, dans cette forêt perdue et oubliée, le Libérateur de la planète Ecylop, alors qu’il devrait se trouver à des lieues d’ici en train d’essayer de sauver l’arbre Niala de la destruction…

Xavier raconta leurs aventures passées à la Reine Yshilde et ce qui les amenait ici: pour fabriquer le contrepoison nécessaire à la survie de l’arbre Niala, il fallait cinq ingrédients, dont une fiole de lait de licorne argentée…

-Je te donnerai avec joie cette fiole si tu mènes à bien cette mission Ô Libérateur! Annonça la licorne. Nous allons prier pour votre réussite. Prier de tout notre coeur afin que les Dieux bénissent votre quête!

-Maintenant venez vous restaurer et vous reposer un peu. Proposa Ykar. Il vaut mieux que vous commenciez votre quête cette nuit car c’est la nuit que les Mapeks s’introduisent par la faille et saccagent notre forêt pour se venger de les empêcher d’entrer dans le Temple de la Pureté. Si vous les arrêtez à temps ils n’auront pas l’occasion de mener leur attaque à bien.

Chapitre 29

A la nuit tombée Xavier et ses amis se mirent en route pour la faille dans le cirque de rochers entourant la forêt bleue. Ykar avait accepté de vaincre sa peur et de les guider jusque là, ce qui était tout à son honneur car il n’ignorait pas qu’au moment où le soleil se couchait, les Mapeks s’introduisaient immanquablement par la faille, afin d’essayer de capturer encore des bébés licornes, inaccessibles désormais, protégés par les colonnes du Temple de la pureté. Et de fait, à peine étaient ils arrivés aux abords de la faille, qu’une armée de Mapeks féroces leur tomba dessus. Les Mapeks étaient une sorte de petites créatures de la taille d’un adolescent, à la couleur de peau orange et aux longs cheveux noirs, nus jusqu’à la taille et vêtus uniquement d’une sorte de pagne en tissu. Ils brandissaient des tridents pointus dont sortaient des boules de feu lorsqu’ils les dirigeaient vers quelqu’un ou quelque chose.

Il fallait vite parer l’attaque et les anéantir. Aussitôt, Torwald et Yttiam se mirent à leur asséner de vigoureux coups d’épée et de hache à double tranchant, pendant que Xavier, Yram et Akom utilisaient de la magie d’eau pour les neutraliser. La bataille avait été aussi rapide que meurtrière: en quelques minutes les Mapeks gisaient sur le sol, anéantis… Ykar pouvait sans crainte retourner vers le Temple des licornes tandis que nos cinq amis s’infiltraient à tour de rôle dans la faille rocheuse.

Le chemin était long et escarpé. Il était impossible de marcher à deux de front dans ce tunnel étroit et sinueux qui descendait de plus en plus profond. Il faisait également de plus en plus chaud.

-C’est une véritable fournaise! Gémit le chevalier. Moi qui pensait au contraire qu’au plus nous descendions, au plus nous allions nous rapprocher des cavernes de glace.

-Et encore, sois content que tu ne sois qu’un squelette et que tu ne puisses plus transpirer! Ironisa Xavier. Moi, la transpiration me coule le long du dos!

Tout au long du trajet nos héros eurent à affronter d’autres bandes de Mapeks dont ils se débarrassèrent plus ou moins facilement. Mais qu’il faisait donc chaud! Après avoir tourné et encore tourné dans les galeries souterraines nos amis débouchèrent soudain à la fin de la galerie, qui s’arrêtant net au bord d’un escarpement haut de plusieurs mètres. En bas dans une espèce d’énorme salle éclairée uniquement par des torches, on pouvait voir, au milieu, une sorte d’autel sacrificiel constellé de taches rougeâtres. Tout autour de la salle étaient disposées des cages en acier solide, rectangulaires, dans lesquelles en y regardant bien on pouvait apercevoir des petites licornes.

-Les bébés licornes! Elles sont là! Ouf! Elles n’ont pas encore été sacrifiées. Souffla Yram. Mais les taches là, sur l’autel en pierre, on dirait du sang…

-Chut! Tais-toi! S’ils nous entendent nous sommes perdus! Intima Xavier. Et c’était vrai: des dizaines et des dizaines de Mapeks allaient et venaient dans cette salle, entrant et sortant par des galeries souterraines semblables à celles qu’ils avaient empruntées pour arriver jusqu’ici. Les créatures étaient bien trop nombreuses et si elles s’apercevaient de leur présence ici, nos amis n’auraient aucune chance de s’en tirer contre cette horde sauvage déchaînée!

-Dieu ce qu’il fait chaud par ici! Ne put s’empêcher de faire remarquer Torwald.

L’explication de cette chaleur d’enfer allait bientôt s’offrir à eux. Tout au fond de la pièce en contrebas, illuminée seulement par quelques torches, s’ouvrit tout à coup une énorme porte

métallique, révélant un immense brasier, d’où tentaient de s’échapper des flammes oranges et dont se dégageait une chaleur de four, pire encore que ce que nos amis avaient eu à subir précédemment.

-Ce n’est pas possible! Nous ne pouvons pas rester ici! Je ne le supporte plus! J’étouffe! Gémit Yram, demandant grâce pour la première fois depuis le début de cette aventure.

-C’est vrai que cette chaleur est proprement intenable! Confirma Yttiam dont les derniers mots se perdirent dans le murmure de stupeur que ses compagnons ne purent s’empêcher de laisser s’échapper. De la fournaise située juste face à eux, sortait en effet un énorme Mapek au moins trois fois plus grand que ses congénères, plus velu également et qui portait deux cornes noires sur son front.

-C’est probablement Silk, le Prince des Ténèbres. Chuchota Yttiam.

-Dieu qu’il est laid! Lança Yram.

-On dirait le Diable! Murmura Xavier, impressionné malgré tout.

-Le Diable. Non pas le Diable, mais une des formes que le Diable peut revêtir. Tout comme Rawaëll, Eykoub, Temporus et bien d’autres encore… Expliqua le chevalier Torwald.

-Temporus une des formes du Diable? Fit Yram étonnée. Mais Temporus était heureux que nous ayons vaincu Rawaëll et sauvé le Roi Ausgebert! Il t’a également permis de nous accompagner dans notre quête destinée à sauver l’arbre Niala et la planète Ecylop de la destruction. Il ne peut pas être le Diable…

-Tu as encore beaucoup de choses à apprendre chère petite Yram! Malheureusement tu n’es pas encore prête!

-Je ne peux pas le croire!

-Réfléchis donc, Temporus est le maître du Temps, il peut décider de projeter telle ou telle personne dans le passé ou dans l’avenir. Il avait tout à fait les moyens de sauver le Roi Ausgebert des flots d’Aelyss, et ce depuis le début et sans avoir à se servir de la Clé du Temps, d’autant plus que Rawaëll avait perdu tous ses pouvoirs, pourtant il ne l’a pas fait. Il savait que Rawaëll reviendrait un jour mais que tant qu’il posséderait sa clé du Temps il ne pourrait pas être définitivement anéanti, nous lui avons rendu sa clé après avoir anéanti Rawaëll et l’avoir englouti sous les flots. Il pouvait se permettre de me donner une récompense, d’autant plus qu’il avait besoin de nous pour combattre l’envahisseur Sazlem et redonner vie à l’arbre Niala… Expliqua le chevalier.

-Mais enfin, je ne comprends pas, si Temporus était le Diable ou du moins une des formes du Diable il n’aurait pas besoin de nous, il pourrait très bien chasser lui-même l’envahisseur Sazlem

et redonner vie à l’arbre Niala! Et je ne comprends pas non plus pour quelle raison le Diable aurait envie de sauver la planète puisque le Diable est mauvais par excellence! Interrompit Xavier.

-Le propre du Diable est de se servir des autres pour accomplir ses basses besognes. Le Diable n’a d’autre pouvoir que celui de manipuler les gens afin de les amener à le servir, à mettre leurs talents, leurs idées, leurs dons à son profit… Seuls les Dieux ont un pouvoir de réparation ou de destruction.

-Mais pour quelle raison le Diable souhaiterait il sauver la planète? S’enquit Yttiam.

-Tout simplement parce qu’il estime que la planète Ecylop lui appartienne, et que pour garder ce qui lui appartient il soit prêt à aller jusqu’à faire alliance avec les Dieux, afin de détruire un ennemi commun. Plus tard, quand il aura obtenu ce qu’il souhaitait et qu’aucun autre obstacle que ceux venus des Dieux ou de la planète elle-même ne s’opposeront à sa domination, il tentera d’en prendre le contrôle, de la dominer en détruisant ses alliés de jadis… Tu verras, nous entendrons à nouveau parler de Temporus dans quelques années, lorsque le calme sera revenu, s’il revient un jour…

-Mais pourquoi les Dieux ne chassent ils tout simplement pas l’envahisseur Sazlem et ne régénèrent ils pas l’arbre Niala? Interrogea Xavier.

-Nul ne peut sonder l’abîme profond que constituent les desseins des Dieux. Répondit sentencieusement Torwald. Peut-être avons-nous commis une faute, peut être les Dieux estiment-ils

que nous devions faire nos preuves en nous défendant seuls… Qui sait?

-Au risque de voir Ecylop tomber dans les griffes du Diable?

-Peut-être les Dieux souhaitent-ils tester notre résistance morale, notre intégrité, notre dévouement au bien… Et maintenant, chut!

Silk en effet s’approchait lentement de l’autel. De petites flammes voltigeaient autour de lui et sortaient de son nez et de sa bouche lorsqu’il parlait. Tous les Mapeks tournoyaient autour de lui, comme s’ils cherchaient un moyen de se rendre utile, de complaire au Maître. Silk s’assit sur une espèce de trône sculpté à même le rocher et situé derrière l’autel, puis fit un signe en direction des trois cages contenant les trois bébés licornes.

Un Mapek se prosterna devant lui et se frappa la tête sur le sol, gémissant que le Maître devait leur pardonner, qu’ils n’étaient pas parvenus à dérober d’autres licornes étant donné que celles-ci

se cachaient dans le Temple de la Pureté où il était impossible à un Mapek de pénétrer…

-Bande d’incapables! Rugit Silk hors de lui. J’ai absolument besoin de sept bébés licornes pour la pleine lune qui aura lieu après-demain… Le reste de la conversation se perdit dans le rugissement des flammes.

Nos amis s’entre regardèrent. Apparemment les Mapeks ont l’intention de sacrifier les licornes après demain… Dit Yram catastrophée.

-Oui, seulement s’ils sont parvenus à dérober quatre autres bébés licornes d'ici là. Répondit Xavier.

-Pas forcément. Intervint Akom. Même s’ils ne parviennent pas à dérober le nombre de licornes dont ils ont besoin, ils peuvent très bien sacrifier les trois qu’ils détiennent.

-Cela ne leur servirait à rien! Un sacrifice rituel doit justement avoir lieu selon des rites bien précis et si l’on ne suit pas ces rites il est totalement vain… Objecta Xavier.

-Cela malheureusement nous n’en serons sûrs qu’au moment venu. Mais au moment venu, il sera trop tard. Il faut donc faire quelque chose pour sauver les bébés licornes et ensuite reboucher le plus vite possible la faille dans le cirque rocheux afin que plus jamais les Mapeks ne puissent pénétrer dans la forêt d’Yshilde. Fit observer Yttiam.

-Pour l’instant nous ne pouvons rien faire. Il faudrait revenir durant la journée, pendant que les Mapeks dorment pour essayer de libérer les licornes… Répondit le chevalier.

Chacun acquiesça, pour l’instant il était impossible de faire quoi que ce soit, donc il valait mieux retourner dans la forêt et revenir demain matin lorsque les Mapeks seraient endormis. Même ainsi il serait déjà assez difficile de libérer les bébés licornes sans alerter les Mapeks, de les faire remonter par les couloirs jusqu’à la faille et ensuite de reboucher cette dernière avant la nuit, de manière à ce que plus jamais les Mapeks ne puissent pénétrer dans la forêt.

Nos cinq amis retournèrent donc sur leurs pas en prenant garde aux bandes de Mapeks isolés, qu’il fallait à chaque fois combattre.

Chapitre 30

Le lendemain matin Xavier et ses amis se remirent en route. La veille en rentrant ils avaient expliqué à Ykar ainsi qu’à la Reine Yshilde ce dont ils avaient été témoins dans la grande salle souterraine et leur avaient fait part de leurs projets avant de se mettre au lit afin de se reposer avant la grande aventure qui les attendrait au matin. Xavier, Yram, Torwald, Yttiam et Akom pénétrèrent donc une nouvelle fois dans la faille menant à la tanière de Silk, tanière où il gardait les bébés licornes prisonnières. Cette fois ils ne rencontrèrent personne en chemin, tous les Mapeks devaient dormir à cette heure ci. Arrivés au-dessus de la grande salle ils aperçurent les bébés licornes, toujours dans leurs cages et observèrent autour d’eux afin de déceler un éventuel indice susceptible de les aider dans leur mission.

-Là! Regardez! S’écria Xavier. Les cages sont attachés par des câbles à un système de poulies. Cela veut dire que l’on pourrait les soulever de terre et si l’on trouvait un moyen de les faire basculer pendant qu’elles sont en l’air, on parviendrait sans aucun doute à les faire atterrir ici sur cette plate-forme, chacune leur tour et d’ainsi libérer les bébés.

-Il faudrait être un sacré acrobate pour parvenir à descendre dans cette espèce de fosse! Objecta Yttiam.

-Non. Intervint Akom. Il n’y a rien de plus facile. N’oubliez pas que je suis un Scilf! C’est un jeu d’enfant pour moi que de grimper d’ici jusqu’aux câbles, de me faire glisser le long de l’un d’entre eux et ensuite d’actionner les cages et les remonter. Le seul problème c’est que seul je ne pourrai que les faire remonter et qu’il faudrait dans ce cas que l’un d’entre vous ait le courage de sauter d’ici, jusque sur la cage et ensuite de la faire balancer de manière à ce qu’elle parvienne à atterrir ici, sur la plate forme. Si l’un d’entre vous s’en sent capable, moi je suis partant mais dépêchez-vous car cela risque de prendre un bon bout de temps…

-C’est d’accord! Je sauterai sur la cage. Annonça Xavier. Tu peux y aller Akom.

Le visage d’Yram se crispa. Soyez prudents tous les deux!

Akom entreprit d’escalader le plafond de la grande salle en s’agrippant aux rochers qui affleuraient pendant que ses camarades le regardaient faire le souffle court. Une chute de cette hauteur ne pardonnerait pas… Mais Akom s’en tirait fort bien, d’ailleurs il entamait déjà la descente le long du câble. En moins de deux il fut sur le sol. L’opération lui avait pris moins de quelques minutes. Arrivé en bas il fit un signe de victoire à l’adresse de ses camarades, puis s’approcha des cages contenant les bébés licornes. Akom leur prodigua des paroles de réconfort et d’encouragement. Ne vous en faites pas les petites! Bientôt ce cauchemar sera terminé, vous allez retrouver vos parents. Surtout n’ayez pas peur, et ne faites pas de bruit. Il ne faut pas réveiller les Mapeks!

Ensuite Akom s’approcha du mécanisme qui permettait de faire monter et descendre les cages à l’aide des câbles. Il fit jouer le premier mais ce n’était pas le bon, il n’actionnait qu’une cage vide. Il eut plus de succès avec la seconde, il fit jouer la manette une première fois et la cage contenant la première licorne s’ébranla et remonta de quelques mètres. Mais cela ne suffisait pas, il fallait la monter plus haut. Akom fit à nouveau jouer le mécanisme et cette fois la cage fut à bonne hauteur pour que Xavier puisse sauter dessus. Sur la plate forme, le jeune garçon attendait, le coeur battant, que la cage s’immobilise dans le vide afin qu’il puisse y atterrir sans risque. Enfin ça y était, le

balancement s’était arrêté, le souffle court, le jeune garçon ferma les yeux un instant, puis les rouvrit et sans plus réfléchir à rien, par peur de perdre courage, s’élança dans le vide et atterrit sur la

cage. Mais il dut immédiatement se retenir au câble car la cage, déséquilibrée par son poids s’était remise à balancer. Ouf! Elle s’était à nouveau stabilisée, mais pas pour longtemps, car maintenant que Xavier avait pu saisir une prise, il allait falloir faire basculer la cage de manière à ce que ses

compagnons restés sur la plate forme puissent la guider et la faire atterrir avant de faire sortir la première licorne.

Xavier secoua la cage et la fit osciller un peu comme il le ferait pour une balançoire. La cage se mit à nouveau à balancer, mais dans le bon sens cette fois. Il imprima un nouveau mouvement, un peu plus fort. Çà y était presque. La cage approchait de la plate-forme, encore un effort, voilà. Yttiam le plus grand du groupe, parvint à saisir un barreau mais le relâcha aussitôt pour ne pas être projeté dans le vide par le poids de la cage qui retournait en arrière. Un nouveau mouvement et on y était : Yttiam, Torwald et Yram agrippèrent les barreaux de la cage qui se posa plus ou moins délicatement sur la plate forme.

Yram la spécialiste des travaux délicats crocheta la serrure de l’énorme cadenas et ouvrit la porte à la première licorne qui retrouva enfin la liberté ! Yram embrassa le bébé licorne qu’elle trouvait adorablement mignon pendant que ses amis repoussèrent la cage dans le vide afin qu’Akom puisse la faire redescendre sur le sol de la grande salle. Une fois la cage à terre, Xavier sauta sur le sol et grimpa sur la seconde dont Akom actionna immédiatement le mécanisme de remontée, afin de recommencer l’opération de sauvetage au profit de la seconde licorne, qui n’était autre que Bully, le fils de la Reine Yshilde. Akom était fatigué et l’opération dura plus longtemps que la précédente.

Arrivé en bas, Xavier proposa à Akom de le remplacer et d’actionner lui-même le mécanisme de remontée pendant qu’Akom s’occuperait de faire balancer la cage jusque sur la plate-forme.

-Mais alors comment remonteras-tu toi sur la plate-forme lorsque la dernière licorne sera libre? Objecta Akom.

-Il suffira de ne pas faire redescendre la cage dans la salle, comme cela je pourrai grimper le long du câble et revenir sur la plate-forme de cette manière. Tu es trop fatigué. Si tes bras lâchent nous nous retrouvons par terre la licorne et moi! Et nous n’avons aucune chance de réchapper d’une chute aussi haute. Rétorqua le jeune garçon.

Bon très bien. Fit Akom qui grimpa aussitôt sur la dernière cage dont Xavier, sans perdre un instant, actionna le mécanisme de remontée. La cage était à peine posée sur la plate forme rocheuse que Xavier entendit un grincement assourdissant derrière lui. Se retournant brusquement, il fit un bon en arrière, la porte du brasier venait de s’ouvrir, libérant non seulement une chaleur d’enfer, mais également le Maître des Ténèbres: Silk!

Xavier n’eut pas le temps de demander comment le terrible monstre avait pu sortir de là, que ce dernier passait à l’attaque en lui lançant force flammes et boules de feu. Il fallait réagir, et vite. Et cette fois il ne devait pas compter sur l’aide précieuse de ses camarades restés en haut, il lui fallait affronter le démon seul. Que faire? Son épée, même l’épée magique qu’il avait achetée récemment, serait inutile contre un tel monstre. Non, le mieux c’était d’utiliser de la magie glace ou de la magie eau. Mais laquelle? Peut-être une combinaison?

-Zut! Espèce de… Une giclée de flammes lui frôlant le bras venait de lui faire comprendre qu’il n’avait aucun intérêt à perdre trop de temps à réfléchir, qu’il lui fallait agir… Xavier utilisa la magie eau, en se servant du sort pluie. Un nuage chargé d’eau creva au dessus de la créature, qui se mit à hurler de mal au moment où elle fut touchée par l’eau, mais le répit fut de courte durée. Le sort pluie n’était pas assez puissant pour un tel monstre. Essayons ouragan! Le sort ouragan parvint à infliger des dégâts plus conséquents à Silk mais la créature se releva malgré tout… Il fallait essayer autre chose. Peut être raz de marée? Là encore le sort ne fut pas assez puissant pour terrasser le Boss, qui, une nouvelle fois se redressa prêt au combat. Bon. J’ai compris il en veut plus! On va donc mettre le paquet mon gros! Et Xavier combina un sort glace au sort tornade ce qui eut pour effet d’assommer littéralement Silk. Le géant orange essaya de se redresser péniblement mais Xavier lui asséna un nouveau sort combiné, et encore un… Silk parvint une nouvelle fois à se mettre à genoux mais un dernier sort combiné terrassa définitivement le Maître des Ténèbres et enfin Xavier put prendre la poudre d’escampette, grimper le long du câble, et atterrir sur la plate forme. Il était temps! Les flammes débordant du brasier avaient envahi toute la salle après que Xavier eut terrassé Silk. Encore un peu et le jeune garçon eut péri brûlé vif! Maintenant il fallait remonter en espérant ne pas tomber sur des Mapeks, désireux de venger leur Maître mais l’on ne rencontra personne. Le trajet fut difficile pour les trois bébés licornes dont les sabots fragiles buttaient sur les pierres du chemin étroit, mais on arriva finalement à la faille, derrière laquelle attendaient les licornes ainsi qu’Ykar et ses Fiecks.

La Reine Yshilde et les deux autres mamans licornes se précipitèrent vers leurs petits qu’elles pensaient perdus à jamais, tandis que nos amis aidés par les Fiecks se dépêchaient d’obstruer la faille dans la roche afin que plus jamais les Mapeks ne puissent pénétrer dans la forêt d’Yshilde. La Reine Yshilde et Ykar remercièrent nos amis du fond du coeur. Ykar tendit à Xavier ce que nos héros étaient venus chercher dans la forêt: une fiole de lait de licorne argentée, destiné à la fabrication du contre poison.

Xavier, Yram, Torwald, Yttiam et Akom firent leurs adieux à ceux dont ils avaient un moment partagé la vie, avant de se remettre en route pour leur prochaine quête: trois gouttes de venin de serpent guérisseur…

Chapitre 31

-Où allons-nous dénicher un serpent guérisseur? Quelqu’un a une idée? Interrogea Xavier.

-Il n’y a qu’un seul serpent guérisseur, on le trouve dans la dune d’Ishaï, dans le désert bleu. Répondit le chevalier Torwald qui décidément savait beaucoup de choses.

-Et comment peut-on retrouver une dune au milieu d’un désert? Questionna Yram.

-Justement c’est la que réside le fond du problème. Expliqua Torwald. La dune d’Ishaï change de place sans arrêt. Personne n’a jamais pu la localiser, c’est la raison pour laquelle beaucoup pensent que le serpent guérisseur n’est qu’une légende…

-D’ailleurs peut-être n’est-il réellement qu’une légende, car personne n’a jamais pu affirmé avoir vu le serpent guérisseur. Compléta Yttiam.

-Et bien nous voilà beaux! Songea Xavier en retirant ses lunettes et en frottant ses yeux, irrités par le sable bleu issu du désert tout proche que transportaient les vents, très puissants à cet endroit.

-La meilleure chose à faire est de se mettre en route pour le désert. Proposa Yram.

-Où nous risquons de tourner en rond durant des jours et des jours sans jamais trouver la dune d’Ishaï ni le serpent guérisseur. Compléta Xavier.

-Oh toi espèce de pessimiste, tu ne vas pas recommencer! Je ne vois pas ce que nous pourrions faire d’autre que chercher dans le désert. Rétorqua Yram.

-Toujours à vous disputer tous les deux! Ironisa Akom. On dit souvent que l’amour commence toujours par des disputes! Si c’est vraiment le cas vous êtes destiné à vieillir ensemble tous les

deux…

Yram devint toute rouge et détourna le regard, mais Xavier haussa les épaules. Destinés à vieillir ensemble, tu parles! Comme si l’on pouvait tomber amoureux d’un personnage de jeu vidéo! Grogna t’il en lui-même, tout en sachant fort bien qu’il était déjà trop tard…

Les cinq amis pénétrèrent dans le désert, où immédiatement ils furent assaillis par un vent d’une rare intensité. Ils n’en continuèrent pas moins leur marche qui se révéla être un véritable cauchemar. Non seulement on ne voyait pratiquement rien dans cette immensité bleue, car le vent envoyait le sable dans les yeux, mais il changeait également sans arrêt de direction, si bien que l’on pouvait tourner en rond dans le désert durant des éternités en pensant que l’on n’était pas encore passé à tel endroit puisque la dune, présente quelques minutes plus tôt, n’existait déjà plus quelques minutes plus tard, ou avait été déplacée… Et puis parmi toutes les dunes que contenait le désert, comment reconnaître la dune d’Ishaï? Était-elle plus grande que les autres? Plus claire? Plus foncée? Quel était l’élément permettant de la reconnaître des autres?

Nos amis marchèrent des jours entiers dans le désert, à se battre contre le vent, à combattre des armées de phérotèles, les fameux scorpions lanceurs de toile d’araignée, ainsi qu’à chercher désespérément la fameuse dune d’Ishaï. Tout en marchant Yram se tordit soudain le pied sur une pierre qui la fit trébucher, elle voulut se rattraper à ce que dans la tempête de vent elle crut être une dune de sable, mais en tombant, elle se rendit compte qu’il s’agissait en réalité d’un rocher bleu et non d’une dune… Ses camarades s’arrêtèrent pour lui porter secours et pendant que Xavier s’affairait à lui retirer sa chaussure afin de soigner son pied, Akom, grimpé au sommet du monticule de pierre interpella ses amis. Hé! Regardez ici! Je crois bien que nous avons trouvé la dune d’Ishaï!

Xavier et les autres se regardèrent et à leur tour grimpèrent au sommet du monticule de pierre, pour s’apercevoir qu’Akom avait certainement raison. Le monticule de pierre était creux et on pouvait voir un énorme serpent multicolore se déplacer au fond du trou… Alerté par le bruit de leurs voix le reptile se redressa. Il était tellement grand qu’en se dressant il parvint à la hauteur de nos amis, qui instinctivement reculèrent…

-Ne vous inquiétez pas! Susurra le reptile. Je ne vous veux aucun mal! Je suis tellement ssssseul isssi. Que me vaut l’honneur de votre visssite?

-Vous êtes… Vous êtes… le… ser… serpent… le serpent guérisseur? Bégaya le chevalier Torwald.

-Oui, ssss’est tout à fait exact! Une goutte de mon venin sssssssuffirait à guérir le pied de votre jeune amie… sssssela vous tente t’il jeune fille? Proposa aimablement le serpent. Mais j’ajoute que je m’appelle Ishaï et que j’aimerais beaucoup que vous m’appeliez par mon nom. Il y a sssssssi

longtemps qu’on ne me l’a donné… Ajouta t’il tristement. Alors jeune fille, ssssssouhaitez vous que votre pied guérissssssssssse?

-Qu’est-ce qui me prouve que vous soyez bien le serpent guérisseur? Répondit Yram méfiante. On nous a expliqué que la dune d’Ishaï était pratiquement introuvable dans ce désert car elle changeait sans cesse de place, or votre dune est en pierre et ne peut donc se déplacer…

-Ma dune donne l’impressssssssssssion de sssse déplasssssssser et de changer à chaque fois de place, mais en réalité ssssse sont les autres dunes qui sssssssse déplasssssssent avec les vents changeants et sssssss’est à cause de ssssssssela qu’on penssssssse que la dune d’Ishaï change sssssssssans arrêt de place. Vous êtes mes premiers visiteurs depuis une éternité… Mais je vous en prie, ne vous méfiez pas, mon venin est bien le venin guérissssssssssssssseur!

Le serpent avait l’air tellement triste qu’Yram en fut apitoyée et accepta une goutte de venin pour soigner son pied foulé. Le résultat fut aussi rapide que miraculeux: en quelques secondes le pied gonflé et violacé de la jeune fille redevint parfaitement normal et elle put sans le moindre problème se remettre debout!

-Fantastique! S’exclama Yram. Je suis guérie! Je n’ai absolument plus mal et mon pied est redevenu tout à fait comme avant! C’est fabuleux!

Xavier entreprit d’expliquer à Ishaï la raison de leur visite et ce qu’ils souhaitaient obtenir de lui. Le serpent ne fit aucune difficulté pour leur offrir ce qu’on lui demandait, il en rajouta même, au cas où…

Avant que nos amis ne se remettent en route, le serpent leur dit un adieu émouvant, en les suppliant de revenir lui rendre visite et en leur souhaitant bonne chance dans l’accomplissement de leur mission.

Chapitre 32

-Bon, ce n’est pas tout, nous disposons déjà de deux ingrédients pour le contre poison, il nous en manque encore trois. Déclara Xavier.

-Qu’allons-nous chercher cette fois ci? Interrogea Yttiam.

-Cinq larmes d’elfe des marais. Répondit Torwald. Pour trouver cela il nous faut nous enfoncer dans les marais et affronter les terribles zombies qui les peuplent avant de trouver le peuple des elfes, vivant caché.

-Mais ce n’est pas tout, il faut également parvenir à faire pleurer un elfe… Rétorqua Yram.

-Chaque chose en son temps, rendons nous d’abord dans les marais et trouvons le peuple des elfes. Conseilla Akom. Nous verrons ensuite comment faire pleurer un elfe.

Une fois de plus nos cinq amis se mirent en route, cette fois en direction des marais bouillonnants infestés de zombies. Les marais dégageaient une odeur pestilentielle et étaient en permanence couverts par une sorte de brume. Leurs eaux stagnantes bouillonnaient sans arrêt. On disait qu’un monstre visqueux vivait ici quelque part mais personne ne l’avait jamais rencontré, ou du moins ceux qui l’avaient déjà rencontré n’étaient plus là pour en parler. On entendait au loin les hurlements de terreur et de douleur des victimes des zombies que ces derniers dévoraient vivantes. Parmi toute cette puanteur et cette matière en décomposition, entre les attaques en règle des zombies, il fallait essayer de trouver le peuple des elfes…

Nos cinq amis arrivèrent devant un rideau de plantes aquatiques et terrestres qui les cachaient tant bien que mal, et aperçurent autour d’une pièce d’eau stagnante et bouillonnante des espèces de huttes dont certaines en toile et d’autres en branchages, qui devaient être des habitations. Mais ce n’était certainement pas le village des elfes. Des quartiers de viande en décomposition qui dégageaient une odeur pire encore que celle émanant des marais, ainsi que des enfants qui jouaient au football sur une placette avec une tête arrachée, témoignait plutôt de ce que ce village était celui des zombies! Au comble de l’horreur nos cinq héros aperçurent une famille attablée devant la porte

d’une maison, qui terminait ce qui semblait être son déjeuner, en l’occurrence le buste d’une femme échevelée et encore vivante dont la mère grignotait une jambe et les deux enfants se partageaient un bras tandis qu’elle hurlait à mort …

Il fallait absolument faire quelque chose. Sans réfléchir plus loin, Yram banda son arc et décocha une flèche à la malheureuse créature, abrégeant ainsi enfin ses horribles souffrances. C’était une bonne action mais pas une bonne idée, car aussitôt tout le village des zombies fût sur eux. Il fallait courir vite pour échapper à l’attaque qui les submergerait sans le moindre doute. Nos amis se mirent à courir dans la direction opposée à celle où ils étaient venus, mais là encore ils se trouvèrent face à une autre armée de zombies qui revenait de la chasse… Encerclés de toutes parts, nos héros ne pouvaient plus échapper au combat! Et il risquait d’être rude! Mais contrairement à ce que pensaient nos amis, il ne fallut pas recourir à la magie, quelques bombes lancées au milieu d’un attroupement de zombies, quelques coups d’épée, de hache et quelques flèches, et la tribu entière était décimée! Il n’y avait plus un seul zombie vivant dans les marais.

Un calme plat tomba sur les marais bouillonnants, où même les oiseaux s’étaient tus. Xavier et Akom fouillèrent les branchages avec des bâtons afin d’être bien sûr de les avoir détruits tous. Tous les zombies étaient bien morts. Les deux amis firent le tour du village où régnait toujours cette atroce puanteur de chair en décomposition. Xavier était intrigué car il lui semblait avoir entendu des cris, mais il était incapable de les localiser et encore moins de les identifier. Seulement par acquit de conscience il voulait s’assurer de ce que ce n’étaient pas d’autres victimes des zombies, mises au frais en attendant d’être consommées…

Pendant que le chevalier et Yram montaient la garde dehors, Xavier, Akom et Yttiam fouillèrent toutes les cases et les huttes du village. Dans la plus grande, celle qui semblait avoir été celle du chef, les cris lui semblèrent plus net et Xavier cru apercevoir un éclat métallique sous la couche de poussière et de paille qui jonchait le sol. Intrigué, il écarta les saletés et constata que l’éclat métallique provenait d’une sorte de cadenas et que ce cadenas fermait une trappe dans le sol. C’étaient de là que partaient les cris qu’il entendait depuis dehors. Il y avait quelqu’un là dedans…

Ses amis le rejoignirent et l’aidèrent à briser le cadenas. Xavier ouvrit la trappe et instinctivement, ne sachant ce qui allait en sortir, sauta en arrière et dégaina son épée, suivi en cela par Yttiam et Akom. Mais ce qui en sortit était tout sauf ce à quoi ils s’attendaient: une énormes nuée de minuscules créatures, faites comme des Ecylopiens mais ailées, s’envola du trou libéré par la trappe. Les elfes des marais bouillonnant! Mais que Diable faisaient-ils entassés dans cette cave?

Il y en avait des centaines! Les petites créatures vertes se confondirent en remerciements envers leurs sauveurs! Merci! Oh merci! Vous nous avez sauvé la vie! Les zombies avaient murés l’entrée de nos cavernes sur lesquelles ils ont construit leur village. Ils voulaient garder une sorte de réserve de nourriture fraîche, pour les jours difficiles. Dieu qu’ils en ont mangé de nos frères et de nos soeurs. Grâce à vous nous pouvons à nouveau vivre à l’air libre et reconstruire notre village à l’air pur. Nous ne serons plus obligés de vivre dans ces grottes infectes avec pour toute nourriture des larves et des rats! Merci Oh merci! L’elfe qui venait de prononcer ces paroles incapable de se contenir, éclata tout à coup en sanglots. Yram qui venait d’entrer, mit quelques secondes à réagir avant d’ôter son casque et d’y recueillir les larmes de joie que versait l’elfe libéré…

Ses compagnons la regardèrent avec admiration: sans elle, ils revenaient à Mustek sans les larmes de l’elfe car ils n’auraient pas réagi aussi vite!

Chapitre 33

-Félicitations Yram! Sans toi nous passions à côté d’un ingrédient essentiel!

Xavier regarda Yram du coin de l’oeil, il n’avait pas desserré la bouche depuis qu’ils avaient quitté le marais et qu’Akom avait commencé à chanter les louanges de leur camarade. Yttiam qui

s’était aperçu de la tension qui devenait palpable entre Xavier et Akom dévia habilement la conversation sur la quête suivante: il fallait maintenant un ongle de griffon noir. Pour cela il fallait

escalader la haute falaise de la montagne Grinks qui menait au sommet le plus haut, le plus abrupte et le plus escarpée de la planète. Cette montagne se situait au milieu de la forêt de Wahya et se perdait dans les brumes tellement elle était haute!

-En route donc pour la forêt de Wahya! Lança Yttiam à la cantonade. La petite troupe se mit en marche. La montagne Grinks ne fut pas tellement difficile à trouver, ce qui serait nettement plus difficile ce serait de l’escalader et d’arriver au sommet.

-Je suis le meilleur en grimpette! Laissez moi y aller tout seul, je monte, je m’arrange avec le griffon pour qu’il me donne une raclure d’ongle et je redescends. Qu’en pensez-vous? Proposa Akom.

-Hors de question! Répondit brusquement Xavier. J’y monte aussi. Nous ne serons pas trop de deux!

-Bien je pense qu’il soit préférable que nous y allions tous, à moins que Torwald et Yram ne préfèrent rester en bas? Demanda Yttiam.

-Pour quelle raison resterais-je en bas? Parce que je ne suis qu’une fille c’est cela? Et non un grand chef de guerre comme Messire Yttiam! Mais n’oublie pas que je suis la fille de Wybrak, Yttiam! Et que je vaux mon père!

-Oh tu ne me laisses guère le loisir de l’oublier. Il en sera fait comme tu voudras petite. Accompagne-nous si tu le souhaites. Accorda le chef de guerre.

-Bien qu’il n’en n’eût pas fort envie Torwald se sentit obligé d’accompagner ses amis au sommet. L’ascension fut extrêmement difficile, non seulement parce que le chevalier Torwald avait le vertige et manquait à chaque instant de faire le grand plongeon dans le vide, si bien qu’il fallait sans cesse le retenir. Mais également parce que chaque fois que l’on pensait avoir trouvé une bonne voie, elle tournait court et il fallait redescendre et reprendre l’ascension à la base. C’était terriblement éprouvant et décourageant. Mais il fallait persévérer, il fallait arriver au sommet, il fallait impérativement ramener le quatrième ingrédient: l’ongle de griffon noir!

Alors qu’ils étaient déjà parvenus à la moitié de l’ascension, Xavier et ses amis parvinrent jusqu’à une grotte dont ils imaginèrent qu’elle pouvait les mener jusqu’au sommet car la galerie montait de plus en plus haut, mais à un certain moment elle se mit au contraire à descendre à un point tel qu’ils se retrouvèrent à la base de la montagne, mais de l’autre côté… C’était vraiment à désespérer!

Ils reprirent l’ascension à zéro. Cette fois semblait être la bonne. Nos amis à force de courage et de ténacité parvinrent sur la plate forme située aux trois quarts de la montée. Ils en profitèrent pour s’arrêter et souffler un peu afin de reprendre des forces, car la suite promettait d’être rude. L’ascension en effet s’avérait impossible de ce côté de la montagne, il fallait la contourner afin de trouver un passage pour arriver au sommet. Nos amis se remirent en route, un vent glacial s’était levé, qui amena rapidement une tempête de neige. Xavier et ses camarades s’enfonçaient maintenant dans vingt bons centimètres de neige, tout en marchant sur un sentier de plus en plus escarpé et de plus en plus étroit, qui frôlait les à-pics à chaque tournant. Le chevalier Torwald se sentait de plus en plus mal.

-Il n’avait qu’à pas nous accompagner! Je l’avais bien dit qu’avec son fichu vertige il ne ferait rien d’autre que nous gêner! Il nous retarde… Reprochait Xavier. Il pouvait très bien nous attendre en bas!

-Tu es méchant Zavieh. Nous formons un groupe, nous sommes unis, soudés. Nous n’avons pas le droit d’abandonner l’un des nôtres. Nous devons au contraire le pousser à persévérer, à se dépasser. Est-ce que tu as déjà entendu parler d’entraide? Reprocha Yram.

-Nous ne sommes pas ici pour établir un record, mais bien pour rapporter le plus vite possible les ingrédients du contrepoison pour sauver l’arbre Niala. Ce n’est pas vraiment le moment d’essayer de prouver ce que nous valons chacun. Il nous faut nous dépêcher avant qu’il ne soit trop tard… Rétorqua le garçon.

Yram haussa les épaules. Zavieh avait décidément une pierre à la place du coeur. Elle donna la main au chevalier squelette sujet au vertige afin de le rassurer et la montée se poursuivit en silence. D’ailleurs le vent qui soufflait en blizzard interdisait désormais toute conversation. Le souffle coupé, nos amis devaient prendre garde à ne pas se perdre, mais aussi à ne pas glisser dans le ravin. Le sentier qu’ils suivaient contournait la montagne.

-Quelle épreuve! Heureusement qu’en plus, nous n’ayons pas à affronter des ennemis, car nous ne nous en sortirions pas! Songea Xavier à part lui.

Mais depuis un petit moment, la tempête de neige semblait perdre en puissance : le vent soufflait moins fort et les flocons s’espaçaient. Au fur et à mesure que l’on avançait apparaissaient des plaques de terre et d’herbe aux endroits où avait fondu la neige. Le ciel s’éclaircissait. Enfin le chemin s’élargit et on arriva dans une sorte de petite clairière où poussait de l’herbe bleu turquoise et de petites fleurs multicolores. C’était magnifique. On en profita pour faire halte et se restaurer ainsi que prendre un peu de repos, car le pire restait à venir. En effet, on était pratiquement au sommet de la montagne. On pouvait maintenant en faire le tour aisément en quelques instants. Il n’y

avait plus le moindre chemin montant à son sommet, rien qu’une falaise escarpée et abrupte qui semblait mener dans les nuages eux-mêmes…

Xavier fit à plusieurs reprises le tour de la montagne sans rien apercevoir d’autre que la magnifique pelouse fleurie et le merveilleux paysage que l’on pouvait admirer d’ici. Le pays tout entier s’étendait devant eux, perdu dans les brumes. C’était magnifique. Le jeune garçon observa la paroi rocheuse à la recherche d’un éventuel indice, mais ne trouva rien. Il allait falloir escalader la paroi et partir à la recherche de l’ongle de ce fameux griffon noir…

-Comment nous recevra-t'il celui là? Se demanda le garçon. En ami ou en ennemi?

Nous ne pourrons jamais escalader cette paroi, elle est trop lisse. Nous n’aurons aucune prise. Fit la voix d’Yttiam derrière lui.

-Oui, j’ai le sentiment que nous allons devoir trouver une autre solution. S’exclama Yram, découragée.

-Nous en revenons à ma solution! Je grimpe là haut sans le moindre problème, je déniche le griffon noir, je lui demande un ongle, en espérant qu’il se montre coopératif… Et ensuite je redescends! Affirma Akom avec force.

-C’est probablement la meilleure idée qui soit et la seule qu’il soit possible à mettre en pratique. Répondit Yttiam.

-En tout cas, moi je ne monte pas là haut… Grogna le chevalier Torwald.

Même Xavier n’éleva plus aucune objection cette fois. Il n’avait rien d’autre à proposer et se sentait totalement incapable, avec la meilleure volonté du monde, d’escalader une paroi quasiment

lisse à mains nues… Akom entama donc l’escalade et fût rapidement hors de vue car il s’enfonça dans les nuages qui encerclaient la montagne un peu plus haut. Nos amis se préparèrent à l’attente en se rongeant le frein. Quels risques prenait Akom là haut et quels dangers encourrait-il? S’il échouait, la planète courrait à sa perte… Et s’il lui arrivait quelque chose? L’angoisse tordait les entrailles de ses amis : en quelques jours à peine, le petit Scilf avait conquis les coeurs par sa sympathie et sa gentillesse. Même Xavier se surprenait à s’inquiéter pour son nouvel ami qu’il avait néanmoins un peu tendance à considérer comme un rival…

Heureusement l’attente ne fut pas longue. Quelques minutes à peine après qu’Akom eut disparu dans les brumes du sommet, un énorme fracas leur fit lever la tête. Le sol s’était mis à trembler. On aurait dit que tout à coup la montagne s’écroulait. Instinctivement ils se reculèrent et ne purent que constater qu’un escalier en roche venait d’apparaître le long de la paroi abrupte.

Akom réapparût également. Venez! Montez! J’ai trouvé le mécanisme permettant d’enclencher cet escalier. Nous pouvons continuer la quête ensemble. Cria t’il. Nos amis ne se le firent pas répéter et grimpèrent prudemment les marches de pierres de l’escalier miraculeusement apparu.

Arrivés à la hauteur d’Akom, ce dernier leur expliqua qu’il avait trouvé le mécanisme par hasard en se rattrapant à ce qu’il avait cru tout d’abord être une branche, alors qu’il avait failli tomber, mais que la branche en question, sous la traction exercée par le jeune Scilf s’était abaissée en révélant cet escalier.

Nos héros se remirent en route vers le sommet, qui paraissait encore bien loin. Ils étaient épuisés et devaient prendre garde à ne surtout pas rater une marche dans ce brouillard. Mais tout à coup le brouillard céda la place à une immense lumière dorée et le froid à une douce chaleur. L’escalier se terminait, on était au sommet de la montagne, enfin! Mais ce sommet était désespérément vide. Ce n’était qu’un amas de rochers. Il n’y avait pas la moindre trace du plus petit griffon noir. Nos amis se regardèrent désolés. Et regardèrent autour d’eux. Ils étaient au-dessus des nuages, dont le sommet flottait juste sous leurs pieds comme d’immenses flocons de ouate.

-Oh comme c’est beau! J’ai envie de plonger dedans. Fit Yram en oubliant d’un seul coup toute sa fatigue.

-Moi à ta place je n’essayerais pas! Tu vas tout simplement te retrouver aplatie comme une crêpe au pied de la montagne! Rétorqua Xavier.

-Oh ne recommences pas… Mais Yram n’eut pas le temps de terminer sa phrase, un grand bruissement d’ailes les fit tous sursauter et une ombre noire les survola…

-Qu’est ce que c’est que cela? S’inquiéta le chevalier Torwald.

-Je ne sais pas! C’était vraiment étrange… Répondit Yttiam.

-Oh c’est probablement le griffon noir. Cela ne peut d’ailleurs être que lui. Rétorqua Xavier.

-Le griffon noir. Tu crois vraiment? Interrogea Torwald.

Xavier n’eut pas besoin de répondre, l’ombre repassa au dessus de leurs têtes où elle décrivît un cercle avant de se poser au milieu du petit groupe. C’était bien le griffon noir, il n’ y avait pas le moindre doute possible! Et la créature semblait aussi peu commode que possible!

-Que venez-vous faire céans marauds! Leur lança t’elle en guise de bienvenue.

-Heu… C'est-à-dire que … Commença le chevalier, hésitant à expliquer à la terrible créature qu’en réalité ils venaient simplement pour lui dérober un ongle…

-Ce n’est pas une réponse! Parlez ou je vous fais jeter dans le vide! Intima le griffon.

-Yram prit son courage à deux mains et expliqua au griffon noir la raison de leur présence ici et leurs quêtes passées: il fallait impérativement sauver la planète Ecylop de l’envahisseur Sazlem, mais il fallait surtout sauver l’arbre Niala de la destruction…

-Ils m’ont exilé ici et maintenant ils se tournent vers moi pour les aider! Rugit le griffon. Il ont un sacré toupet!

-Qui vous a exilé ici? Interrogea doucement Yram, en prenant garde de ne pas brusquer l’irascible créature.

Le griffon lui dédia un regard noir, mais daigna tout de même répondre. L’Empereur Yug! L’Empereur dont j’étais le fidèle ami et serviteur m’a relégué ici…

-Et pour quelle raison? Lui aviez vous fait quelque chose de mal? S’enquit Yram.

-Quelque chose de mal! Explosa la créature légendaire. Quelque chose de mal! Quand a-t'on

vu un griffon, le modèle de l’honneur et de la moralité, faire quelque chose de mal?

-Mais alors que s’est il passé? Expliquez nous, l’Empereur Yug semble pourtant être un homme correct et honnête…

-L’Empereur Yug est un homme correct et honnête, mais l’Empereur Yug est surtout un homme terriblement naïf et crédule… Il s’imagine que tout le monde est honnête et intègre comme lui… Et cela lui joue des tours car il accorde sa confiance à qui n’en n’est pas digne!

-Oui vous avez raison! Intervint Yttiam. Cela a été prouvé avec Ynad. Il était le meilleur ami de l’Empereur qui avait toute confiance en lui, d’ailleurs qui n’aurait pas eu confiance en Ynad? Pourtant ce dernier n’a pas hésité à le trahir!

-Qui te parle d’Ynad misérable ver de terre! Tu commets exactement la même erreur que Yug! Ynad est le plus honnête des Ecylopiens…

-Que voulez-vous dire? Interrompit Xavier. C’est Ynad qui a trahi l’Empereur et qui a pris la tête d’une troupe d’insurgés, ensuite c’est également lui qui a ouvert la porte intersidérale dans la mine abandonnée afin d’ouvrir le passage à l’envahisseur Sazlem…

-Foutaises que tout cela! Rugit le griffon hors de lui. Ynad n’aurait jamais fait une chose pareille! D’ailleurs il ne l’a pas faite! Du moins pas de son propre gré! Son esprit a été possédé par le véritable traître, qui lui se fait aider par un terrible démon qui lui a transmis son savoir en matière de magie noire! Le véritable traître a appris du démon comment ensorceler, comment tenir captif l’esprit d’un honnête homme pour l’amener à servir la cause du mal et il s’est servi de l’esprit d’Ynad! Ynad agissait mais c’était le traître qui commandait son esprit. Ainsi le traître obtenait ce qu’il souhaitait sans jamais être inquiété et mieux, il se débarrassait de son plus féroce adversaire, celui qui l’avait percé à jour mais qui attendait d’être en possession de suffisamment de preuves pour le dénoncer à Yug, qui ne l’aurait jamais cru sans cela: Ynad en personne!

-Vous voulez dire qu’en réalité il y aurait un autre traître, qu’Ynad l’aurait découvert et que ce traître se serait servi de magie noire pour amener Ynad à agir à sa place, pour son compte et que maintenant qu’il n’a plus besoin de lui, il aurait sacrifié Ynad? Questionna Yttiam épouvanté par ce que cela sous-entendait.

-Tout à fait. Ainsi, Ynad mort le traître n’a plus aucune chance d’être inquiété tout en ayant obtenu ce qu’il souhaitait: l’alliance avec Sazlem et dans un avenir proche la condamnation à mort de l’Empereur Yug dont il prendra la place en remerciement de ses bons et loyaux services envers Sazlem!

-Mais c’est terrible ce que vous racontez là! Comment êtes-vous au courant? Et pourquoi n’avoir pas tout expliqué à Yug?

-Mais justement, c’est cela la raison de ma présence ici! Je possède la capacité de me rendre invisible comme tous les griffons et j’ai surpris le traître en pleines négociations avec l’ennemi! J’ai voulu tout expliquer à Yug, lui démontrer qu’Ynad n’avait été qu’un jouet entre les mains du traître qui avait besoin de lui à la fois parce qu’il était le seul à pouvoir rouvrir la porte interstellaires laissant le passage aux Sazlems et parce qu’une fois la culpabilité d’Ynad établie, le traître ne serait

plus jamais inquiété, puisque Ynad était le seul à pouvoir le dénoncer et prouver sa culpabilité!

-Et alors? Je ne comprends pas…

-C’est pourtant simple. Yug était tellement persuadé d’avoir été trahi par son meilleur ami, tellement furieux, qu’il n’a tout simplement pas voulu me croire lorsque je lui ai donné l’identité du véritable traître. Il ne pouvait y croire. Alors lorsque j’ai entrepris d’essayer de lui prouver mes dires, il m’a fait exiler ici après avoir pris soin de me faire retirer mes pouvoirs…

-Mais pourquoi a-t'il privilégié un quelconque chef de guerre au détriment de son meilleur ami qu’il connaît pourtant depuis longtemps? Demanda Xavier.

-Yug est un être bizarre. Il n’accorde sa confiance qu’à de rares personnes, mais lorsqu’il l’a accordée il faut se garder de la trahir car il se montre impitoyable dans ce cas… Il a été terriblement choqué et attristé par la trahison d’Ynad et a été réellement persuadée de celle-ci au point de penser que je pouvais être le complice d’Ynad et essayer de manipuler Yug en accusant quelqu’un d’autre de la trahison, d’où mon exil… Que je ne lui pardonnerai jamais. Affirma le griffon d’un air digne.

-Et qui est le véritable traître? Interrogea Yttiam. Vous avez parlé d’un autre chef de guerre, est-ce réellement possible? Nous avons tous juré fidélité à notre Empereur et à la Constitution qui régit la planète Ecylop…

-C’est la raison pour laquelle je ne donnerai plus jamais le nom du véritable traître. De toutes manières il se révélera tout seul dans les jours qui viennent…

-Mais il sera trop tard! Avança Yttiam.

-Il est déjà trop tard. Un innocent a péri à cause d’un traître et à la place d’un traître! Les Dieux ne vous le pardonneront jamais. Ecylop est perdue. Énonça doctement l’animal.

-Ynad n’est pas mort. Il était vivant lorsqu’il a été précipité au fond des cavernes de glace. Mais j’y pense… Si Ynad est innocent pourquoi aurait il injecté sa dose de poison dans les racines de l’arbre Niala en sachant que s’il mourrait la planète était perdue? Questionna Yram.

-C’est pourtant simple. Répondit le griffon. Ynad sait que la porte interstellaire a été rouverte et que l’envahisseur Sazlem est à nos portes. Il sait qu’une longue ère de terreur et de mort s’ouvre devant Ecylop dont les habitants sont condamnés à une mort atroce s’ils n’acceptent pas le joug Sazlem, c'est-à-dire l’esclavage, la peur, la dénonciation, la mort… Ynad préférerait mourir que d’avoir à subir cela en sachant que rien ni personne ne le sauverait, alors il a condamné la planète, pour qu’elle ne tombe pas à la merci de l’envahisseur… C’est un acte très courageux, il aurait pu s’injecter lui-même sa dose de poison et se suicider sans se préoccuper de ceux qui l’ont condamné, mais il s’est sacrifié à leur profit, afin que leurs souffrances soient de courte durée… Je ne sais pas si c’est une bonne chose que d’essayer de sauver l’arbre Niala…

Nos amis se regardèrent atterrés. Il fallait absolument faire changer le griffon d’avis, il fallait impérativement obtenir l’ongle afin de fabriquer le contre poison. Il fallait sauver l’arbre Niala et la planète Ecylop!

-Si vous nous dites qui est le traître, nous pourrons peut-être déjouer ses plans… Temporisa Yttiam.

-Il est déjà trop tard! L’avenir d’Ecylop est en marche, on ne peut pas changer le destin…

-Il n’y a pas de destin! S’emporta Xavier. Le destin cela n’existe pas. Cela se change en corrigeant les erreurs passées, en les réparant. Rien n’est écrit dans la vie. C’est nous et nous seuls qui décidons de notre avenir. Vous n’avez pas le droit de condamner la planète parce que Yug s’est trompé. Vous condamnez à mort des millions de gens, pour une seule personne qui a commis une erreur, alors qu’en nous donnant cet ingrédient, le chaman pourra préparer le contrepoison, nous l’injecterons dans les racines, sauverons l’arbre, ramènerons Ynad à la surface, essayerons de le soigner et combattrons le véritable traître et les armées Sazlem… Les armées impériales ont toutes leurs chances face à l’envahisseur Sazlem, car n’oubliez pas que la porte interstellaire est refermée. Les seuls Sazlems que nous aurons à combattre sont ceux qui ont réussi à se faufiler…

-Et qui sont déjà très nombreux… Corrigea le griffon noir, ébranlé malgré tout par le plaidoyer de Xavier.

-Laissez-nous au moins une chance d’essayer. Implora Yram. Ne commettez pas la même erreur que Yug…

Ce dernier argument l’emporta et à contre coeur, le griffon accepta de leur donner l’ingrédient dont ils avaient besoin.

Nos amis le remercièrent du fond du coeur, et émus jurèrent à l’animal fabuleux qu’ils plaideraient sa cause auprès de l’Empereur si jamais les choses venaient à s’arranger…

Chapitre 34

-Bien. Dernier ingrédient: un quartier de potiron violet. Annonça Yram après la descente de la montagne.

-Où allons-nous trouver cela? S’enquit Xavier.

-Nous devons nous rendre au village de Kyliu, au-delà des marais, c’est là qu’habite la sorcière Zyidia qui cultive les potirons violets destinés aux potions magiques et sortilèges divers. Il suffit de la convaincre d’accepter de nous en vendre un. Répondit le chevalier Torwald qui était remonté avec joie sur son fier destrier squelette dont il caressait la crinière avec tendresse.

Après avoir dépassé les marais bouillonnants que ne hantaient plus les redoutables et cruels zombies et où les elfes étaient en train de reconstruire leur village après avoir fait le ménage et s’être débarrassés de tous les résidus de zombies en brûlant leurs corps et les cabanes en toile et en bois qui leur tenait lieu d’habitation, nos amis trouvèrent la route menant au village de Kyliu où habitait la sorcière Zyidia.

Si le marais était débarrassé des créatures dangereuses qui le hantaient, la route de Kyliu en revanche était infestée de plantes carnivores comme les champignons à chapeau qui vous dévoraient si vous aviez le malheur de passer à proximité ou les citrouilles explosives qui comme leur nom l’indique explosaient au visage de qui avait le malheur de les effleurer…

Le trajet jusqu’à Kyliu fut loin d’être une sinécure mais nos amis finirent par y parvenir, à bout de résistance. Ils entrèrent dans une taverne pour se restaurer et se reposer mais également pour se renseigner et savoir où ils pourraient trouver la sorcière Zyidia… La réaction fût immédiate: Dehors! Sortez d’ici étrangers de malheurs! Rugit l’aubergiste.

-Mais qu’est ce qui vous prend? Questionna Xavier. Nous vous avons simplement posé une question…

L’aubergiste se saisit d’un énorme bâton et le brandit en direction de nos amis. J’ai dit dehors! Il est des noms qu’il ne faut jamais prononcer ici! Dehors avant que vous n’apportiez le malheur sur ma maison et ma famille! Quittez ce village au plus vite!

Impossible de faire autrement que d’obéir, à moins d’engager le combat avec l’aubergiste ce qui risquait fort de se terminer en pugilat avec tout le village car des clients se levaient déjà, menaçants…

-Bon, bon! D’accord, nous partons. Annonça Yttiam.

Xavier et les autres quittèrent l’auberge et se retrouvèrent dans le village, bien décidés à chercher la sorcière par leurs propres moyens… Ils remontèrent la grand-route en espérant trouver un indice leur permettant de localiser la maison de la sorcière Zyidia. A la sortie du village nos amis découvrirent un petit chemin qui serpentait sous les arbres et décidèrent de l’emprunter. A nouveau ils furent assaillis par les champignons à chapeau et les citrouilles explosives mais cette fois ci les

citrouilles étaient violettes… On était sur la bonne voie!

Enfin Xavier et ses amis arrivèrent devant une petite chaumière rose au toit de paille bleue. Probablement la maison de la sorcière. Xavier prit son courage à deux mains et frappa à la porte.

Celle-ci s’ouvrit quelques minutes plus tard, alors qu’ils allaient repartir, croyant qu’il n’y avait personne, sur la plus incroyable vieille que nos amis eussent jamais rencontrée. Contrefaite et bossue, elle possédait des bras qui traînaient jusqu’à terre. Sur son corps difforme, était posée directement une grosse tête ovoïde. Son visage était bien celui que l’on imaginerait en songeant à une sorcière: bouche édentée, nez crochu surmonté d’une énorme verrue poilue, petits yeux cruels et perçants, tête surmontée d’un chapeau noir sur lequel était perché un corbeau…

-Que puis-je pour votre service? Demanda la vieille d’une voix de crécelle.

-Êtes-vous Madame Zyidia? Interrogea poliment Yram.

-Madame Zyidia? Cela fait un bail que personne ne m’a plus appelée Madame en admettant que quelqu’un l’ait déjà fait au cours de mes nombreuses vies! Mais oui je suis bien Madame Zyidia… Que puis-je pour votre service gente dame?

Une fois de plus Yram se mit en devoir d’expliquer leur quête et la raison de celle-ci.

-Alors comme cela vous voulez un potiron violet?

-Oui. C’est bien cela. Répondit Yram. Seriez-vous disposée à nous en vendre un?

-Tout à fait gente dame. Mais pour cela il faut de l’or. Beaucoup d’or. Et je ne pense pas que vous en ayez suffisamment… Quoi? C’est là tout ce que vous possédez? Interrogea l’horrible vieille après examen du contenu de la bourse de nos amis. C’est loin d’être assez! Il vous faut au moins vingt mille Ecyl d’or pour m’acheter un potiron violet. C’est une denrée très rare vous savez. Il faut au moins trois cents ans pour le faire pousser et cinq cents ans pour le faire parvenir à maturité…

-Vingt mille Ecyl d’or! Mais c’est une somme colossale! Comment voulez-vous que nous dénichions autant d’or? S’offusqua Yttiam.

-Derrière le village s’étend la plaine de Spary. Si vous regardez bien en direction de l’Ouest, vous apercevrez un immense arc-en-ciel qui surplombe la plaine. A l’un des pieds de cet arc-en-ciel se trouve un énorme chaudron d’or, lui-même rempli d’or. Cela fait des années que je convoite ce chaudron, malheureusement, mon âge, mon infirmité et le fait que cette plaine soit infestée de champignons à chapeau, de citrouilles explosives, de tomates sauteuses etc. m’a toujours empêché de partir à sa recherche. Ramenez moi ce chaudron, vous qui êtes de valeureux guerriers et vous aurez votre potiron violet…

Une fois de plus nos amis se consultèrent du regard. Que faire d’autre qu’accepter la quête proposée? Il fallait bien ramener le dernier ingrédient afin de fabriquer le contre poison… Nos amis

se mirent en route vers la plaine de Spary et entamèrent leur rude combat contre la végétation en folie. Mais il ne fallait pas se contenter de combattre les plantes, il fallait aussi parvenir au pied de l’arc-en-ciel et récupérer le chaudron d’or. Ce n’était pas chose aisée car la sorcière n’avait pas précisé à quel bout de l’arc en ciel se trouvait le chaudron et l’arc en ciel en question semblait s’éloigner au fur et à mesure que l’on avançait. C’était désespérant, à croire que la sorcière leur avait donné une quête impossible à réaliser.

Enfin on atteignit le pied de l’arc en ciel, mais ce n’était pas le bon. Tout était à recommencer. Mais cette fois, il fallut en plus subir l’assaut des coquelicots carnivores et des sauterelles géantes qui semblaient les attendre, cachées dans les champs de maïs hurleur… Et en longeant les champs de blé du fermier voisin, il ne fallait surtout pas commettre l’erreur de s’écarter du chemin et de s’y enfoncer si l’on ne voulait pas connaître l’horreur de terminer brûlé vif…

-Regardez! Le chaudron! Il est là au pied de l’arc en ciel! Nous avons réussi! Enfin! Se réjouit Akom en courant de toute la vitesse de ses pattes vers le chaudron d’or qui semblait les attendre au pied du magnifique arc en ciel irisé.

Xavier voulut s’emparer du chaudron d’or mais l’arc en ciel se transforma immédiatement en un énorme nuage multicolore qui se mit à déverser sur nos amis des torrents de pluie.

Immédiatement Xavier et ses camarades furent prêts au combat. Les armes étant totalement inefficaces contre un nuage, même Yttiam et le chevalier Torwald durent avoir recours à la magie.

Xavier essaya la magie foudre mais celle-ci se retourna contre lui en heurtant le nuage qui se mit tout à coup également à produire de terribles éclairs. Yram tenta la magie feu qui n’eût pas plus de

succès, la pluie du nuage neutralisant l’effet des boules de feu lancées par Yram. Akom tenta la magie eau espérant noyer le nuage mais rien à faire, du nuage tombèrent des torrents de pluie,

noyant totalement la plaine de Spary qui devint un immense marécage. C’était terrible, car l’eau débordait de toutes parts, les ruisseaux et les rivières grossissaient dans tout le pays et l’inondation menaçait. Le chevalier essaya la magie chaleur dans l’espoir qu’une chaleur intense assécherait à la fois le nuage et la plaine mais sans plus de succès. Yttiam lui, ne connaissait strictement rien à la magie, et tenta la magie glace imaginant que le nuage se durcirait et qu’il cesserait enfin de pleuvoir, mais cela non plus n’eut pas l’effet escompté: il cessa bien de pleuvoir mais à la place d’énormes grêlons aussi gros que des oeufs d’autruches se mirent à tomber sur Xavier et ses amis.

Cela devenait vraiment désespéré. On n’en viendrait jamais à bout! Xavier alors eût une idée: on pouvait peut être disperser le nuage en utilisant la magie vent, il essaya mais sans beaucoup de succès, l’énorme nuage s’effilocha quelque peu mais sans pour cela subir de véritables dégâts. A bout de nerfs, Xavier tenta alors le niveau «tornade » de la magie vent, et à sa grande surprise l’immense tornade aspira littéralement le nuage, et lorsque la magie s’éteignit, le nuage avait disparu avec la tornade… On avait réussi une fois de plus!

Sans plus attendre, nos amis retournèrent chez la sorcière Zyidia, lui porter le chaudron rempli d’or afin de recevoir leur potiron violet bien mérité, avant de reprendre leur route vers la capitale Mustek munis de tous les ingrédients nécessaires à la préparation du contrepoison.

Chapitre 35

De retour à Mustek, Xavier et les autres s’empressèrent de se rendre au Palais de l’Empereur Yug afin de donner les ingrédients à la sorcière Mina ainsi qu’au chaman Yorik. Les deux mages se mirent immédiatement en devoir de préparer le contrepoison, tandis que de leur côté nos cinq amis

s’empressèrent de raconter leurs aventures à Yug, Ymmij et Yrrieht, mais en omettant les explications du griffon noir au sujet d’Ynad. Ce n’était peut-être pas le moment de perturber l’Empereur avec ce problème délicat. On verrait plus tard.

Néanmoins Yug fut surpris de constater que le griffon ait accepté de fournir l’ingrédient qui lui était demandé. Il n’a pas fait d’histoires? Interrogea l’Empereur.

-Pas du tout, pourquoi donc aurait-il fait des histoires? Répondit Yttiam.

Mais depuis la conversation qu’ils avaient eue avec le griffon, Yttiam se méfiait de tout le monde dans l’entourage de Yug. Le griffon noir avait expliqué que le véritable traître était un autre chef de guerre. Les chefs de guerre étaient au nombre de sept, dont Ynad, Ymmij et lui-même. Le coupable était-il Ymmij, un autre ami et proche de l’Empereur ou était-il à chercher parmi les quatre autres à savoir Terk, Zmick, Lokan, et Wybrak? Ah non! Yttiam venait de se rappeler que Wybrak, le septième chef de guerre, qui était d’ailleurs le père d’Yram était mort il y avait quelques jours, ce ne pouvait donc être lui… Il n’en restait donc que trois, en admettant que ce ne soit pas Ymmij le coupable…

Une fois la préparation du contre poison terminée, Xavier et ses quatre amis auxquels se joignent Yrrieht, Ymmij ainsi que l’Empereur Yug lui-même, qu’accompagnait une petite armée se dirigèrent vers les lointaines cavernes de glace aux confins de l’Empire. Le mage, le chaman Yorik et la sorcière Mina étaient eux aussi du voyage.

L’aventure risquait d’être ardue, personne en effet n’était jamais descendu au fond des insondables cavernes de glaces dont on ne savait même pas s’il était possible d’y pénétrer. Arrivés sur place après un long et pénible voyage à travers les forêts, les marais, les plaines, le désert et les landes, ponctué de batailles rangées avec les monstres de ces contrées hostiles, Xavier et ses amis parvinrent enfin devant l’énorme crevasse descendant dans les cavernes de glace.

-Il va falloir descendre là dedans! Annonça Xavier. Et ce ne sera pas une mince affaire!

-Il y a sûrement un moyen de descendre là en bas, comme il y avait un moyen de monter sur la montagne. Répondit Yttiam.

-Je vous proposerais bien de descendre tout seul là en bas… Émit Akom.

-Ce ne sera pas la peine, nous avons tout prévu! Annonça Yug. Nous avons amené cinq hélixons, ce sont des oiseaux planeurs qui vont vous amener au fond des cavernes de glaces, là où se trouvent les racines de l’arbre Niala.

Xavier, Yram, Akom, Torwald et Yttiam se juchèrent sur le dos de magnifiques oiseaux au plumage vert et jaune. Les grands oiseaux se laissèrent tomber dans les cavernes de glaces les uns

après les autres, se mirent à planer dans l’immense gouffre et finirent pas atterrir en douceur au fond du trou. Nos amis mirent pied à terre et regardèrent autour d’eux. En levant la tête ils n’apercevaient même plus le bord du gouffre, tant les cavernes de glace étaient profondes. Néanmoins elles étaient magnifiques toutes irisées de bleu pâle, rose orangé, jaune, et semblaient s’enfoncer très profondément sous terre.

-Quelle galerie allons-nous emprunter? Demanda Yttiam à ses compagnons.

-Laisses-nous voir cela d’un peu plus près. Si Ymmij et Yrrieht ont jeté Ynad dans ce trou et si malgré ses blessures il a

pu trouver les racines de l’arbre Niala et y injecter son poison, elles ne doivent pas être bien loin… Répondit Yram.

-Ynad non plus ne doit pas être bien loin. Émit Xavier.

Comme pour lui donner raison un faible gémissement lui répondit. Xavier dirigea sa torche vers la direction d’où venait le bruit et immédiatement aperçu une forme allongée à même le sol.

-Ynad! S’écria Yttiam ému. C’est Ynad! Vite! Il est vivant! Il faut le réchauffer, le sortir d’ici…

-Il est plutôt mal en point. Il faut faire attention à ne pas l’achever en le bougeant. Avertit le chevalier.

-Il ne vivra pas. Songea tristement Xavier.

Yttiam s’agenouilla près du blessé qui gémissait faiblement et lui prit une main qu’Ynad retira aussitôt. Mais Yttiam la reprit, plus fermement. Nous allons te remonter et te soigner, ne t’en fais pas. Tu t’en sortiras… Murmura-t'il à l’oreille de son ami.

-Non, je vais mourir et c’est mieux ainsi. Laisse-moi ici et va-t’en vite! La planète va mourir. Retourne à Mustek, essaye de convaincre Yug d’affréter le plus grand nombre de navettes spatiales possible afin de sauver un maximum de familles avant que l’oxygène ne se raréfie où que les Sazlems attaquent…

Ynad en effet ignorait totalement que ses amis étaient venus jusqu’ici afin d’injecter le contrepoison dans les racines de l’arbre Niala, afin de ramener ce dernier à la vie. Yttiam croyait en l’innocence de son ami, mais voulait en avoir le coeur net.

-Ynad, pourquoi as-tu injecté ta dose de poison dans les racines de l’arbre Niala? Pourquoi as-tu essayé de tuer la planète?

-Les Sazlems! Ils arrivent! Ils sont arrivés par la porte interstellaire! Elle n’est pas refermée contrairement à ce que vous croyez tous! Je n’ai pas réussi à la refermer! Mais parce qu’ils savent que vous croyez qu’elle est refermée, ils arrivent par petits groupes discrets et s’implantent sur Ecylop! Le traître a ouvert une brèche dans la mine et c’est par là qu’ils sortent. A l’heure actuelle il doit y avoir des millions de soldats Sazlems sur Ecylop, dans moins de quelques semaines régnera à nouveau un univers de terreur. Il vaut mieux sacrifier la planète et même ses habitants plutôt que de revivre cela. Mais si tu peux sauver ne fut ce que quelques centaines de familles, fait le, convainc Yug et fais-le, je t’en prie… Puis, fatigué d’avoir trop parlé, Ynad sombra dans l’inconscience.

Alors le griffon avait raison! Ce n’était pas Ynad le traître. Nos amis se regardèrent catastrophés, ayant pleine conscience de la gravité des faits énoncés par Ynad. Pour Xavier et ses amis, Ynad allait bientôt mourir, mais ils tenaient tout de même à le ramener auprès de Yug.

Pendant que Xavier injectait le contrepoison dans la racine de l’arbre Niala qu’il n’avait eu aucun mal à trouver étant donné qu’elle se trouvait à côté d’Ynad, ses amis arrimèrent solidement le chef de guerre à l’un des hélixons sur lequel prit également place Yttiam, afin de le ramener à la surface. A la surface, le résultat du contrepoison ne se fit pas attendre et les branches de l’arbre Niala reprirent vie. Xavier et ses amis remontèrent également à la surface et arrivèrent au moment où Yttiam, aidé par le mage, le chaman et la sorcière avaient posé Ynad le plus confortablement possible dans un chariot tiré par un cheval.

Ynad avait repris conscience mais était beaucoup trop faible pour parler. Yug surveillait l’opération d’un oeil noir mais ne fit aucun commentaire.

Le chaman Yorik essayait de prodiguer des soins à Ynad mais celui-ci s’affaiblissait de plus en plus. Apercevant Yug, il tenta de lui dire quelque chose mais n’en n’eut pas la force et retomba dans son inconscience.

Nos héros se remirent en route vers la capitale.

Chapitre 36

A leur retour à la capitale, c’était la consternation générale: Zmick un autre chef de guerre proche d’Yug à qui ce dernier avait confié les troupes et la sécurité d’Ecylop pendant son absence en avait profité pour prendre le pouvoir en annonçant la mort de Yug… Zmick! Ainsi c’était donc Zmick le traître! Il fut impossible aux cinq amis, à l’empereur, à ses chefs de guerre ainsi qu’à leurs hommes de pénétrer dans Mustek…

-L’empereur Yug a été tué au combat! C’est Zmick qui assure l’intérim en attendant la proclamation d’un nouvel Empereur. Vous n’êtes que des imposteurs! Zmick nous avait prévenu que des Sazlems ayant pris l’apparence de l’Empereur et de sa garde personnelle, tenteraient de pénétrer dans la capitale et de prendre le pouvoir! Gardes! Arrêtez-les et jetez les moi en prison…

La patience n’étant pas la vertu dominante de Yug, celui-ci ordonna à sa garde d’attaquer les soldats. Yttiam reprit automatiquement sa place de chef de guerre aux côtés de son Empereur, tandis que Xavier et ses amis faisaient de leur mieux pour les aider. Mais il fallait faire attention de ne surtout pas blesser les soldats de l’Empereur qui trompés par le misérable Zmick ne reconnaissaient plus les leurs. Heureusement les soldats, pris par surprise n’opposèrent qu’une faible résistance ainsi l’Empereur et sa garde purent sans aucun problème pénétrer dans la capitale.

Prévenu de l’incursion, Zmick l’usurpateur lança Terk, un autre chef de guerre et ses troupes à l’assaut de ce que ce dernier pensait être l’ennemi, à savoir Yug et sa garde. Malheureusement pour Zmick, Terk reconnut immédiatement l’Empereur. Yug! Mon Empereur et mon ami! Mais nous t’avons tous cru mort… Comment Zmick peut-il croire à cette fable grotesque de Sazlem qui se ferait passer pour toi?

Ynad parvint enfin à se redresser.

-Mais c’est Ynad! S’exclama Terk stupéfait. Que fait-il ici? Au fait, avez-vous réussi votre mission et injecté le contrepoison dans les racines de l’arbre Niala? Interrogea Terk, se rappelant

soudain de la raison qui avait motivé le départ de Yug.

-Oui! Nous avons réussi. L’arbre Niala a repris vie. Répondit l’Empereur.

-Mais l’envahisseur Sazlem est présent sur toute la planète! Annonça Ynad.

-Par ta faute espèce de sale traître! Comment oses-tu encore m’adresser la parole maudit scloporte! Répliqua violemment Terk.

-Laisses-le parler Terk! Et toi Yug écoute le. Je sais ce qu’il va te dire et je pense que cela peut t’intéresser.

Ynad se cala dans ses coussins et expliqua à Yug ainsi qu’à Terk qu’en réalité, Zmick n’était qu’un arriviste sans scrupules qui avait fait alliance avec le mage Rawaëll, et un sombre nécromancien nommé Eykoub, que les trois sinistres personnages s’étaient servis d’un puissant sortilège afin de le maintenir sous leur emprise pour le forcer à rouvrir la porte interstellaire de la mine dont il était le seul à connaître le mécanisme. Au moment où il avait été pris par les armées impériales, Ynad ayant recouvré ses esprits et vaincu le sortilège dont Zmick le tenait captif essayait tout simplement de refermer la porte interstellaire pour empêcher les ennemis de continuer à envahir Ecylop. Malheureusement il n’avait pas pu aller jusqu’au bout de son travail et le chef de guerre qui menait l’opération n’était autre que Zmick, qui avait laissé croire à l’Empereur que la porte était refermée dans la mine. Mais non seulement elle était ouverte, mais Zmick s’était arrangé pour creuser une brèche dans la roche, de même qu’il s’était arrangé avec les Sazlems pour qu’ils n’envahissent pas la planète d’un seul coup, mais par vagues successives afin de ne pas attirer l’attention. Ce qui faisait qu’aujourd’hui, ils devaient être très nombreux sur Ecylop…

Terk comprit le subterfuge et Yug resta interdit, incapable de réagir devant pareille noirceur. Yttiam et Terk s’en allèrent avertir Lokan de la trahison de Zmick, pendant qu’Ymmij et Yrrieht restèrent en protection autour de leur empereur. Lokan fut également écoeuré et scandalisé par la trahison de Zmick, mais pas tellement surpris au fond. Il n’avait jamais vraiment aimé Zmick, qu’il jugeait cruel, fourbe et imbu de son pouvoir.

Tous les chefs de guerre retournèrent leurs armées contre Zmick. Ce dernier fut obligé de fuir seul, car tous l’avaient abandonné… Le traître parvint à s’enfuir jusque dans les marais bouillonnants, poursuivi par Xavier, Yram, Yttiam, Akom, le chevalier Torwald ainsi que par Yrrieht et Ymmij qui entendent bien lui faire payer le prix de sa trahison et du calvaire infligé par sa faute au malheureux Ynad.

Zmick était fini! Il s’enlisait dans les marais, il appelait au secours mais chacun se gardait bien de lui venir en aide et le monstre bouillonnant des marais sorte d’énorme méduse velue, apparut soudain et n’en fit qu’une bouchée. Par mesure de sécurité Xavier lança une dizaine de bombes incendiaires dans les marais et le monstre des marais, dernier Boss du jeu termina sa carrière dans une explosion démentielle tandis que Xavier s’en retourna vers Mustek avec ses amis.

Chapitre 37

Nos héros revinrent à Mustek où Yug était en train de préparer ses armées pour jeter l’envahisseur Sazlem dehors, ce qui risquait fort de ne pas être facile. Yttiam, le plus fin stratège de tout l’empire vint l’aider à mettre son plan d’attaque au point.

Ynad était à l’hôpital où il se remettait doucement et contre toute attente de ses blessures, Xavier lui ayant fait boire le reste de sa fiole contenant le venin du serpent guérisseur. Venin dont le reptile lui avait donné plus qu’il ne le fallait. Et pour compléter le tout, le jeune garçon avait essayé une recette inédite dans un jeu de rôles, celle de faire boire de la potion de vie à un héros secondaire du jeu… Cela n’aurait pas du marcher, mais pour la morale il fallait qu’Ynad vive…

Les troupes impériales se mirent en marche vers Manek, l’endroit où était posté le gros des forces Sazlem qui étaient en train d’organiser leur attaque mais qui heureusement furent pris de court par les armées impériales car ils ne s’attendaient pas à cette fin de Zmick, ni au retour de l’Empereur Yug. Les armées impériales prirent vite le dessus sur les soldats Sazlems qui furent obligés de s’enfuir par la porte intersidérale, qu’Ynad assez fort maintenant pour tenir debout parvint à reboucher définitivement.

La mine fût définitivement condamnée et bouchée par un sortilège très puissant lancé par le chaman Yorik, la sorcière Mina, et le mage qui chacun emportèrent l’un des trois artefacts afin de l’enfouir dans un lieu connu d’eux seuls. Plus personne ne parviendrait jamais à rouvrir la porte intersidérale.

Chapitre 38

Xavier et ses amis, accompagnant les armées de Yug sur le chemin de la victoire s’en retournèrent tous, une fois la guerre terminée à la capitale Mustek où ils fêtèrent avec Yug et Ynad,

complètement remis sur pieds, leur victoire sur les forces ennemies.

Akom, le jeune Scilf fût adopté par Yrrieht qui s’était pris d’affection pour lui et qui projetait d’en faire un membre actif des F.L.I.C.S.

Yttiam, le mercenaire reprit ses fonctions de chef de guerre au sein des troupes régulières de Yug, de même qu’Ynad retrouverait son commandement d’ici quelques semaines lorsqu’il aurait goûté à un repos bien mérité.

Quant à Yram, elle avait décidé qu’elle ne retournerait pas au village de Facom en compagnie du Chaman Yorik, ainsi qu’il avait pourtant été initialement prévu. La jeune fille refusait de reprendre la vie qui était la sienne jusqu’à ce que débute cette aventure, et de se retrouver dans le rôle d’une jeune fille de bonne famille, fille adoptive et pupille d’un notable de village, alors qu’en elle bouillonnait le sang de Wybrak, le chef de guerre tué par les Sazlems et dont elle rêvait de prendre la place. Elle resterait à Mustek que Yug veuille d’elle ou non, sa décision était prise.

Dans la chambre qui lui avait été attribuée au palais impérial, la jeune fille écrasa furtivement une larme. Elle était désespérée à l’idée de quitter Xavier pour qui elle s’est prise d’affection plus qu’elle ne l’aurait voulu durant cette aventure et ce malgré le fait qu’elle ne cessait d’ironiser sur lui et de le mettre en boîte, simplement pour le plaisir de le faire mousser car elle avait rapidement percé sa susceptibilité à jour. Et peut être aussi un peu pour éviter que le garçon trop clairvoyant ne perce son amour pour lui à jour…

Xavier allait partir et elle le savait, comme elle savait qu’elle ne le reverrait jamais. Elle ignorait qu’il venait du monde réel. Elle ne savait même pas qu’il existait un monde réel et qu’en réalité Ecylop n’existait pas, mais ce qu’elle savait c’est que Xavier n’était pas d’ici…

La jeune fille redescendit dans la grande salle pour dire adieu au chevalier squelette, Torwald que venait chercher Temporus, le maître du Temps et discrètement, sans même qu’il ne s’en aperçoive, Yram glissa dans la poche de Xavier l’émeraude du roi des Scilf qu’elle avait retiré du mausolée une fois que le château avait été définitivement englouti dans les eaux de l’océan. Xavier fit également ses adieux au chevalier squelette, lui aussi était un peu plus ému qu’il n’aurait voulu se l’avouer, néanmoins un point crucial le tracassait: quand et comment allait-il rentrer chez lui?

Chapitre 39

Soudain tout se brouilla devant les yeux de Xavier, comme un kaléidoscope en folie. La grande salle du château bascula, les images et les lumières se mélangèrent, les sons également. Xavier ne vit plus Yug ni les autres, il n’entendit plus rien, rien que la voix de Temporus, le maître du temps qui lui dit qu’il était désormais l’heure de retourner chez ses parents car ils n’allaient pas tarder à s’éveiller…

La porte du living s’ouvrit avec fracas, Florent entra en coup de vent et lui annonça que le petit déjeuner était prêt, que lui avait déjà mangé ses corn flakes, et qu’il devrait lui céder la place, depuis le temps qu’il était en train de jouer… Xavier émergea péniblement de son sommeil. Il s’assit sur son fauteuil pour constater que la télévision était allumée, son jeu The Quest of Niala, était branché.

Il se mit à rire tout seul : ce n’était qu’un rêve. Et quel rêve! Lui qui se targuait de ne jamais en faire avait été servi cette fois-ci. Mais néanmoins ce rêve lui laissait une curieuse impression d’abandon et de solitude que jamais il n’avait ressentie : Yram et ses sarcasmes qui avaient le don de le mettre hors de lui, lui manquaient déjà, on eût dit qu’il avait côtoyé la jeune fille durant des semaines entières.

Xavier s'extirpa de son fauteuil. Par la porte-fenêtre du living il pouvait constater que le petit déjeuner était servi et que toute la famille était déjà levée. Le jeune garçon sortit sur la terrasse.

Personne apparemment ne semblait s'être aperçu de sa disparition. Lætitia était comme à son habitude, déjà dans la piscine, tandis que Séverine et Rodolphe étaient en train de déjeuner à l'ombre du vieux platane. En l'apercevant, son chat Tifauve qui prenait le soleil sur le muret menant au verger bondit vers lui et se mit à se frotter contre ses jambes pour lui dire bonjour. Zorra et Tucky les deux Galgos paraissaient au soleil comme à leur habitude. Kurt, le Fox sa mère lui fit la fête pendant quelques instants avant de retourner jouer avec Croquette et Biscotte les deux chattes de la maison. Xavier s’assit à table et grignota du bout des dents les croissants frais, pourtant délicieux et feuilletés à souhait que sa mère venait de poser devant lui après lui avoir demandé s'il avait bien dormi.

La vie normale reprenait ses droits.

Chapitre 40

Dans les jours qui suivent le jeune garçon se surprit à dessiner dans les marges de ses cahiers, dans son classeur, etc, des visages de mangas, des visages qui étrangement ressemblaient à celui d’Yram, de grands yeux verts, un petit nez retroussé… Xavier traînait en lui un vide qu’il ne pouvait expliquer.

A la fin de la semaine, sa mère lui demanda comme chaque vendredi de bien vouloir rassembler ses affaires sales afin qu’elle puisse faire tourner une machine à laver. Il entreprit de vider les poches de ses pantalons afin de ne pas risquer que sa mère lave sa carte d’identité ou encore comme l’autre jour, le numéro de téléphone de son ami Bilal. En fouillant dans les poches du pantalon qu’il portait le week end dernier, le jeune garçon sentit quelque chose de dur. Intrigué, il sortit l’objet et stupéfait réalisait qu’il s’agissait d’une émeraude taillée sur laquelle était gravée un visage simiesque, lui rappelant tout à coup Akom.

Cette magnifique pierre n’était autre que l’émeraude gravée du roi des Scilf…

Malemort du Comtat, le 8 mai 2001

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :